BABACAR MBAYE NGARAF SUR LA SUSPENSION DES TRAVAUX DE CONSTRUCTION : « C’est une entorse à la création d’emploi promise à la jeunesse »
M. Babacar Mbaye Ngaraf, Président de l’Alliance Sauver le Sénégal (ASS), porte-parole du mouvement « Takhaw tem AAR Sa gokh » Guédiawaye et Secrétaire Général du syndicat (organisation des Instituteurs du Sénégal (O. I. S), dans un entretien accordé à Lii Quotidien, estime que des constructions très éloignées du Domaine Public maritime sont arrêtées. Ce qui selon lui constitue une entorse à la création d’emploi promise à la jeunesse. Il en appelle au directeur de la DSCOS et au directeur Général des impôts et Domaines, à défaut d’une révision de leurs mesures, d’exempter les lotissements hors domaine maritime. Selon le président de l’ASS, le déclassement de la bande des filaos est une réponse à une demande sociale très forte des populations. Il précise que la lutte contre les inondations implique des actions pré hivernales pour faciliter la circulation des eaux de pluies.
Propos recueillis par Massaër DIA
Lii Quotidien : Aujourd’hui, l’hivernage s’installe à grands pas, pouvez-vous nous dire quelle est la situation en Banlieue ?
Babacar Mbaye Ngaraf : Nous avions des inquiétudes eu égards aux retards constatés dans l’effectivité des opérations pré hivernales. Toutefois avec l’opération « waadial nawèt » lancée par le Président de la République et la mobilisation qui s’en est suivie, on est un peu rassuré car l’activité renseigne sur deux choses : la préoccupation du chef de l’Etat du sort des populations des zones inondées et la capacité des sénégalais à se mobiliser pour amoindrir les risques d’inondations.
Vous le savez bien. La lutte contre les inondations implique des actions pré hivernales pour faciliter la circulation des eaux de pluies. On peut en citer Ecrêtage des bassins, Curage des caniveaux déblaiement des passages naturels des eaux.
Par contre on est très peiné d’entendre parler encore d’inondations au Sénégal au regard des importantes sommes d’argent dépensées depuis bientôt une vingtaine d’années avec tous ces plans « Jaaxay, Plan décennal »
Les inondations ne sont pas une fatalité. Nous avons vu des pays voisins qui en souffraient dans des proportions plus importantes que chez nous ; pays qui aujourd’hui ont réussi à en faire de vieux souvenirs. Il nous faut juste de la volonté politique sincère et un courage serein.
Les inondations, au sens sénégalais du terme en tout cas, peuvent être définies comme l’impossibilité d’une cohabitation paisible entre l’homme et les eaux de pluie. A partir de ce moment, il faut déplacer :
Soit les eaux, c’est l’assainissement, très possible au regard de ces pays moins nantis que le nôtre qui l’ont réussi ; Soit les hommes : C’est alors le déguerpissement. Les gens ne rejettent pas une telle option. Seulement à ce niveau, les premières expériences ne rassurent pas.
Depuis 2005, il y a des familles, plus précisément trois cent quatre vingt six (386) qui courent encore derrière leur recasement. Elles ont été déguerpies dans les zones inondées de leurs habitations qui ont servi d’assiette pour construire des bassins de rétention ou des canaux de drainage. De propriétaires de maisons, elles sont passées à « Sans Domicile Fixe » et bientôt à « Sans abris », si l’Etat ne vole pas vite à leurs secours.
J’en profite pour lancer un appel, un cri de cœur au Président de la République et au Premier Ministre et au Ministre pour une prise en charge sérieuse et sans délai de ce cas.
Il est beaucoup question du littoral, surtout le littoral de Guédiawaye, on a assisté à une déforestation pour construire des maisons. Aujourd’hui c’est quoi exactement le problème ?
Le déclassement de la bande des filaos est une réponse à une demande sociale très forte des populations mobilisées pour l’extension de l’assiette foncière de Guédiawaye afin de pouvoir : bénéficier d’équipements et infrastructures indispensables à toute ville du troisième millénaire et renforcer l’accès à l’habitat au profit des familles de Guédiawaye en priorité.
Tout ceci avec la préoccupation intransigeante de régénérer la bande des filaos, qui, il faut le reconnaître, morte depuis des années, elle avait fini de céder la place à des dépotoirs sauvages d’ordures et des niches de retrait et de refuge aux malfrats.
Aujourd’hui, ce déclassement nous a permis d’avoir en termes d’équipements et infrastructures une école élémentaire, un CEM, un lycée scientifique, un centre formation professionnelle, une université islamique, un centre de santé, une maison de la femme, une maison de la jeunesse et de la citoyenneté, une maison des handicapés, une maison des personnes du troisième âge, un tribunal de grande instance, un centre commercial, un marché moderne, un cimetière musulman, un cimetière chrétien, plus une chapelle, un parc artisanal, une maison communautaire Keur Serigne, un centre socioculturel, un terrain multifonctionnel, un terrain multisport, des aires de jeux et d’activités physiques, deux sous-préfectures, un service départemental de l’urbanisme, un service départemental des eaux et forêts, une brigade DSCOS, une gare de péage pour l’autoroute Dakar Saint Louis, un centre contrôle de contrôle du BRT, des espaces verts , une zone d’activités économiques et commerciales, des espaces verts mais aussi et surtout 19,5 hectares de zones à reboiser pour une bande de filaos digne de ce nom.
En termes d’habitat : les 43, 92% ont profité à plusieurs centaines de nos populations dont les trois cent soixante seize (376) conseillers que compte Guédiawaye, des autorités coutumières, religieuses et même des citoyens lamda qui en avaient fait la demande.
Maintenant ce qui se passe, c’est qu’il y a quelques personnes qui n’ont pas demandé, qui n’en ont pas bénéficié et qui crient au scandale. Pour nous le combat, c’est l’identification des lots et le parachèvement des titres de propriété, la réhabilitation de la ville de Guédiawaye maître d’ouvrage du P.U.D, la mise en valeur des équipements, la révision des assiettes de plusieurs hectares affectés gratuitement et individuellement à de gros bonnets en lieu place de plusieurs familles.
Ces derniers temps on vous voit beaucoup sur le terrain syndical enseignant, peut-on connaître la raison ?
Mon engagement syndical ne date pas d’aujourd’hui. Je suis dans la lutte depuis plus vingt ans Seulement je viens d’être élu Secrétaire général de l’O.I. S par le Congrès du 30 décembre passé en remplacement de M Hamidou Ba, qui a épuisé ses deux mandats. Mon équipe et moi mouillons le maillot pour ne pas faire moins que nos prédécesseurs à savoir Youssou Touré et Hamidou Ba. C’est pourquoi nous ne ménageons aucun effort pour mobiliser les enseignants surtout de l’élémentaire pour mettre fin aux nombreuses injustices et discriminations que vit l’école élémentaire.
Comment appréciez-vous les mesures prises par les nouvelles autorités pour arrêter la construction sur le littoral?
Le Premier ministre a, par arrêté 006632 du 13 Mai 2024, demandé la suspension des travaux de construction sur le domaine public maritime. Une extrapolation dans l’application dudit arrêté est malheureusement en train de faire du tort et des victimes inutilement. Des gens en règle voient leurs constructions très éloignées du Domaine Public maritime, arrêtées.
Prenons les exemples de la Cité des Magistrats, le lotissement dit Yeumbeul Nord Prés Gadaye, le site de recasement des impactés du B.R.T., VDN 2 et VDN 3, tous bénéficiaires de décrets de déclassement et d’autorisations de lotir entre les années 2016 et 2019 bien avant le PUD qui ne date que de 2023. Au delà du préjudice fait au propriétaire du chantier qui voit ses matériaux gâtés ou volés, vous imaginez la situation de ces nombreux ouvriers maçons, mouleurs, ferrailleurs, plombiers. Électriciens, carreleurs, envoyés brusquement au chômage. C’est une entorse à la création d’emploi promise à la jeunesse et une bombe contre la philosophie du « Dor Waar ».
Voilà quelques raisons qui nous fondent à solliciter du Directeur de la DSCOS et du Directeur Général des impôts et Domaines, à défaut d’une révision de leurs mesures, d’exempter les lotissements cités plus haut.
Quelle est votre appréciation sur le nouveau régime ?
Il est très tôt pour le juger, si ce n’est par rapport aux engagements pris pour accéder au pouvoir et les actes posés une fois au pouvoir. Le prix fort payé par les sénégalais surtout la jeunesse ne doit pas être monnayé par la prébende et la sinécure. Le Sénégal ne peut pas se faire en dix ans mais mettons le au moins sur les rails du développement par : la mobilisation de tous au service exclusif de la Nation ; la libération de la Justice ; la rationalisation des dépenses de l’Etat et la bonne gouvernance sur nos ressources.
Ceci ne peut pas être l’affaire d’un seul homme ni d’un groupe d’hommes, même d’une coalition de groupe d’hommes. C’est le devoir de tous les sénégalais de se mettre au travail pour développer notre pays plus et mieux que ceux qui ont précédé notre génération, il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître, nous ont servi du mieux qu’ils ont pu.