PARTI DEMOCRATIQUE SENEGALAIS : Karim Wade falsifie-t-il la signature de son père ?
Doudou Wade est sensible à la situation que traverse le parti démocratique sénégalais (Pds). Devant le « Grand jury » sur la Rfm, hier, il s’est longuement épanché sur les sujets de l’heure notamment l’inaptitude de Me Abdoulaye Wade à diriger la formation politique, l’authenticité de la signature de ce dernier et les accusations du parti contre des juges du conseil constitutionnel. Il a par ailleurs évoqué la posture du premier ministre Ousmane Sonko qui se charge d’annoncer les nouveaux axes de la diplomatie sénégalaise et reçoit des ambassadeurs accrédités au Sénégal et l’affectation du général Souleymane Kandé.
Par Ousmane THIANE
Me Abdoulaye Wade (98 ans) n’a plus les aptitudes pour diriger le Parti démocratique sénégalais (PDS), selon Doudou Wade. « Il (Abdoulaye Wade, ndlr) n’a pas peut-être toutes les possibilités physiques de faire ce qu’il faisait et c’est là qu’il faut agir», déclare l’ancien président du groupe parlementaire libéral. Invité de l’émission « Grand jury » sur la Rfm dimanche, il a relancé le débat autour de sa succession à la tête de cette formation politique. Doudou Wade estime qu’il est temps de décharger Me Abdoulaye Wade et confier le parti à quelqu’un d’autre.
« Le PDS sera dirigé par celui qui sera choisi par son Congrès. Aujourd’hui il est dirigé par le secrétaire général national. Il faut trouver des voies pour pouvoir faire en sorte de trouver des moyens de concertation pour déboucher sur une autorité ou un collège d’autorité pour diriger le parti », dégage-t-il la voie à suivre.
L’ancien parlementaire soutient que PDS n’a aujourd’hui qu’un seul problème et celui-ci se trouve au niveau du secrétaire général national. Il ajoute que le problème de la candidature de Karim Wade est désormais dépassé. «Nous l’avons à deux fois tenté, à deux fois nous avons échoué et ces deux échecs successifs doivent faire en sorte que nous arrêtons pour regarder qu’est-ce qu’il faut faire.
Par conséquent aujourd’hui, il nous appartient aujourd’hui au PDS de regarder ce que nous avons entre les mains, notre population, nos ressources que nous ne connaissons. D’ailleurs nous sommes un parti qui se renouvèle depuis 4 ans et personne ne peut vous dire combien de membres nous avons. Par conséquent, il nous faut aller vers un congrès », a-t-il argué.
Démission de Woré Sarr et authenticité de la signature de Me Abdoulaye Wade
Doudou Wade est largement revenu sur la démission de Woré Sarr de la présidence de la Fédération nationale des femmes du PDS. « Elle a été poussé à la démission. C’est ça la catastrophe. Le pays bouge. Les démocrates de notre pays se prononcent sur cette question et sont inquiets de la posture prise par le parti pour pouvoir faire en sorte que Woré Sarr puisse démissionner. Elle a donné tout d’elle-même pour ce parti. Elle n’aurait pas dû démissionner. Je l’ai eu au téléphone, on a discuté mais je sais qu’elle est profondément atteinte », martèle-t-il.
Ce départ de Woré Sarr et la nomination de Fatou Sow à la tête de cette structure des femmes libérales semblent être la goutte de trop qui fait déborder le vase. En effet, ils font ressurgir la polémique autour de l’authenticité de la signature du secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade. « Depuis deux ans, notre parti s’interroge et se pose la question sur l’authenticité des signatures des documents qui nous sont envoyés. Nous avons dit à un certain âge, il est extrêmement difficile d’avoir la même main, la même rectitude sur une signature », rappelle Doudou Wade.
Il ajoute : « Je ne peux pas dire que c’est Karim Wade mais moi je pense que le secrétaire général de mon parti n’est plus dans les aptitudes de pouvoir diriger ce parti qu’il a construit, façonné, mis dans un conformisme spécifique qui fait que le militant du PDS de 30 ans, 40 ans, 50 ans, sait et à peu près à chaque instant, à chaque étape, pour chaque problème qu’est-ce que nous pourrons faire ».
Accusations du PDS contre des juges du Conseil constitutionnel
Evoquant l’affaire relative aux accusations de corruption, conflits d’intérêt et connexions douteuses portées par le Parti démocratique sénégalais (Pds) à l’encontre de certains magistrats du conseil constitutionnel suite à l’invalidation de la candidature de Karim Wade, il a fait une révélation de taille. « Le parti a déjà posé des actes pour lesquels certains ont une bonne compréhension. Moi j’ai compris. Pour l’affaire du conseil constitutionnel que les preuves sont là », a-t-il soutenu.
« Ousmane Sonko n’est pas investi pour parler de notre politique étrangère »
Doudou Wade a été également interpellé sur la posture du premier ministre Ousmane Sonko qui se charge d’annoncer les nouveaux axes de la diplomatie sénégalaise et reçoit des ambassadeurs accrédités au Sénégal. « Le Chef du Pastef n’est pas investi pour parler de notre politique étrangère. Les ambassadeurs sont accrédités auprès du Chef de l’Etat, président de la République et le président de la République accrédite ces ambassadeurs auprès d’autres chefs d’Etat. C’est une règle internationale. Aller dans le sens contraire c’est être dans l’anormalité. Je ne sais pas ce qui se passe dans ce pays. Nous sommes dans des choses que nous n’avons pas l’habitude de voir et quand nous arrivons à une confusion des rôles au niveau du sommet de l’Etat, ça peut déboucher sur des choses qui peuvent aller vers le désastre », prédit-il.
L’ancien parlementaire estime que le premier ministre devra s’adapter à la dure réalité de l’heure. « Nous n’avons pas besoin de ça. Nous sommes sortis d’élections présidentielles où les sénégalais ont eu un vote sans équivoques pour élire Bassirou Diomaye Faye.
C’est le président de la République. Il y a un apprentissage à faire pour le premier ministre et c’est extrêmement difficile et compliqué. En 24h, lui qui était le patron de Diomaye en 5 voire 6 ans qui l’appelait pour donner des ordres et des instructions pour l’envoyer en mission, la situation a changé. Le vent a changé de direction ; il lui appartient à lui le premier ministre de s’adapter à cette nouvelle hiérarchie et d’être sous l’ordre du président de la République qui va définir la politique de la Nation et à lui premier ministre de l’appliquer. Maintenant, le reste tout dépendra des pouvoirs que le président peut lui conférer dans les règles prévues par la constitution. Il faut qu’il attende les pouvoirs qui pourraient lui être transférés et dans le cadre constitutionnel parce qu’il y a des pouvoirs que le président de la République ne peut pas conférer à son premier ministre », fait-il savoir.
Affaire Souleymane Kandé
Quid de l’affectation du général Souleymane Kandé à l’ambassade du Sénégal à New Delhi (en Inde) ? Le militant du PDS a été on peut plus clair. « Nous n’avons pas besoin de ce qui est en train de se passer et qui concerne le corps militaire de notre pays. Compte tenu de ce que l’armée représente pour notre sécurité mais compte tenu du contexte sénégalais aussi avec un nouveau régime qui est arrivé depuis deux mois, qui n’a pas encore défini sa politique générale par son premier ministre ; qui est un peu dans le flou et le flou obscure et compte tenu aussi du contexte africain dans lequel nous sommes avec la situation au Mali, au Niger et ensuite la formation de cette organisation des Etats du Sahel (Aes), nous sommes très loin des objectifs que nous nous sommes fixés sinon on commence à s’écarter concernant notre politique d’intégration régionale et sous régionale.
La deuxième chose je pense que ça a été mal coaché, mal déroulé ; le moment aussi ne s’y prête pas. Je pense que le général Kandé est un homme valeureux. Aux derniers éléments que nous avons, il a fait d’excellentes choses du côté de la Casamance. La Casamance étant ce qu’elle est aujourd’hui, il était encore plus prudent de ne pas s’engager dans cette affaire-là. L’Etat du Sénégal, le président de la république particulièrement, le premier ministre, les organisations civiles, les journalistes doivent faire beaucoup attention et d’en parler avec beaucoup de précaution », a-t-il répondu.