Des politiques culturelles plus inclusives, c’est ce que plaide des artistes comme Mohamed Amine Cissé, une figure des OFF de cette 15e Biennale de Dakar. Il s’exprimait en marge d’un panel organisé dans le cadre de Dak’Art, dénommé « Des mots & Débats.
Par Dieynaba TANDIANG
Mouhamed Mohamed Amine Cissé, consultant et curateur, a appelé mercredi l’Etat à avoir des politiques culturelles populistes fortes qui parlent au grand nombre. Selon lui, il y a une conception qui veut que l’art soit élitiste. « Des initiatives comme la biennale est l’exemple parfait de politique culturelle populiste. Pour lui, un événement pareil gagnerait à être sur toute l’étendue du territoire. « C’est une occasion de réunir toute la population autour d’un évènement à l’image de la CAN », indique M. Cissé. Mouhamed Amine Cissé s’exprimait en marge d’un panel intitulé « Des mots & Débats », une série de conversations initiée dans le cadre de 15e biennale de Dakar a réuni, dans le cadre du OFF. Cette rencontre a réuni deux voix de la scène artistique, notamment Tiziana Manfredi, artiste visuelle et lui, Mohamed Amine Cissé, consultant & curateur. Pour cette première, le thème retenu est : « Identités plurielles : quels ponts peuvent créer/ l’art contemporain ? ».
A ce propos, cet acteur du paysage artistique déclare « qu’on peut créer les ponts, il ne faut pas arrêter de croire qu’on peut faire bouger les choses et qu’on peut faire aller dans le bon sens le dialogue culturel et que toutes les cultures du monde se valent ». Selon lui, il faut qu’on refuse de se laisser inhiber par tout ce qu’i y a de moche dans ce monde.
Pour sa part, la vidéo artiste, Tiziana Manfredi, a partagé, à travers une vidéo, une expérience individuelle pour créer ce à travers l’art. Selon elle, « une expérience individuelle peut devenir collective du moment qu’il y a quelque chose que la personne ressent en tant qu’émotion ». « C’est l’intention que je mets dans le partage de mes vidéos, de mes installations et cette image-là personnellement, m’avait énormément touché. C’est une image du réveil ». En arrivant à Dakar il y a 15 ans, confie-t-elle, Taziana Manfredi n’avait pas d’attentes dans ce premier atterrissage dans la capitale sénégalaise. « Parce que je ne connaissais pas du tout la ville. Dakar est arrivée par hasard (…) La toute première image c’est une image de simplicité d’un geste quotidien, d’un paysage qui était encadré par un objet décoratif qui est un mouchard habillé qui est dans l’architecture sénégalaise et arable ; on le trouve partout et tous ces éléments ont composé devant mes yeux quelque chose qui ressemblait à une poésie. Au moment où j’ai ressenti ça, c’était de l’émotion. Et, c’est le même type de mouvement que je voudrais provoquer d’un petit regard dans une image. Donc, c’est quelque chose qui est individuelle et intime, le moment qui est partagé peut-être vu et écouté par plusieurs personnes et c’est là où le dialogue se fait dans la langue qui n’est pas la même », explique-t-elle.
« Des mots & Débats » envisage de réunir les artistes, entrepreneurs, activistes et penseurs autour du vivre-ensemble et de la manière de re-faire lien dans des sociétés fragmentées. Il s’agit de voir comment recréer un socle commun et inclusif autour des notions de paix, de justice climatique et d’économie solidaire. Ensemble, nous allons imaginer, autour de l’art et de la culture, comment éviter le fantasme morbide du face-à-face afro-européen pour imaginer un espace commun d’innovation et d’invention de solutions pour une humanité apaisée, résiliente et prospère.