Internet est devenu un terrain d’entraînement à la haine envers les femmes par le biais de la «machosphère». Lors d’une réunion en marge du débat général de l’Onu à New York, l’Ambassadrice mondiale de l’initiative Spotlight appelle à la mise en place d’un cadre juridique qui réglemente Internet de toute urgence.
Par Idrissa NIASSY
L’apparition de l’Intelligence artificielle (IA) s’accompagne d’une « avalanche » de nouvelles formes de violence numérique allant de l’extorsion à la violence basée sur l’image, de la divulgation de données personnelles au cyberharcèlement, du harcèlement sexuel au grooming en vue d’une agression sexuelle (pédopiégeage), pour n’en citer que quelques-unes. Au cours des 12 derniers mois, 300 millions d’enfants ont été victimes d’exploitation sexuelle et d’abus en ligne dans le monde.
Selon Mme Suarez, Ambassadrice mondiale de l’initiative Spotlight, on assiste à une croissance exponentielle des groupes opposés aux droits des femmes, ainsi qu’à l’émergence de nouvelles technologies qui renforcent les pensées et les actes misogynes, « à tel point qu’aujourd’hui, un nombre écrasant de jeunes garçons ne croient pas que la violence sexiste soit réelle et existe ». Pour elle, « les intermédiaires technologiques doivent être tenus de détecter, d’évaluer et d’orienter, de manière proactive, le comportement de leurs utilisateurs, qui doivent être passibles de sanctions légales, le cas échéant ».
Elle s’exprimait lors d’une réunion en marge du débat général de l’Onu à New York. Elle a souligné, par ailleurs, que la violence que subissent les femmes et les filles en ligne a exactement le même impact que la violence subie hors ligne, du fait que son impact et ses conséquences sont d’une ampleur identique.
La violence sexiste ne touche pas seulement les femmes et les filles, signale Mme Suarez. Elle impose aussi aux hommes une image rigide, où douter, pleurer ou montrer sa fragilité est perçu comme un manque de virilité. Selon les études citées par Equimundo, une initiative partenaire de Spotlight qui lutte contre les violences sexistes et œuvre pour une masculinité positive, 40 % des jeunes hommes ont été victimes de harcèlement homophobe en ligne et de nombreux jeunes hommes sont victimes de sextorsion. « La majorité des hommes ne commettent pas ces actes, mais beaucoup restent silencieux », a affirmé à son tour Gary Barker, Pdg d’Equimundo.
Selon lui, c’est dans les salons de discussion, les plateformes de jeux, TikTok, YouTube, tous ces lieux de rassemblement pour les jeunes hommes dénommés la « machosphère », qu’ils sont témoins de ces violences, voient leurs pairs en être responsables, sans pour autant agir pour y mettre fin. « La plupart du temps, les garçons ne vont pas sur Internet pour chercher la misogynie. C’est la misogynie qui trouve les garçons sur Internet », déclare M. Barker.
«Nous déployons des robots pour remplacer les messages misogynes par des contenus positifs, et mobilisons de nombreux influenceurs, souvent méconnus, parmi lesquels beaucoup de jeunes hommes qui s’engagent à combattre la misogynie. Nous investissons en eux pour qu’ils diffusent des messages constructifs », ajoute-t-il.
Toutefois, les hommes sont appelés à se joindre à ce combat et, en tant que société, Spotlight compte mettre en place une éducation qui s’adresse directement aux hommes.




