Le Projet d’Appui à la sécurité Alimentaire dans les régions de Louga, Matam et Kaffrine (Pasa Lou-Ma-Kaf), a organisé une visite de terrain à Kaffrine à l’intention des journalistes pour constater de visu les réalisations dans les domaines de la riziculture et du maraîchage. Des barrages ont été construits dans le cadre du projet dans beaucoup de zones pour retenir les quantités d’eau de pluie en vue de développer la riziculture. Bientôt le label « Riz Ndoucoumane » pourra concurrencer l’arachide dans la région.
Par Saër DIA
C’est sous un soleil de plomb que la visite a démarré. Il faut faire des kilomètres pour accéder aux différents sites où se pratiquent la riziculture et le maraîchage. La délégation s’engage sur des pistes chaotiques entourées d’une belle verdure pour accéder au site de Niahène, un village situé dans la région de Kaffrine, département de Malém Hodar, arrondissement de Sagna.
Après plusieurs heures de route, c’est l’arrivée de la délégation sur site de Niahène, première étape de la visite. Ici la verdure et les hautes herbes témoignent que la localité a reçu beaucoup de quantité de pluie. Quelques rares animaux broutent l’herbe par ci par là. Une fois au bas-fond, plus d’une trentaine de femmes s’activent dans la riziculture. Elles sont en train de planter des semis de riz.
« Le projet nous accompagne dans la riziculture. Ils ont fabriqué le barrage pour nous permettre de cultiver du riz. Actuellement, nous sommes de pleins pieds dans la culture du riz. Après la récolte, nous faisons du maraîchage et de la transformation .Nous voulons une clôture pour sécuriser les cultures parce que les animaux peuvent venir ici pour s’abreuver », avance Mme Fatou Bada Ndaw, relais dans le projet et représentante les femmes de la localité.
D’après Mme Ndaw, elles sont dans la riziculture depuis 5ans mais l’appui du Pasa Lou-Ma-Kaf, la culture du riz s’est développée.
« Cela maintenant 5 ans que nous sommes dans la riziculture mais avec l’appui de PASA, la culture du riz est très développée. Maintenant, on peut parler de riz de Ndoucoumane. Nous consommons une partie du riz et l’autre partie qui reste, nous le vendons sur le marché », témoigne Mme Ndaw.
Ici les producteurs sont formés sur des techniques de riziculture, de maraîchage. Et ils ont aussi reçu 10 tonnes de semences de riz nérica certifiées, 15 tonnes d’engrais NPK (151515) et 13 tonnes d’urée. La surface emblavée pour la campagne hivernale en riz 2019-2020 est 300 ha.
Quant à M. Layine Thiongane, secrétaire général de la fédération « Takou ligueye », il avance : « Nous cultivons du riz avec l’appui du projet Pasa. Le projet nous a appuyés sur la formation mais aussi en semence et engrais. Nous avons débuté la riziculture avant l’arrivée du projet mais avec le projet, nous avons eu beaucoup de rendements dans la culture du riz. Au début, il y avait quelques femmes qui s’adonnaient à la riziculture mais aujourd’hui avec le projet, nous sommes à 226 membres dans la fédération qui cultivent du riz. L’année dernière, nous avons cultivés sur 100 hectares. Aujourd’hui, nous consommons du riz produit dans les bas-fonds durant 5 mois. Tout au début, on vendait notre arachide pour acheter du riz mais maintenant, nous cultivons du riz, le « riz du Ndoucoumane ». Les variétés sont C108, nérica. Après la culture du riz, on fait du maraîchage ». Babacar Top, cultivateur, avance : « On est en train de planter du riz. Nous avons bénéficié de l’expérience du Walo en matière de riziculture. Avec cette expérience, le riz Ndoucoumane peut contribuer à l’autosuffisance alimentaire ».
Le riz en compétition avec l’arachide
L’économie régionale est dominée par la culture de l’arachide.
« Nous avons distribué dans la zone 16 motoculteurs, 13 batteuses, des 21 décortiqueuses, 400 semoirs, 16 mini –tracteurs, 5 moulins à mil. Qui dit production de riz, dit transformation. Nous ne voulons que le riz « Ndoucoumane » soit produit localement, transformé localement, consommé localement. Ici à Kaffrine, les cultures de riz sont en compétition avec l’arachide qui polarise un peu l’économie régionale. Au total, nous avons aménagé 22 bas-fonds et dans chaque bas-fond, il y a du matériel qui est remis aux groupements », a expliqué M. Abdoul Ka, coordonnateur volet eaux de surface Pasa.
D’après M. Abdoul Ka, les producteurs ne disposaient pas souvent d’engrais. Et ils ont mis en place un système qui permet de faire une épargne graduelle pour renforcer les appuis du projet par rapport la valorisation.
« Le système était conçu initialement pour acheter des engrais mais après, il y a eu beaucoup de choses qui se sont rajoutés. C’est pour expliquer pourquoi, on parle de bas-fond et tontine. Les tontines étaient conçues pour permettre aux producteurs de disposer de revenus qui leur permettent d’acheter des engrais. Au mois de septembre, octobre, vous allez trouver des cultures de contre saison. Toute l’économie régionale est bâtie autour de la production arachidière mais avec l’avènement du projet, nous avons voulu amener les populations à une di versification des produits, c’est pourquoi, à côté de la production hivernale, nous avons tenté une production de contre saison et ça a réussi », dira M. Kâ.
Réalisations d’ouvrages de mobilisation des eaux
« On attend un peu que l’hivernage avance pour qu’on puisse avoir une bonne hauteur des plans de riz pour fermer cet ouvrage-là et garder un grand volume d’eau. Cet ouvrage joue un rôle important sur la recharge de la nappe, cela permet de recharger la nappe et ça sera bénéfique pour la production maraîchère contre saison. C’est un coût de 150 millions », explique M. Abdoulaye Kandji, expert Génie rural du volet eau de surface.
D’après M. Abdoul Ka, le PASA-Lou-Ma-Kaf a mis en place un ouvrage de mobilisation des eaux et un périmètre maraîcher, en plus des appuis divers pour la mise en valeur et le renforcement des capacités techniques et organisationnelles des exploitants.
« Il a fait la réalisation d’un périmètre maraîcher dans le bas-fond, avec un système de pompage solaire pour permettre le développement du maraîchage pendant toute l’année. C’est un périmètre de 15 ha qui est emblavé pour la campagne hivernale en riz et une surface de 4,5 ha pour la campagne maraîchère de la tomate, oignon, laitue et oseille », rajoute M. Kâ.
Il estime que le Projet Pasa Lou-Ma-Kaf accompagne la réalisation du label « Riz Ndoucoumane ».
Rappelons que le projet d’appui à la sécurité alimentaire dans les régions de Louga, Matam et Kaffrine (PASA-Lou-Ma-Kaf) vise l’accroissement de l’élevage et la productivité agricole de ces régions. Et ces régions ont été retenues en raison de leur niveau de pauvreté (incidence comprise entre 45,2% et 63, 8%), de l’insécurité alimentaire récurrente (taux de malnutrition aigüe compris entre 11 et 14% en fin 2011), de l’absence d’interventions d’envergure dans le secteur d’infrastructures et de la fragilité de leur écosystème.
Il vise à renforcer la sécurité alimentaire ; améliorer les revenus des petits producteurs (agriculteurs et éleveurs) et les femmes en particulier pour réduire davantage la pauvreté dans les régions couvertes par le projet.
« Le projet est financé par un don de 25 milliards de F CFA dont 81% proviennent du programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, 6% de la banque africaine de développement (Bad) et 12% de l’Etat du Sénégal. Il vise, par une démarche participative et inclusive, à améliorer la sécurité alimentaire et les revenus des petits producteurs, en ciblant trois régions du Sénégal vulnérables aux aléas climatiques », précise-t-on dans les documents remis à la presse.