Ousmane Sonko n’a pas fait dans la langue de bois ce jeudi 10 juillet 2025. Il a fait une déclaration en live, à l’occasion de la mise en place du conseil consultatif de Pastef. Le Chef du gouvernement n’a épargné personne. Société Civile, médias et même le Président de la République, en ont pris sur leur grade.
Par Dieynaba TANDIANG
Ousmane Sonko est sorti de ses gongs hier soir. Profitant du lancement du Conseil Nationale de Pastef, il a réglé ses comptes avec les médias, la société civile et l’opposition. Même le Président de la République n’a pas été épargné. Évoquant les récents évènements, notamment la joute verbale entre Badara Gadiaga et le député Amadou Ba. Le parti restera un parti de combat comme il l’a été dans l’opposition pour réaliser les engagements qu’on a pris.
« J’ai beaucoup encaissé. J’ai vu le Président Diomaye et je le lui ai dit, il a le pouvoir d’arrêter tout ce qui se passe actuellement et quand il le désire, mais il ne l’a pas fait. Pourquoi ? ça c’est une autre question. Je suis convaincu qu’avec tout le chemin qu’on a parcouru pour en arriver là, chacun doit vouloir le meilleur pour l’autre », a dit Ousmane Sonko.
Pour l’acolyte de Diomaye, ceux qui disent qu’il (le Président est le gentil, le polie, un homme de paix et que c’est l’autre qui aime les conflits, « on assume parce que c’est le rapport de force qui nous a amené au pouvoir », affirme le leader de Pastef. Pour lui, s’il était à la place de Diomaye, la chose ne se passerait pas ainsi. « Si j’étais à la place que je devais être, il y a des choses qui ne se feront pas dans ce pays », a martelé Ousmane Sonko, qui assure qu’il n’y a pas de problème au Sénégal. « Le Sénégal n’a qu’un seul problème, c’est un problème d’autorité. Il faut que l’on prenne nos responsabilités par rapport à cette situation au cas contraire qu’on me laisse gouverner on verra si cela va continuer. Personne n’est plus éduqué que moi, mais je n’ai jamais accepté l’injustice. Donc que chacun d’entre nous fasse une introspection. Ce n’est pas cette attitude qui va nous maintenir au pouvoir », prévient le chef du gouvernement. « Quiconque pense que nous allons rester passifs face à ces agissements se trompe lourdement », a-t-il averti.
« Nous n’avons pas été élu pour plaire à la Société Civile ou à l’opposition. On n’a pas été élu pour réconcilier une poignée de personnes qui ont tout gâté dans le pays mais qui sont encore plus venimeuses. Parmi les 18 millions de Sénégalais ceux qui se mettent à jaser ne représentent pas 10 000 », a laissé entendre Ousmane Sonko. Toujours laissant libre cours à sa colère il n’a pas hésité à traiter la société civile de « fumier ».
Le patron du Pastef a toutefois prôné le retour au parti. « On ne doit pas exclure le parti dans la gouvernance du pays. Nous devons avoir des espaces d’échange avec la présence du premier ministre, du Président de la République, des responsables du parti, comme on le faisait avant, pour discuter des orientations et des décisions à prendre », plaide-t-il. Pour Ousmane Sonko, rien ne doit se faire sans le parti. « Les leaders du parti devraient connaître la politique diplomatique du pays, les préoccupations sécuritaires, … parce que si ce n’est pas le cas, on fera ce que les autres faisaient et cela produira les mêmes résultats », lâche-t-il.
A ceux qui veulent sa démission, il retorque : « je ne bougerais pas d’un centimètre. J’ai des responsabilités dans ce régime parce que j’ai désigné un candidat, battu campagne avec lui,… pareille à l’Assemblée Nationale. Dieu nous a donné la majorité et personne n’est plus méritant que moi, le jour où le dépositaire du pouvoir constitutionnel n’aura plus besoin de moi et me le fera savoir, je retournerai à l’assemblée nationale pour continuer le travail, mais je n’irai nulle part. je suis théoriquement le chef de la majorité parlementaire, je suis le chef du gouvernement, personne n’est plus méritant que moi dans la gouvernance du pays », a martelé Ousmane Sonko.
Demande d’audience auprès de l’UMS
Le Premier ministre Ousmane Sonko a fermement réagi aux rumeurs évoquant une demande d’audience de sa part auprès de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS). « Que me vaudrait une audience avec l’Union des magistrats ? », a-t-il lancé, rejetant catégoriquement cette idée. « On prétend que je leur ai demandé une audience… Pour quoi faire ? Il y a deux ans, sous l’ancien régime, on leur a fait faire n’importe quoi. Ils n’ont jamais bronché et c’est maintenant qu’ils osent parler », dit-il tout en rappelant que la justice n’est pas la propriété des magistrats. « La justice ne leur appartient pas, et il faut que les choses soient claires », affirme-t-il. Et de rajouter : « Nous sommes l’État, et c’est nous qui orientons l’administration. C’est ça, la logique des choses ».
Les opposants n’étaient pas en reste. Pour Ousmane Sonko, ces derniers n’ont plus de force politique et ils le savent. « Leur stratégie, c’est de mettre le pays dans le chaos nous avons des preuves de tout ce qu’ils sont en train de manigancer ici au pays et à l’étranger. Leur stratégie c’est de désinformer et d’insulter pour créer le chaos dans le pays », soupçonne le chef du gouvernement.
Boycotte TFM
Pour terminer, Ousmane Sonko s’en prend au groupe futur médias : Il a demandé aux membres du Pastef de ne plus fréquenter les télévisions qu’il considère comme des médias qui s’opposent à eux. « Que Pastef arrête d’aller dans des télévisions qui s’opposent à nous », a-t-il tranché. « Je l’ai dit depuis longtemps, même lorsqu’on était dans l’opposition, mais la réponse que l’on me sert toujours est : « Oui, il faut y aller, sinon on laisse la place aux autres. » Pastef, là où il est actuellement, c’est grâce au travail que font les jeunes sur les réseaux sociaux, mais pas les télévisions », a-t-il ajouté. « Allez sur leurs plateaux, il n’y a que des chroniqueurs de l’opposition et tu ne verras jamais là-bas des chroniqueurs de Pastef, et tout le monde s’acharne contre toi. Amadou Bâ s’est heureusement bien défendu. Mais que Pastef n’aille plus dans ces télévisions », décrète-t-il, avant de renchérir : « Qui sont ceux qui écrivent chaque jour de mauvaises choses sur le Pastef ? Ce sont ces télévisions-là. Et si la presse avait un pouvoir, on n’allait jamais accéder à ce stade parce qu’ils ont tout fait pour nous détruire. Par contre, ce n’est pas toute la presse. Ce sont des gens qui sont contre nous, mais moi je leur ferai face […]. Et ceux qui utilisent leurs supports pour nous nuire, je m’opposerai à eux. Et j’assume mes responsabilités», dira-t-il.




