Le nouveau contrat de conception, de financement, de construction, d’exploitation et de maintenance d’une usine de dessalement d’eau de mer sur la Grande Côte comporte bien des avantages pour le contribuable sénégalais. Pour engranger ces gains multiformes, d’intenses négociations ont été menées pour obtenir un meilleur tarif de l’eau au mètre cube (389,8 FCFA le mètre cube contre 427 FCFA auparavant), la maîtrise du coût de l’énergie, entre autres.
Pour cette raison, M. Habib Demba Fall, Coordonnateur de la Cellule Communication et Partenariats de la Société nationale des Eaux du Sénégal (SONES) rassure les consommateurs en marquant son désaccord avec M. Allé Sène Gueye, président de la Fédération des Industries du Sénégal (FNIS). « La renégociation, ainsi que l’a soutenu le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, est bel et bien un exemple de réussite. Le rendez-vous avec le contribuable sénégalais est respecté, à travers l’engagement de cadres sénégalais impliqués dans le Comité technique et qui ont travaillé d’arrache-pied pour renforcer les gains et alléger le budget national au mieux. En leur âme et conscience, ces représentants de la Présidence de la République, du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, du Ministère des Finances et du Budget et du Ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération et du Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines ont défendu les intérêts du Sénégal alors que d’aucuns avaient prédit un échec voire des amendes de plusieurs milliards au contentieux. Ils se sont adossés à la diplomatie qui se nourrit des relations solides entre l’Arabie saoudite et le Sénégal ainsi qu’aux orientations des plus hautes autorités pour sauver ce projet et améliorer le contrat », soutient M. FALL. Le reste est plus une question d’appréciation personnelle.
L’exercice des comparaisons est bon. Cependant, M. FALL estime que le résultat peut être biaisé lorsque les déterminants des prix ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre. Il n’est pas très recommandé de comparer des prix lorsque l’un est subventionné et l’autre non. L’exercice le plus rationnel, indique M. FALL, est de comparer ce qui est comparable, ainsi que le veut l’adage. Sur le prix de 389 FCFA, le Sénégal a inclus les taxes. Ce n’est pas en hors taxes donc. La réalisation est également subventionnée au Maroc par le développeur espagnol à hauteur de 340 millions d’euros, ce qui représente la moitié du coût du projet sénégalais.
Dans le même registre, le Maroc produit des membranes contrairement au Sénégal qui les exporte. Ces pièces hydrauliques sont incontournables dans la désalinisation de l’eau de mer. « Sous ce rapport, le prix ne suffit pas à se faire une opinion sur la portée d’une renégociation. Par exemple, l’interprétation du gap de 203 FCFA entre le tarif de l’eau dessalée de 389 FCFA et le prix de sa revente à la SEN’EAU qui est de 150 FCFA est comblé par les gains tirés des dividendes de la SPV dont la SONES est actionnaire et des ressources générées par la vente du surplus d’énergie à la SENELEC. L’Etat ne sortira pas du cash pour subventionner tout ce gap », soutient notre interlocuteur.
Il est juste cependant que l’on reconnaisse la nécessité, lorsque le partenaire privé supporte tous les coûts et donc tous les risques, que le loyer annuel soir versé. Ce loyer a baissé de 5 milliards environ par an. M. FALL estime également que la procédure d’entente directe est prévue par la loi. « Il est important de dire aux Sénégalais que l’ARCOP a donné son aval pour cette procédure comme d’ailleurs tous les organes intervenant dans le respect des lois et règlements concernés comme la DCMP et l’UNAPPP », rappelle M. FALL.
Pour ne plus retomber dans le cycle fâcheux de retards d’investissements et de pénuries à répétition, le Sénégal a choisi l’anticipation. « Ne l’oublions pas, explique Habib Demba FALL, cette usine de dessalement figure dans le schéma directeur et est une pièce maîtresse dans la lutte contre le stress hydrique dans le triangle Dakar-Mbour-Thiès, qui est la zone de croissance. »
Sur les coûts de constructions, des économies peuvent être faits et le Sénégal a un droit de regard sur les prix qui seront appliqués par les constructeurs recrutés par ACWA POWER. Le nouveau contrat le souligne très clairement.
Pour finir, le Coordonnateur de la Cellule Communication et Partenariats de la SONES rappelle, pour rassurer les Sénégalais, les gains substantiels obtenus alors que le pire était prédit : l’effort de soutenabilité de l’État passe à 17,5 milliards sur la période 2027-2029 et 35 milliards FCFA/an à partir de 2030 contre 20 milliards FCFA à partir de 2027 puis 40 milliards FCFA à partir de 2030 dans l’ancien contrat ; le prix de l’eau dessalée est de 389,8 FCFA/m3 contre 427 FCA/m3 dans le premier contrat ; la capacité de production des deux centrales solaires sera portée à 300 MWc contre 150 MWc dans l’ancien contrat soit le double.
La production supplémentaire sera revendue à la SENELEC au prix de 18 FCFA/KWh, permettant ainsi de baisser le prix de l’eau dessalée et générer des gains au profit de la SENELEC ; la SONES sera actionnaire dans la nouvelle société de gestion de l’Usine de dessalement de la Grande Côte, la SPV-EAU. L’État à travers la SONES, en partenariat avec ACWA POWER, compte mettre en place des projets similaires en Afrique de l’Ouest ; la SENELEC sera actionnaire de la SPV-ENERGIE, la future société de gestion des deux centrales photovoltaïques ; le partenaire est invité à mettre en place un institut de formation des métiers du dessalement en développant des partenariats.