D’après la science, l’enfant, que ça soit un garçon ou une fille, doit être allaité jusqu’au moins 24 mois, soit deux ans. Mais, dans beaucoup de pays d’Afrique, le Sénégal en particulier, ce mécanisme n’est pas tellement respecté pour les bébés garçons qui subissent des sevrages brutaux qui peuvent les conduire à la malnutrition.
Par Idrissa NIASSY
Le sevrage à l’allaitement doit se faire de manière graduelle, même si l’enfant est appelé à téter jusqu’au moins 24 mois. Mais, dans certaines parties du Sénégal, cette date ne soit pas respectée, parce que les bébés garçons sont souvent sevrés à l’âge de 1 an et demi. Et parfois le sevrage se fait brutalement. Ce qui peut conduire l’enfant à tomber dans la malnutrition.
Comme c’est le cas à Touba, la ville religieuse, où beaucoup d’enfants ont subi cette forme de sevrage. Alors que le sevrage brutal peut engendrer plusieurs conséquences, entre autres comme le risque accru d’infection, car, à la naissance, le système immunitaire du bébé n’est pas encore développé et sa protection dépend exclusivement de sa maman, donc du lait maternel ; un risque de développer la malnutrition aigüe ou sévère. Dans ce cas de figure, l’enfant n’est pas habitué à recevoir souvent certains aliments. Ce qui fait que, selon Yacine Fall, superviseure de soins de santé primaire (Ssp) au district de santé de Touba, s’il est sevré brutalement et qu’il doit consommer les aliments que consomment les adultes, il peut avoir des difficultés à digérer. « Et le fait de refuser de s’alimenter peut pousser parfois l’enfant à tomber dans la malnutrition », explique-elle lors du deuxième jour de la caravane de presse sur la malnutrition dans la région de Diourbel organisée dans la ville religieuse de Touba.
Pour elle, même au-delà de 2 ans, l’enfant doit être accompagné. Il doit recevoir des suppléments alimentaires, comme la vitamine A qui se donne à partir de 6 mois. « Et tous les 6 mois jusqu’à 59 mois, l’enfant doit en recevoir », ajoute-t-elle. Selon la superviseure de soins de santé primaire, un enfant qui n’est pas déparasité est souvent anémié ou bien il est souvent sujet à des épisodes de diarrhées qui peuvent être source de la malnutrition.
Des stratégies mises en place pour lutter contre la malnutrition
Dans le district de santé de Touba, des stratégies sont mises en œuvre pour lutter efficacement contre la malnutrition aiguë sévère, dont le taux de prévalence est à 3,17 % en 2024. Ce district qui polarise plus de 1 million d’habitants avec 41 structures de santé dont 9 centres de santés, 32 postes de santé, a vu au niveau desdits centres de santé l’implantation de centres rééducation nutritionnelle (Crem) pour la prise en charge des enfants malnutris.
Au niveau des postes de santé, ce sont des Unités de rééducation nutritionnelle, de prise en charge et de rééducation, communément appelées Urem qui sont installées toujours dans le cadre de la prise en charge de ces enfants. De même qu’au niveau communautaire, avec l’appui des partenaires, des sites communautaires sont aussi installés pour non seulement faire le dépistage, mais la supplémentation en vitamine A et orientent l’enfant si toutefois il est constaté une malnutrition aiguë sévère ou bien une malnutrition aiguë modérée. «Au niveau de toutes ces différentes structures de santé, des acteurs communautaires ont été mis en place pour faire le dépistage de la malnutrition systématiquement chez tous les enfants», a déclaré Yacine Fall. Pour elle, plus l’enfant est dépisté très tôt, plus la prise en charge reste efficace.
La pauvreté pose également beaucoup de difficultés dans cette ville religieuse. Où même la femme, si elle est bien informée concernant l’alimentation de son enfant, ne dispose pas assez de moyens pour bien le nourrir. C’est pourquoi, l’appui des partenaires est essentiel pour le renforcement de l’alimentation chez les populations.
La malnutrition peut se transmettre d’une génération à une autre
Selon Yacine Fall, la malnutrition peut se transmettre d’une génération à une autre. Par exemple, une femme qui n’est pas bien nourrie a tendance à donner naissance à un enfant de faible poids de naissance. Et cet enfant de faible poids de naissance, s’il n’est pas bien suivi, s’il n’est pas bien pris en charge aussi, il peut devenir un enfant malnutri. « Le cycle va recommencer. Ce qui fait que souvent, dans nos consultations de femmes enceintes aussi, on dépiste les cas de malnutrition, et que ce soit modérés ou sévères, on les prend en charge », a-t-elle souligné.
Pour elle, la malnutrition qui concerne les enfants de moins de 5 ans, peut atteindre les femmes enceintes et celle allaitantes. Souvent dans les structures, les sages-femmes aussi dépistent les cas de malnutrition chez cette tranche d’âge, que ce soit les femmes enceintes ou bien les femmes allaitantes. Pour la cible des adolescentes, elles sont demandées d’être supplémentées en fer pour un peu combler les pertes par rapport aux menstrues qu’elles subissent chaque mois. Cela va leur permettre d’être mieux nourries, d’avoir un bon état nutritionnel, et de se préparer vers peut-être les grossesses qui vont venir derrière. Elle a fait part également que sur tous les cas de malnutrition aigüe recensés à Diourbel, les 70 % viennent de Touba, vu la taille démographique de son district.