Le Président Diomaye a lancé un appel à l’action pour la réforme de la gouvernance financière. Il s’est exprimé lors de la 4e conférence Internationale pour le financement du développement.
Par Ibrahima DIOP
« Afficher nos ambitions ne suffit pas ! », a affirmé le Président de la République du Sénégal à l’occasion de la 4e Conférence Internationale pour le Financement du Développement à Séville en Espagne. Selon Bassirou Diomaye Faye, avancer sur le chemin du développement durable et solidaire requiert de l’action. Pour lui, il faut d’abord une réforme de la gouvernance économique et financière mondiale afin de corriger les déséquilibres systémiques hérités du passé, et qui continuent d’entraver « nos efforts internes » de développement.
Raison pour laquelle, déclare le Chef de l’Etat sénégalais, le Sénégal soutient l’appel du Document final de Séville pour une gouvernance économique mondiale plus « inclusive » et plus « équitable », y compris par une participation plus conséquente des pays du sud dans le processus décisionnel des institutions de Bretton Woods, notamment le FMI et la Banque mondiale.
Selon M. Faye, il est impératif de poursuivre le travail de réforme de la fiscalité internationale pour lutter plus efficacement contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites, renforcer la transparence et s’assurer que l’impôt soit acquitté là où la richesse est créée, c’est-à-dire dans les pays où les compagnies mènent leurs activités et tirent leurs profits. « A ce propos, le Sénégal soutient les négociations en cours pour l’adoption d’une Convention-cadre internationale sur la coopération fiscale », a-t-il fait savoir.
L’autre levier sur lequel il faut agir, d’après Diomaye, c’est la dette. « La question de la dette revêt pour nous une priorité élevée en raison de l’impact écrasant du poids de la dette sur nos économies. Le Sénégal appelle à une révision des critères de notation des agences d’évaluation dont les méthodes et les pratiques renchérissent considérablement les conditions d’accès au crédit et de remboursement. Il nous faut convenir de mécanismes de restructuration plus justes, plus diligentes et plus prévisibles, avec des clauses de suspension automatique en cas de choc », a plaidé le Président.
Ce dernier estime, en outre, que les programmes de financement doivent obéir aux besoins spécifiques des pays les plus vulnérables, notamment africains, les PMA, les Petits Etats Insulaires en Développement et des pays à revenu intermédiaire. En effet, dit-il, le Sénégal appuie l’appel pour le renforcement des mécanismes de financements privés à travers des instruments innovants, tout en assurant une régulation efficace pour éviter le « greenwashing » ou « écoblanchiment » et garantir un impact réel sur les ODD. Il ajoute que les pays africains ont également besoin d’accéder à des ressources concessionnelles et mixtes conséquentes pour financer les secteurs indispensables à leur développement, y compris les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) dont le système d’allocation devrait être amélioré pour plus d’équité.
Pour le Chef de l’Etat sénégalais, « le nouvel ordre mondial auquel nous aspirons ne pourra voir le jour que si l’humain et l’humanité occupent véritablement le cœur des relations internationales ». « Cela exige de faire de certaines priorités des leviers d’action incontournables : l’investissement dans l’éducation, l’accès à la santé, le renforcement des systèmes de protection sociale, une transition climatique juste et équitable, l’autonomisation des femmes et des jeunes », soutient-il, tout en restant optimiste quant à la réalisation des ambitions de Séville.
« Réaliser ce projet est à notre portée, si nous nous engageons à construire ensemble un modèle de financement du développement fondé sur la solidarité, l’inclusion et la résilience. Avec sa feuille de route claire et ambitieuse, l’Engagement de Séville pour l’action nous offre cette opportunité. Il nous revient de la saisir et d’en assurer la mise en œuvre solidaire, avec constance, détermination et responsabilité », a laissé entendre le Président Bassirou Diomaye Faye.