L’ancien ministre de la Communication, Moussa Bocar Thiam parle d’une « déchéance de la fonction présidentielle » au Sénégal.
Par Ousmane THIANE
Me Moussa Bocar Thiam est formel. L’ancien ministre de la Communication, des télécommunications et de l’économie numérique déclare sans ambages qu’il y a actuellement une « déchéance de la fonction présidentielle » au Sénégal. « Tout le monde sait que c’est Ousmane Sonko qui est le président de la République de ce pays. Quand on était en première année de Droit, on nous apprenait toujours que le Président de la République, depuis l’événement de 62 entre Senghor et Mamadou Dia, est un homme fort avec tous les pouvoirs qu’il a. On s’est rendu compte que finalement, tout ce qu’on avait appris-là, c’est absolument faux, parce qu’aujourd’hui nous assistons à une déchéance de la fonction présidentielle », a-t-il soutenu, hier, au détour de l’émission ‘‘Grand Jury’’ sur la Rfm.
Le maire de Ourossogui d’enfoncer : « Aujourd’hui le pouvoir au Sénégal est à la primature, alors que jamais dans l’histoire du pays cela n’a été le cas. D’ailleurs, à plusieurs reprises, la fonction du premier ministre a toujours été supprimée, parce que ce n’était pas important. Le président de la République était l’homme fort, déterminait la politique de la nation », dit-il citant l’article 42 de la Constitution. « Ceux qui aspirent à des nominations vont à la primature », fulmine-t-il.
Me Moussa Bocar Thiam estime que la « déchéance de la fonction présidentielle est aggravée par des «incursions » récurrentes de la primature dans des domaines traditionnellement réservés à la présidence, notamment la diplomatie. « Nous sommes dans une déchéance de la fonction présidentielle parce qu’aujourd’hui, le président de la République est cantonné à des fonctions liées à la diplomatie et ça s’arrête là. D’ailleurs, des fois, il y a incursion même de la primature sur des questions liées à la diplomatie », déplore-t-il.
« La Commission d’enregistrement et de validation des entreprises de presse est illégale »
Sur un autre registre, l’ancien ministre de la Communication des télécommunications et de l’économie numérique a fustigé la Commission d’enregistrement et de validation des entreprises de presse installée par son successeur Alioune Sall. « Cette commission est illégale. Vous savez pourquoi c’est compliqué d’assainir la presse ? Parce que c’est la Constitution qui prévoit que la presse est libre. Toute personne est libre de créer son journal demain et de donner des informations si elle a les qualités de journaliste et réunit les conditions prévues par le Code de la presse. Il n’y a pas une autre exigence particulière. C’est un domaine professionnel où c’est assez ouvert », a-t-il indiqué.
Moussa Bocar Thiam de rappeler que lors de son passage dans ledit département, des efforts ont été entrepris afin d’assainir le secteur de la presse. « L’esprit dans lequel j’étais, était pour protéger la profession, afin que cette profession puisse faire vivre les Sénégalais qui ont fait le choix de faire ce métier », se justifie-t-il. Il rappelle avoir demandé qu’on puisse identifier tous les organes de presse. « Quand le ministre (Alioune Sall, ndlr) est arrivé, il a trouvé des chiffres. Le nombre de radio communautaire, vous en avez presque 300 ; les quotidiens, vous en avez 45, les télévisions, vous en avez 35. Donc il a trouvé ici des chiffres liés à ce recensement général qu’on avait fait », dira-t-il.




