Le Premier Ministre Ousmane Sonko a accordé un entretien à la télévision nationale du Burkina Faso, en marge de sa visite dans le pays des hommes intègres à l’occasion de l’inauguration du Mausolée Thomas Sankara. Il a abordé un certain nombre de questions dont la souveraineté monétaire, les relations Cedeao-AES, le terrorisme, les relations entre le Sénégal et la France, entre autres.
Par Dieynaba TANDIANG
Franc CFA
Notre position sur le F Cfa a toujours été constante. L’effort d’intégration d’une sous region qui passe par des actes forts pour avoir un marché commun pour avoir des législations tarifaires communes, pour avoir une monnaie commune, est un effort salutaire. Mais, nous voulons un espace intégré, une zone la plus intégrée possible en Afrique de l’Ouest qui peut aller au-delà de l’Uemoa, mais nous le voulons, nous le souhaitons, parce que nous sommes dans un monde où les gens évoluent dans un ensemble pour être plus fort ; et la monnaie est un instrument important de politique pour un Etat. C’est important que la zone ait réussi de mettre en place un marché commun et mettre en place une monnaie commune. Mais il y avait un problème qui fait que cette monnaie continuait à symboliser une présence coloniale. Nous avons alors considéré que cette monnaie dépouillée de ces éléments peut devenir une monnaie des Africains, par les Africains et pour les Africains. Il y a des aspects symboliques comme l’appellation de la monnaie.
La monnaie instrument de politique budgétaire nous pousse à poser le débat : est-ce qu’elle est adaptée à nos options de développement et la réponse à cette question devra dépendre de l’orientation qu’on prendre. Le Cfa arrime à l’Euro et à la zone Euro, emble être une monnaie trop forte pour nos économies qui nous restreints à être des pays importateurs mais qui ne nous rend pas très productif quand on veut renverser la tendance. Or, la logique dans nos pays c’est d’aller vers une politique de substitution. C’est, entre autres, un des griefs économiques.
A partir de ce moment, c’est la réponse qu’on apporte à ces considérations techniques dont va dépendre notre décision d’aller vers tel ou tel autre sens. Et nous sommes resté constants sur cette position depuis 2018. Nous sommes dans un ensemble qui présente ses avantages, mais qui a des inconvénients. Nous poserons le débat avec nos partenaires pour leur dire que nous devons évoluer si une solution est trouvée dans ce cadre-là, tant mieux et si ce n’est pas le cas, nous assumerons notre responsabilité et nous sommes toujours dans cette logique.
Quand nous sommes arrivés, la Beceao nous a présenté le travail qu’ils ont fait qui vont exactement dans le même sens que le nôtre. Il s’agit maintenant pour les présidents de se retrouver pour valider un certain nombre d’options et nous espérons que les Présidents vont statuer pour nous permettre de faire un pas significatif vers une appropriation totale de notre monnaie pour avoir un instrument monétaire et une politique monétaire internationale. Nous sommes avant tout des panafricanistes et tout ce que l’on peut faire pour rester dans la cohésion nous le ferons et si on se rend compte que nous n’allons pas dans le bon sens, et que ce n’est pas bon pour nous, car le panafricanisme a ses limites et cela ne peut pas se faire au détriment des intérêts des Etats. À partir de ce moment nous assumerons toutes nos responsabilités.
CEDEAO–Aes : « Il y a eu des erreurs »
Des erreurs ont été commises à la base, principalement par la Cedeao dans la gestion de la situation. Quand il y a eu une reprise du pouvoir au Mali au Burkina, j’ai exprimé mon soutien. Idem pour le Niger où je me suis inscrit en faux contre la Cedeao qui menaçait de déployer une intervention militaire. L’embargo qui a été fait contre le Mali était inacceptable et un pays comme le Sénégal n’aurait jamais dû, et si nous étions au pouvoir en ce moment-là, nous n’aurions jamais accepté cela. On ne règle pas ces problèmes de cette manière. Une organisation doit se doter de règles qu’elle peut respecter pour tout le monde. Nous sommes dans des espaces politique et ce n’est pas parce que le Burkina a quitté la Cedeao que nos relations vont s’arrêter.
Je pense que la Cedeao va en tirer les conséquences. Je ne sais pas pourquoi la Cedeao ne parle pas quand les gens font des tripatouillages constitutionnels, quand des gens briment des opposants elle ne parle pas… jusqu’à ce que certaines choses arrivent et on menace de faire des embargos ou une intervention militaire. Ce sont ces erreurs qui nous ont conduit à cela et j’espère que la Cedeao en tirera des leçons et traitera tous les Etats de manière égale et sous ce chapitre je ne désespère pas, peut-être que les retrouvailles se feront, car nous avons un destin commun.
Terrorisme
Nous sommes tous d’une manière ou d’une autre menacés. Aucun pays ne doit penser être épargné. Il y avait des initiatives mais elles ont été trop lente. Il y avait la force d’intervention en attente que la Cedeao a mis en place. Pour moi il n’est jamais trop tard. Le terrorisme ne connait pas de pays, ni de frontières. Voilà un terrain de coopération entre l’AES et la Cedeao qu’il faut continuer à implémenter mais il faudrait que les parties se retrouvent et continuent à se parler. La zone Cedeao doit s’organiser pour faire face.
Coopération Sénégal-France
Elle est comme toutes les coopérations. Il n’y a pas d’exception ou de spécificité. Nous avons dépassé cette étape qu’un pays, quelle que soient nos relations dans le passé, focalise toute notre attention. Nous considérons que la France est un partenaire comme tous les autres. Nous n’avons rien contre elle et nous posons des actes de souveraineté. Aujourd’hui il est question de réunir tous les panafricanistes, tous les souverainiste autour du combat qui est celui de la libération de l’Afrique. La réappropriation, par l’Afrique, de ses ressources naturelles, gagner les vrais combat : sécurité et du développement économique et social.