Invité de la 2Stv, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Malick Sall, est largement revenu sur la tournée économique du chef de l’Etat, sur son entrée en politique, sur les modifications du Code pénal et du Code de procédure pénale, pour ne citer que cela. Il estime qu’il va accompagner le Chef de l’Etat aussi longtemps que ce dernier sera debout.

Entrée en politique

«La politique, j’ai toujours dit non. Je tenais à ma liberté. Mon premier appartement dans le 16éme arrondissement de Paris, je l’ai eu en novembre 1997. En 2012, le professeur Ibrahima Fall m’avait sollicité parce qu’il pensait que j’avais le relationnel pour lever les fonds et j’ai accepté.

J’ai cheminé avec eux pendant cette campagne-là… Le Président Macky Sall, je l’ai vu à l’œuvre. J’ai vu ce qu’il faisait de façon concrète quand il était Premier ministre du Président  Abdoulaye Wade. Abdoulaye Wade, lui-même a dit qu’il (Macky Sall, Ndlr) était le meilleur, parce qu’il a réussi à mettre en œuvre ses projets.

Et je l’ai regardé et j’ai dit : ‘’voilà quelqu’un qui est en train de se donner à fond pour sortir ce pays d’une certaine misère et pour le mettre à niveau’’. J’avais constaté une certaine injustice à son égard ; il travaillait comme personne et il est critiqué de partout et sur des bases subjectives. Je me suis investi dans les parrainages, je n’ai pas demandé la permission de qui que ce soit. J’ai monté des équipes un peu partout.

(…) Je suis venu pour soutenir Macky Sall parce qu’il fait du bon boulot. Et je vais l’accompagner aussi longtemps qu’il sera debout. Je lui ai dit : ‘’aussi longtemps que vous serez debout, si vous regardez à votre droite, vous me verrez. Je n’ai pas d’autre ambition’’. Le jour où il se retirera, je me retirerai».

Tournée économique du Chef de l’Etat

«Le chef de l’Etat est parti inaugurer des infrastructures qu’il a réussi à mettre en place. Il n’est pas donné à tout chef de l’Etat d’aller faire le tour s’il n’a rien à inaugurer. Non seulement il est parti inaugurer, mais il est parti en même temps montrer que  ce qu’il a fait n’est pas suffisant.

Il a eu à poser les premières pierres un peu partout. Donc honnêtement, c’est pour ça que j’ai dit que c’est économique. Et c’est pour aussi prouver que le Chef de l’Etat a quand même fait beaucoup de choses, en tout cas au Fouta. Et pas seulement. On voit ce qui se fait en Casamance, le Pont de la Casamance, de la Gambie…

A Matam, il a tenu à organiser le Conseil présidentiel. Il est arrivé le lundi, le mardi il a organisé un Conseil, présidentiel. Avec autour de lui tous les acteurs économiques du département ainsi que les autorités,  préfets et sous-préfets… Il y avait des engagements qui avaient été pris.

Il voulait également vérifier l’état de réalisations de ces engagements. Il a réalisé 150% de ce qui était programmé. Donc, il y a eu d’abord le bilan, c’est à dire montrer qu’effectivement les engagements qui avaient été faits lors du précédent Conseil présidentiel ont été réalisés. Les gens ont posé leurs problèmes parce que la région a changé. Dès l’instant que nous avons de très bonnes routes, nous avons l’électricité, l’eau.

Le département est désenclavé aussi bien par les routes que par le fleuve. Vous savez très bien qu’à travers l’Omvs, ce fleuve du Sénégal sera navigable au-delà de notre région. On a posé la réhabilitation de l’aéroport Ourossogui, ce qui fait que dans quelques mois, même Air Sénégal pourra se poser à Ourossogui. Vous savez, quand on amène quelque part l’eau et l’électricité, on change la vie des gens.

Il a de l’ambition. Et l’ambition, c’est avec les moyens existants, sans oublier qu’il y a quand même la nature qui a joué contre nous. Il a réalisé à 150% pour Matam. Matam s’est connecté au monde, ce qui fait désormais qu’on peut y implanter des industries, faire de  l’agriculture moderne. Cette journée a été programmée depuis novembre et au moment où on avait pris toutes les dispositions, la pandémie est arrivée. Un président qui ne sait pas saisir les opportunités, n’ira pas loin».

«Fouta Tampi»

«C’est du chagrin. Nous, on est toujours derrière le Président, et à fond. ‘’Tampi’’, c’est qu’on est fatigué. Ce qu’on demande à Dieu, c’est d’être plus ‘’tampi’’ ; cela prouvait qu’on donne les moyens de porter notre Fouta à l’émergence. Fouta département est moins peuplé que Guédiawaye.

Au niveau population, ça compte mais en termes de calcul ce n’est pas évident. Il y a plus de ‘’Foutanké’’ à Dakar, à Ziguinchor qu’au Fouta. Le Fouta, il est physiquement, mentalement collé au président de la République. Et j’avais dit au Président avant qu’on ne parte : ‘’Monsieur le Président, vous allez recevoir cette fois-ci un accueil que vous n’avez jamais reçu ; parce que tout simplement, on ne peut pas recevoir quelqu’un avec des chevaux quand il vient pour la première fois et qu’il n’a rien montré sauf s’il est des vôtres.

Que ce même Président revienne après 10 ans, après tout ce qu’il a fait et qu’on se contente des chevaux, non ! Il faut qu’on sorte les chameaux. Et c’est ce qui a été fait. Il y a une révolution sociologique extrêmement importante au Fouta. S’il y a des brassards rouges ici, c’est heureux qu’il en soit ainsi parce que le Fouta fait partie du Sénégal. Tous ceux qui ont accompagné le président l’ont vu, le Fouta était derrière son fils prodigue».

 

Modification du Code Pénal

 

«Le vendredi, quand j’étais à l’Assemblée, et que j’ai pris la parole, j’ai dit que le code pénal est rébarbatif. Cette disposition, je ne l’ai pas vue parce que pour connaître un texte, il faut avoir une affaire qui vous amène à aller revoir ce texte. Donc 90% des gens ne connaissaient pas ce texte-là. En vérité, ce texte, le père de ce texte, c’est le Président Abdoulaye Wade. Si vous vous souvenez, je pense que Gadio (Cheikh Tidiane, Ndlr) l’a expliqué ; il était ministre des Affaires étrangères. On avait organisé ici un atelier sur le terrorisme.

Et c’est pour dire qu’Abdoulaye Wade a fait preuve d’anticipation, ce qui était un bon point. Ce texte date de 2007. Abdoulaye Wade était président de la République et Macky Sall Premier ministre. Et dans ce texte, l’article décrié  279 alinéa,  dit que les manifestations qui portent atteinte à l’ordre public peuvent être qualifiés de terrorisme. Dans ce texte, c’était ça qui était dit. Et pourtant, c’est passé. En 2016, quand Macky Sall est devenu président, il a revisité le texte et là où on avait dit ‘’atteinte à l’ordre public’’, il a complété ‘’atteinte gravement’’».

 

Affaire Adji Sarr

 

«Je ne suis pas un juge mais je peux vous assurer que la Chancellerie ou l’Exécutif ne fera rien pour apprécier ou même bloquer ce dossier. Pour moi, c’est un dossier important comme tous les dossiers ; il oppose deux sénégalais. La dame estime qu’elle a fait l’objet de viol, l’autre qui nie. Le juge est saisi. Le juge a inculpé parce qu’il était obligé d’inculper puisqu’il y a un Pv. Il y a des éléments qui ont permis au juge d’inculper.

Mais, normalement, s’agissant d’une personne majeure, la victime étant majeure, si, elle dit quelque chose, l’autre a le droit de contester. Donc vouloir le mettre en mandat de dépôt était inconvenant parce que tout simplement, dans des cas comme ça, le juge a besoin d’enquêter ou de procéder à des expertises, interroger des gens. Donc, rien ne justifie dans ce cas qu’on mette la personne sous mandat de dépôt. Et le juge a pris la bonne décision en inculpant et en mettant sous contrôle judiciaire, le temps que l’enquête se poursuive.

Pour une mineure, le mandat de dépôt est systématique parce qu’il n’y a pas de consentement. Donc, il appartient au juge de faire des enquêtes. Et maintenant il arrivera un moment où il estimera que la victime a raison et qu’il y a des éléments qui le prouvent. En ce moment, il envoie la personne en jugement. Dans ce cas, il y a de forte chance que la personne soit en prison. Ou le juge  estime que l’accusation n’est pas établie et qu’il y a rien qui puisse justifier la détention. Alors il prend une ordonnance non-lieu. Nous veillerons à ce que les choses soient faites dans les règles de l’art».