Située à 150 Km à l’est de Dakar, la région de Diourbel, point de jonction de plusieurs régions (Dakar, Thiès, Kaolack et Fatick), est gravement touchée par la malnutrition aiguë sévère qui reste un problème de santé publique. Malgré la sensibilisation sur l’allaitement maternel exclusif jusqu’au moins deux ans, avec des aliments diversifiés, de nombreuses mères l’ignorent en donnant dès la naissance de l’eau au bébé, sans se rendre compte des conséquences.
Par Idrissa NIASSY
Dans la région de Diourbel, la malnutrition touche de manière disparate les populations. Sur l’axe Diourbel, Touba et Bambey, où l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd) à travers le projet « Santé en lumière », financé par la Fondation Bill et Melinda Gates, a fait une descente à travers une caravane de presse, dans un contexte où la malnutrition reste une problématique de santé publique majeure au Sénégal pour, à partir de cette initiative, chercher à renforcer la visibilité des enjeux nutritionnels dans les zones les plus vulnérables, mais aussi en promouvant les efforts et les bonnes pratiques locales qui méritent d’être soutenus et amplifiés, la ville religieuse de Touba est la plus touchée.
Sur un taux de prévalence de la malnutrition aiguë globale (y compris modérée et sévère) chez les enfants de 0 à 59 mois estimée à environ 17,1 %, soit largement au-dessus de la moyenne nationale qui est de 10 %, les 70 % des cas viennent de Touba. Le retard de croissance (malnutrition chronique) touche environ 17 % des enfants, contre 14,3 % au niveau national. L’insuffisance pondérale concerne environ 22,3 % des enfants (vs 16 % national). Le taux d’allaitement maternel exclusif est inférieur à 30 % dans la région, contre 34 % au niveau national. Dans cette partie de la région de Diourbel avec plus de 1 million d’habitants, des stratégies sont mises en place pour lutter efficacement contre la malnutrition aiguë sévère, dont le taux de prévalence est à 3,17 % en 2024.
Selon Yacine Fall Lo, Superviseur de soins de santé primaire (Ssp), ce district composé de 41 structures de santé dont 9 centres de santés, 32 postes de santé, a vu au niveau desdits centres de santé l’implantation de centres rééducation nutritionnelle (Crem) pour la prise en charge des enfants malnutris. « Au niveau des postes de santé au centre de santé Cheikh Mbacké Madina de Touba, ce sont des Unités de rééducation nutritionnelle, de prise en charge et de rééducation, communément appelées Urem qui sont installées toujours dans le cadre de la prise en charge de ces enfants.
De même qu’au niveau communautaire, avec l’appui des partenaires, des sites communautaires sont aussi installés pour non seulement faire le dépistage, mais la supplémentation en vitamine A et orientent l’enfant si toutefois il est constaté une malnutrition aiguë sévère ou bien une malnutrition aiguë modérée », a-t-elle déclaré. « Au niveau de toutes ces différentes structures de santé, des acteurs communautaires ont été mis en place pour faire le dépistage de la malnutrition systématiquement chez tous les enfants », ajoute-t-elle.
La pauvreté pose également beaucoup de difficultés dans cette ville religieuse où même la femme, si elle est bien sensibilisée sur l’allaitement maternel exclusif et l’alimentation de son enfant après six mois, ne dispose pas d’assez de moyens pour bien le nourrir. C’est pourquoi, l’appui des partenaires est essentiel pour le renforcement de l’alimentation chez les populations.
La malnutrition peut se transmettre d’une génération à une autre
Selon toujours Yacine Fall Lo, la malnutrition peut se transmettre d’une génération à une autre. Par exemple, une femme qui n’est pas bien nourrie a tendance à donner naissance à un enfant de faible poids de naissance. Et cet enfant de faible poids de naissance, s’il n’est pas bien suivi, s’il n’est pas bien pris en charge aussi, il peut devenir un enfant malnutri. « Et ainsi de suite, le cycle va recommencer. Ce qui fait que souvent, dans nos consultations de femmes enceintes aussi, on dépiste les cas de malnutrition, et que ce soit modérés ou sévères, on les prend en charge », a-t-elle souligné.
Pour elle, la malnutrition qui concerne les enfants de moins de 5 ans, peut atteindre les femmes enceintes et celle allaitantes. Souvent dans les structures, les sage-femmes aussi dépistent les cas de malnutrition chez cette tranche d’âge, que ce soit les femmes enceintes ou bien les femmes allaitantes.
Pour la cible des adolescentes, elles sont demandées d’être supplémentées en fer pour un peu combler les pertes par rapport aux menstrues qu’elles subissent chaque mois. Cela va leur permettre d’être mieux bien nourries, d’avoir un bon état nutritionnel, et de se préparer vers peut-être les grossesses qui seront eues derrière. Elle a également fait part qu’au niveau du district de Touba, les 3,81 % concernent les enfants de 6 à 11 mois.
Pour elle, la situation de la malnutrition dans la ville religieuse est due, d’une part, au manque d’information des mères gardiennes des enfants appelées à s’occuper de leur bonne alimentation. Et d’autre part, à la chaleur cause aussi beaucoup de désagréments aux mères allaitantes les obligeant donner de l’eau à leurs enfants, alors que ce liquide précieux présent dans le lait maternel suffit largement pour combler les besoins hydriques de l’enfant.
Mauvaise alimentation, source de la malnutrition
Dans cette partie du Sénégal composée majoritairement de ruraux, les populations s’adonnent principalement à la culture de l’arachide, avec un accès limité aux fruits, légumes et sources de protéines. Ce qui fait que, la dépendance à des cultures peu diversifiées pouvant les procurer des aliments de base riches en protéines et en lipide, est de mise. Car, ces produits locaux peuvent les permettre de combattre la malnutrition, tout en se protégeant contre l’insécurité alimentaire.
La malnutrition survient lorsque l’organisme ne reçoit pas suffisamment de nutriments pour fonctionner correctement. Elle peut prendre la forme de la sous-nutrition, avec émaciation et retard de croissance, mais aussi du surpoids, de l’obésité ou de maladies non transmissibles liées à l’alimentation, comme les maladies cardiovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux, le diabète de type 2 et certains cancers. À Diourbel, la mauvaise récolte peut aussi augmenter la malnutrition. Car les familles qui ne disposent pas assez de revenus, vivent sous le seuil de la pauvreté, avec un faible pouvoir d’achat entraînant un accès limité à une alimentation équilibrée et aux soins de santé. Dans cette partie du pays qui ne connaisse pas une « double charge» de malnutrition, la cible de 0-11 mois est la plus touchée par la malnutrition, même s’il y a des disparités, sur une population de 2 millions 888 mille 281 habitants en 2025.
Les populations des zones périphériques sont les plus exposées, en raison de leurs vulnérabilités psychologiques, sociales et économiques. Il s’agit notamment des jeunes enfants, des femmes enceintes ou allaitantes, ainsi que des communautés rurales les plus isolées. Ces groupes subissent des effets combinés de la pauvreté accrue, des inégalités urbaines/rurales, d’un accès limité aux soins de santé, de la densité et flux migratoires mettant à rude épreuve les ressources alimentaires.