Au Sénégal, le phénomène de la mendicité et l’errance des enfants font partie des défis qui ternissent l’image des Daaras. C’est pourquoi, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, mise sur des assises nationales des Daaras pour corriger cet impair.
Par Idrissa NIASSY
À travers les siècles, les Daaras ont su jouer, avec application et humilité, un rôle central dans la vision éducative contemporaine du Sénégal. Depuis quelques années, des défis liés à la mendicité, à l’errance des enfants ont terni parfois l’image des Daaras et leur noble vocation. Pour corriger cette déviance par rapport à l’esprit originel des Daaras, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye a décidé d’organiser les premières assises nationales des Daaras afin de concevoir une nouvelle approche « ambitieuse » et « inclusive » pour en assurer la pérennité et l’éloignement.
« Il est de notre devoir collectif d’agir pour que chaque enfant inscrit dans un Daara puisse apprendre et s’épanouir dans la dignité », a-t-il déclaré. « Face aux défis et aux opportunités qu’offrent les Dara, il est urgent de concevoir une nouvelle approche ambitieuse », ajoute-t-il. Le chef de l’État présidait hier la Journée nationale des Daaras au Grand Théâtre national de Dakar. Ces assises qui réuniront tous les acteurs concernés, éducateurs, décideurs politiques, familles religieuses, partenaires techniques et financiers auront pour mission de réfléchir à une refonte en profondeur du système des Daaras. Il s’agira également, dans le cadre de ces assises, de repenser leur place dans le système éducatif national afin de garantir une équité totale entre tous les enfants sénégalais, quelle que soit leur voie éducative. Deuxièmement, ces assises permettront de diversifier le contenu pédagogique en introduisant des disciplines modernes telles que les mathématiques, les sciences, les langues étrangères et les compétences techniques pour préparer les jeunes à un monde en constante évolution. « Nous nous engageons solennellement à soutenir leur modernisation et à intégrer pleinement et entièrement les Daaras dans le système éducatif sénégalais, tout en préservant leur singularité et leur richesse intrinsèque », a-t-il fait valoir.
D’après le Président de la République, si aujourd’hui, les Daras rayonnent par la noblesse de leur mission, c’est grâce, en grande partie, à celles et ceux qui les portent au quotidien. C’est pourquoi, il a tenu à saluer « avec une déférence qui s’impose » les « Borome Dara», « ces éducateurs hors pair, véritables artisans du savoir et de la vertu ». « Par leur dévouement, souvent dans des conditions difficiles, ils inculquent aux jeunes, aux jeunes générations des principes de foi, de discipline, de respect, d’humilité qui constituent le socle de leur épanouissement», s’est-il félicité. Mais, ils ne sont pas seuls, car, à leur côté, les « Ndeyu Daara » jouent un rôle tout aussi fondamental. « Ces mères courageuses et généreuses, souvent dans l’ombre, assurent le soutien logistique et moral indispensable à la vie des Daaras. Leur engagement quotidien, qu’il s’agisse de préparer les repas, d’entretenir les liens ou de subvenir aux besoins des enfants, mérite toute notre admiration. Que ces femmes soient assurées de notre reconnaissance et de notre soutien dans leurs efforts constants au service de l’éducation et de la solidarité », ajoute-t-il.
Troisièmement, il s’agit de créer un cadre institutionnel et financier stable pour soutenir les Daaras. Le Chef de l’Etat a profité de cette occasion pour faire savoir que cette réforme ne vise pas à dénaturer les Daaras, mais à leur permettre de répondre avec efficacité et pertinence aux exigences de notre époque, tout en préservant leur âme et leur vocation première.
Les succès éclatants des Nongo Daras lors des compétitions internationales de mémorisation et de récitation du Saint-Coran en sont une preuve éclatante. Ces jeunes garçons comme filles font honneur à la nation et portent haut le flambeau de l’excellence sénégalaise. Par ailleurs, les élèves, issus des Daaras, qui poursuivent des études classiques dans nos universités et établissements d’enseignement supérieur, illustrent la complémentarité qui peut exister entre tradition et modernité.