Après avoir passé 15 mois à élaborer le document des comptes de la santé pour les années 2022-2023, les agents du Comité technique, en collaboration avec le ministère de la Santé, ont procédé hier à la validation de cette enquête. Ces comptes, qui permettent de mesurer les flux financiers dans le secteur de la santé d’un pays pendant une année, sont une occasion de déterminer les dépenses qui sont ces comptes qui permettent de mesurer les flux financiers dans le secteur de la santé d’un pays pendant une année, sont une occasion de déterminer les dépenses qui sont éligibles.
Par Idrissa NIASSY
Parmi les 134 millions 77 mille 169 FCFA destinés à l’élaboration des comptes de la santé pour les années 2022 et 2023, l’État du Sénégal n’a participé qu’à hauteur de 45 millions FCFA. D’où l’importance, aujourd’hui, de revoir la participation de l’État dans les politiques de santé du pays. En effet, le Sénégal ne peut pas toujours dépendre des partenaires et des financiers pour élaborer un document aussi important, qui relève de la souveraineté nationale.
Selon Dr Thiané Gueye de la Dprs, le pays a pris l’engagement avec l’Oms pour produire les comptes pour les deux ans. « Nous devons continuer à faire les comptes de la santé sans attendre la participation des partenaires. Faisons tout pour avoir les moyens pouvant permettre de le faire », a-t-elle plaidé.
Les comptes de la santé déterminent les dépenses pour la promotion de la santé, pour la prévention, pour tout ce qui est guérison des maladies. Mais il y a aussi les dépenses pour soigner les états de santé chroniques. À celles-là, s’ajoutent les dépenses pour gérer les programmes de santé publique et l’assurance maladie et les dépenses pour les soins palliatifs.
Pour leur élaboration, une méthodologie harmonisée par les 190 pays dans le monde qui font la même pratique a été utilisée. Ce qui a permis au Comité technique d’utiliser deux outils technologiques à savoir : le Hact (Health Account Product Tool), et l’outil Analyse des données pour confectionner ce document. Ce processus a aussi permis d’avoir des données de qualité. Mais pour une première, la collecte des données au niveau opérationnel a été confiée aux régions contrairement à ce qui faisait avant, où tout est regroupé à Dakar.
Ce processus a permis aux régions de mener les activités, de faire tout ce qu’il y a par rapport aux dépenses de santé. Raison pour laquelle, chaque région a été demandée de mettre en place un Comité technique régional, présidé par la Direction régionale de la santé (Drs) avec l’appui de toutes les parties techniques, le secteur privé, l’Union des associations d’élus locaux (Uael), les Ong, les Partenaires techniques et financiers (Ptf). En outre, la validation des données a été faite avec l’appui des différents maires des communes d’arrondissement.
Cette initiative a aussi permis, après 15 jours de collecte, aux membres du Comité technique au niveau central de venir dans les régions pour organiser des ateliers de 5 jours. Et tout ça autour du Directeur régional de la santé. «Ces 5 jours pour valider techniquement les données ont permis d’assurer la qualité», a-t-elle déclaré. Dr Thiané Gueye faisait hier la présentation des résultats des comptes de la santé 2022-2023, où il a été constaté un défaut d’harmonisation des outils, surtout au niveau des Établissements publics de santé (Eps). Il a également été constaté une insuffisance dans la désintégration des agrégations des données financières dans certaines structures de santé. Une faible implication du secteur privé sanitaire a aussi été senti.
Plus de 1 817 milliards F Cfa dépensés en deux ans
Ce travail qui a été réalisé en collaboration avec l’Ansd a permis de montrer le volume de financement. C’est ainsi qu’en 2022, les dépenses totales tournaient autour de 886 milliards à,19 millions F Cfa. Pour 2023, elles s’élevaient à 931 milliards. Ce qui fait un total de plus de 1 817 milliards F Cfa pour ces deux ans. Tout ce financement montre une répartition de la part des dépenses courantes dans les dépenses totales de santé qui tournent autour de 81 % en 2023, contre 96 % en 2022. Selon les experts, ces investissements ne sont pas nombreux, mais aussi ils ne sont pas importants. D’où l’importance de réfléchir encore sur comment booster l’investissement dans le secteur de la santé. Dans ces comptes, la répartition des dépenses de santé a été faite par source de financement.
Les ménages à la tête des dépenses
L’élaboration de ces comptes montrent que les ménages sont à la tête des dépenses avec 41 % en 2022, contre 43 % en 2023. Suivies des partenaires avec 22 % en 2022 et 23,2 % en 2023. L’État vient en troisième position, avec 21,3 % en 2022, contre 19,8 % en 2023, ensuite les entreprises (11,5 % en 2022 et 6,8 % en 2023), les Ong (2,4 % en 2022 et 2,5 % en 2023) et en dernière position les collectivités territoriales (2,2 % en 2022 et 3,2 % en 2023). Pour cette année 601 collectivités territoriales ont été visitées. Parmi elles, les 600 ont donné l’information. Ce qui a permis au Comité d’avoir des données exhaustives qui sont collectées en nature et en espèces. Toutefois, tout ce qui est en nature a été valorisée. Pour stabiliser les données des ménages, le Comité a travaillé avec la Banque économique et financière des données (Bedf). Elles sont collectée et traitée, par ailleurs, par la Lsd. Même pour les dépenses courantes, les ménages occupent la première place avec presque 50 %, en participant grandement au fonctionnement des structures. L’administration suit avec 22 % des dépenses courantes. Les partenaires techniques financiers viennent en troisième position avec 17,4 % en 2023. Pour les entreprises, elles sont à 7,9 % en 2023.
Toutefois, il y a des dépenses qui sont exclues naturellement. Les soins de santé des non-résidents ne sont pas considérés. La formation initiale dans le domaine de la santé, comme les dépenses qui sont effectuées au niveau de l’Université, à la Fac de médecines, ne sont pas considérées dans les comptes de la santé, ainsi que le fonctionnement des organisations internationales.
Pour les dépenses par prestataire et par facteur de prestation, les officines sont les plus actives, du fait que les dépenses sont orientées vers l’achat des médicaments, que ce soit des médicaments en vente libre ou médicaments sur ordonnance. Elles sont suivies par les hôpitaux, des prestataires de soins ambulatoires comme les postes de santé et les centres de santé.