RAPPORT SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL DES JOURNALISTES : La CJRS expose les chiffres de la précarité !
Pour disposer d’éléments quantitatifs d’appréciation sur les conditions des journalistes et techniciens des médias, la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs) leur a soumis à travers différents panels une liste de 20 questions. Les résultats de cette étude en disent long sur les maux des reporters.
Par Ousmane THIANE
Le Rapport de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs)sur les conditions de journalistes et techniciens des médias, publié à l’occasion de la Journée internationale dédiée au médias, fait froid dans le dos.
Les résultats traduisent la précarité sous toutes ses formes.
Sur les 216 travailleurs des médias ayant répondu à la question portant sur la nature de leur contrat, 23,1% ont dit avoir des CDI, 11,1% des CDD, soit 33,2%, 22,2% ont soutenu avoir des contrats de prestation contre 17,1% de stagiaires.
Les 26,4% n’ont aucun lien contractuel avec leurs employeurs. Par ailleurs, 31,5% des travailleurs ayant répondu aux questions n’ont pas de salaires, 68,5% sont rémunérés. Concernant le niveau des rémunérations, le rapport de l’équipe drivée par le président Migui Maram Ndiaye montre que très peu d’entreprises respectent les barèmes prévus par le Convention collective.
Selon les résultats de l’enquête, 18,5% ont des rémunérations en deçà de 75000 francs ; 14,8% entre 75 000 et 100 000 francs ; 14,8 entre 100 000 et 150 000 francs ; 10,2% entre 150 000 et 200 000FCFA. Les travailleurs ayant un salaire dépassant la barre des 300 000 francs sont estimés à 7,9%, tandis que ceux qui ne relèvent d’aucune de ces catégories sont autour de 20,4%.
A l’image de la plupart des rédactions, la plupart des personnes ayant participé à l’enquête sont des reporters, soit plus de 77% ; 9,3% ont dit être des rédacteurs en chef. Quid de la couverture maladie ? 86% des travailleurs disent ne pas être pris en charge par leur entreprise quand ilssont malades.
La liberté syndicale fait aussi défaut dansles entreprises de presse. Seuls 14,9% disent être affiliés au Syndicat des professionnels de la communication (Synpics). En revanche, 23,3% ont répondu qu’il existe une section Synpics dans leurs rédactions.
10 recommandations pour «panser les maux des reporters»
La CJRS a émis une dizaine d recommandations pour « panser les maux des reporters ». Parmi celles-ci figurent en bonne place la nécessité de veiller à l’effectivité de règles prévues par le Code de la presse pour toute entreprise dans le secteur ; l’exigence de la transparence dans la gouvernance des entreprise de presse, la création d’un environnement propice pour le développement des médias ; l’application des dispositions de l’Acte uniforme OHADA sur les procédures collectives aux entreprises en cessation de paiement, y compris celles qui ont des difficultés à payer leurs salaires ; la fermeture des entreprises qui ne parviennent pas à respecter le minimum de conditions exigées par la législation en vigueur, malgré le soutien de l’Etat ; la multiplication des visites de contrôle de l’inspection du Travail et l’introduction des travailleurs dans le capital des entreprises en difficultés.