La première édition de la Journée des pupilles de la nation a été célébrée ce samedi 14 décembre 2024, au Cicad. Axée sur le thème : « Le statut de pupilles de la nation : entre devoir de mémoire et actions solidaires au service de l’enfance », cette Journée est une occasion pour le ministre de la Famille de revenir sur le statut et qui peut devenir pupille de la nation.
Par Idrissa NIASSY
Première martyre du Projet Pastef, Mariama Sagna, agressée, violée puis lâchement assassinée dans son domicile, juste après sa participation à un meeting de Pastef à Keur Massar, il y a 6 ans (2018-2024), peut reposer définitivement en paix là où elle est. Car, les enfants qu’elle a laissés, vont bientôt bénéficier du statut de pupilles de la nation. D’après, le ministre de la Famille et des Solidarités, Maïmouna Dièye, c’est une femme qui a subi une injustice. « Elle a été assassinée dans des conditions horribles devant ses enfants. Raison pour laquelle, ces derniers doivent bénéficier de ce statut », a-t-elle déclaré lors d’un panel organisé durant la cérémonie d’ouverture de la première édition de la Journée des pupilles de la nation, au Cicad de Diamniadio, coanimé avec le ministre de l’Éducation national, M. Guirassy, Coumba Gawlo Seck sur le thème de cette Journée est axé sur : « Le statut de pupille de la nation : entre devoir de mémoire et action solidaire au service de l’enfant ».
Cependant, il a été indiqué que tout enfant ne peut pas se lever du jour au lendemain et devenir pupille de la nation. Pour avoir le statut de pupilles de la nation, il faut être enfants des militaires, policiers, gendarmes ou agents de l’État blessés ou tués dans une mission à l’extérieur ou à l’intérieur du pays, en grosso modo «mort pour le service de la nation».
Mais aussi, les enfants qui n’ont personne pour les protéger peuvent bénéficier de ce statut. Selon le Professeur Ngouda Mboup, Enseignant-chercheur, le statut de pupilles de la nation qui trouve ses racines dans une réalité douloureuse, mais noble, celle de la vulnérabilité d’enfants qui ont perdu leurs parents dans l’accomplissement d’une mission d’intérêt général ou qui se trouvent sans protection, à la suite de catastrophes, les critères d’éligibilité doivent être élargis.
« Il est important, pour que les enfants de civils morts dans les actes de bravoure, soient reconnus officiellement et que l’on pourrait appeler les martyrs de la nation à raison de leurs contributions exceptionnelles dans la société, qu’elles soient politiques, sociales ou culturelles. Il est aussi important de prolonger l’âge unique du statut de pupille de la nation à 21 ans », a-t-il fait valoir.
« Il est aussi important de reconnaître les enfants des victimes de violences basées sur le genre, en particulier les femmes tuées dans les contextes de violences conjugales extrêmes ou de féminicides. Il est aussi pour autant l’importance de reconnaître les enfants victimes de violences sexuelles dont les parents sont, soit décédés, soit complices de tels agissements », ajoute-t-il. Car, dit-il, ces enfants incarnent à la fois une mémoire à honorer et une responsabilité à assumer pour l’État, ainsi que pour la nation et pour nous tous.
« La nation au Sénégal est une tradition vivante de ce que notre Constitution programme dans son préambule, un destin commun par la solidarité, le travail et l’engagement patrimonial. Ce destin, nous le partageons avec nos pupilles qui sont, par tradition, nos enfants, à nous tous. Notre Constitution, notamment à son article 7, proclame, je cite, ‘’la personne humaine est sacrée et inviolable et que l’État a l’obligation de la respecter et de la protéger’’», a-t-il indiqué. D’après le Professeur Ngouda Mboup, le statut n’est pas seulement «une reconnaissance légale», mais aussi «un hommage durable» à ceux qui l’ont donné de leur vie pour servir pour la patrie.
1 072 bénéficiaires de ce statut
L’Office national des pupilles de la nation, érigé en agence d’exécution le 2 mars 2011, chargé de veiller au placement, à l’entretien, à l’éducation, à l’accès aux soins et à l’épanouissement des enfants bénéficiaires du statut de pupille de la nation, a enrôlé au total 1 072 bénéficiaires dont 248 mineurs.
Selon Madame le ministre de la Famille, 115 millions de francs ont été mobilisés pour le bien-être de nos pupilles grâce à des partenaires solides durant l’année académique 2023-2024. « Ces résultats motivants résultent de la promotion du culte du travail et le renforcement du dispositif de prise en charge des enfants pupilles de la nation », a déclaré Maïmouna Dieye.
Il a profité de cette occasion pour inviter les partenaires publics et privés à soutenir davantage la protection des enfants, notamment la prise en charge des pupilles. Concernant les enfants pupilles de la nation, elle les rappelle qu’ils portent en eux l’espoir de tout un peuple, de toute une nation. «Soyez confiants, soyez audacieux, mais gardez surtout à l’esprit que votre succès dépend aussi de la solidarité et de la coopération avec vos pères, avec vos aînés et avec l’ensemble de la société», conseille-t-elle. Tout en «réitérant l’engagement du gouvernement à investir davantage dans l’éducation, les formations, la santé de ces pupilles, pour qu’ils soient bien préparés à relever les défis de demain».
Élargissement de la prise en charge des pupilles de la nation
Fatima Mbengue, Directrice générale de l’Office national des pupilles de la nation (Onpn), prenant la parole à la cérémonie d’ouverture de la Journée nationale des pupilles de la nation, un évènement célébré pour la première fois depuis la création dudit Office, a plaidé pour l’élargissement de la prise en charge. Le but de cette Journée est aussi de rendre hommage aux enfants qui ont eu à s’illustrer au cours de cette année.
Pour Ndeye Dieynaba Diop, porte-parole des pupilles de la nation, «cette démarche est à saluer». Car, elle permettra à tout le peuple sénégalais de connaître le statut de pupilles de la nation et de rendre plus visible l’assistance de l’État du Sénégal à leur profit. «Cette Journée organisée en notre honneur, constitue un pilier solide qui traduit l’engament de l’État à nous soutenir, à nous accompagner tout au long de notre cursus scolaire et même universitaire», a-t-elle déclaré.
Pour Ndeye Dieynaba Diop, les nombreuses réalisations en faveurs des enfants pupilles de la nation assurent le respect de leurs droits par l’État du Sénégal. «La notion de pupilles de la nation contribue sans nul doute à forger les citoyens de demain que nous serons», a-t-elle conclu.
L’artiste-musicienne, Coumba Gawlo Seck, a pris part à cet événement célébré au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD).