C’est ce mardi que s’est ouvert à Dakar le Forum national de plaidoyer auprès des gouverneurs sur le Programme élargi de vaccination (Pev). Cette rencontre de deux jours (19 et 20 août 2025) coprésidée par le ministère de la Santé et le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique est une occasion non seulement de renforcer l’engagement des autorités territoriales dans la promotion et le soutien à la vaccination au niveau communautaire, de la repositionner, mais aussi de revenir sur les performances du Pev.
Par Idrissa NIASSY
Au Sénégal, les performances nationales concernant le Programme élargi de vaccination (Pev) entre 2019 et 2025 ont connu une diminution à cause de la Covid-19. Même si les régions de Dakar, Diourbel, Kaffrine, Kaolack, Louga, Saint-Louis et Thiès sont les plus performantes sur les 13 vaccins contre les 14 maladies, toutes les régions du Sénégal sont au rouge concernant la vaccination contre le Hpv2 au premier semestre 2025. Seule la région de Ziguinchor a essayé de sortir du lot avec un taux de vaccination de 54 %. Pour les autres régions, le taux varie entre 7 % et 38 %. Ce qui fait dire au Directeur de la prévention, le Dr Mamadou Ndiaye, que «nous devons aller plus loin et aussi augmenter les performances», si nous voulons repositionner le Pev qui a connu une diminution lors de la période de la Covid-19.
Pour la première dose contre le papillome humain, seules quatre régions, Louga, Dakar, Kaffrine et Saint-Louis ont une couverture qui est supérieur ou égal à 80 %, ce qui est une percée notable. «Il y a des choses à améliorer, parce qu’aucune région n’a également atteint une couverture de 90 % pour la première dose et la deuxième dose de rougeole, sauf celle de Thiès qui a atteint 113 % pour la deuxième dose», a-t-il fait valoir.
Les régions de Matam et Sédhiou sont les moins performantes concernant cette maladie. Dr Mamadou Ndiaye faisait hier une présentation des performances du Programme élargi de vaccination (Pev). Ce forum marque une étape essentielle dans la redynamisation de la collaboration entre le ministère de la Santé et le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique, autour d’un objectif commun : renforcer l’engagement des autorités territoriales dans la promotion et le soutien à la vaccination au niveau communautaire.
Il a également réuni l’ensemble des 14 gouverneurs de région, aux côtés des Directeurs régionaux de la santé, des responsables du Pev, ainsi que des représentants institutionnels et partenaires techniques et financiers (Oms, Unicef, Gavi, Cdc, Path). Selon lui, les plus faibles couvertures sont notées pour le HepB0, le Hpv, RR et VAA. Toutefois, les défis restent énormes à savoir : le manque de couverture vaccinale, la pérennisation du financement, notamment l’achat des vaccins, l’élargissement des cibles, la persistance des refus à la vaccination, la lutte contre les rumeurs et la désinformation, l’adoption d’une loi sur la vaccination. Mais, il s’agit aussi de l’éradication de la poliomyélite et l’élimination de la rougeole, tout en offrant la vaccination à tous les cycles, y compris les derniers enfants et aux derniers kilomètres, c’est-à-dire les enfants d’accès difficile. «Nous devons mener une campagne contre la rougeole afin qu’elle ne soit plus un problème de santé pour nous», a-t-il déclaré.
Dr Mamadou Ndiaye a profité de cette occasion pour plaider pour une meilleure adhésion des communautés, une intensification des activités de vaccination et une mobilisation accrue des ressources pour l’atteinte des objectifs fixés, notamment la vaccination d’au moins 90 % de la cible pour chaque antigène. Il a aussi plaidé pour que tous les acteurs fassent un clin d’œil pour la vaccination.
Le ministre de la Santé, le Dr Ibrahima Sy, prenant la parole, est revenu sur les stratégies à mettre en place pour relancer la vaccination à travers le programme Pev, tout en la repositionnant dans le cadre des soins de santé primaire. «La vaccination est l’un des piliers importants des soins de santé primaire qui adresse la question de la prévention», a-t-il déclaré.
Revenant sur les régions qui trainent toujours le pas, ce dernier de faire savoir que des actions sont en train d’être mises en œuvre pour détecter les goulots d’étranglement et les lever pour amener tout le monde à s’engager dans la vaccination. Pour lui, une bonne performance en termes de vaccination peut éviter beaucoup de maladies évitables. «C’est des gains en termes de défense de santé pour le système de santé, mais c’est aussi des gains en termes de défense pour les ménages», a-t-il dit.
Pour les leviers auxquels l’État doit s’appesantir pour accélérer la vaccination, le ministre de la Santé de se focaliser sur la mobilisation des ressources financières pouvant permettre d’acheter des vaccins la mobilisation des communautés, et sur la levée des blocages socioculturels.
Abondant dans le même sens le ministre de l’Intérieur, Jean Baptiste Tine, a fait savoir que la vaccination sauve chaque année des milliers de vies. Rais pour laquelle, il invite à anticiper sur les menaces émergentes. «Nous devons anticiper les menaces émergentes pour sauver des vies, surtout les enfants et les femmes», a-t-il déclaré. «Le ministère de l’Intérieur est parfaitement conscient de la collaboration pour la réussite du Programme élargi de vaccination», ajoute-t-il.
