Dans une interview que le professeur Meïssa Babou, économiste nous a accordée sur les retombées économiques qui pourraient découler de la visite en France du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, il estime que sur le plan économique, on peut s’attendre à une redynamisation de notre économie. Il parle d’une demande d’assistance technique du Sénégal dans les domaines de l’élevage et de l’agriculture.
Propos recueillis par Massaër DIA
Comment appréciez la visite du Président Diomaye en France ?
La visite du Président Diomaye en France entre dans la longue histoire que nous partageons avec ce pays. Ce pays qui nous a colonisé mais qui, a prés la colonisation a participé énormément à notre développement socio-culturel avec des investissements majeurs pour les rails, le Port, les universités mais ceci avec une coopération militaire, sur le plan culturel aussi, avec des maisons scolaires sans compter le Franc CFA qu’il nous a imposé pour mieux contrôler noter économie.
En fait, c’est une relation séculaire qui profite davantage à la France mais en tant que pays en développement qui n’avait pas les moyens, sans ressources depuis 1960, nous avons constaté la main mise française à la fois sur notre démocratie, sur notre économie avec la présence d’entreprises françaises dans des domaines comme les ciments, les industries mais aussi avec d’énormes entités sur beaucoup d’autres plans parce qu’on note qu’il y a environ 270 entreprises françaises qui exercent au Sénégal.
Donc le Sénégal qui, aussi, à travers une relation qui date de très longtemps, a bénéficié quand même de l’apport de la coopération française et aujourd’hui européenne mais la France qui est en fait le talon d’Achille et donc, on constate que les sénégalais font beaucoup de commerce avec cette hexagone-là et aujourd’hui, on peut dire que, nous sommes extrêmement liés sur tous les plans même si ces derniers temps, on constate une évolution beaucoup plus souverainiste par rapport à l’aliénation que nous avons subi depuis 1960.
Selon vous est-ce un début de nouveau partenariat avec la France ?
On ne peut pas parler de nouveau partenariat avec la France parce que ce qui a changé, c’est peut-être la gouvernance de notre troisième alternance, une gouvernance axée sur la souveraineté mais cette souveraineté était aussi chantée par l’ancien régime. Aujourd’hui, peut être que cette gouvernance est beaucoup plus patriotique et ça demande une redéfinition de nos relations avec la France et c’est pourquoi, on constate qu’effectivement le Sénégal a très tôt demandé le départ des troupes françaises, ce qui a été fait même si on avait constaté un début de rupture sous le Président Abdoulaye Wade mais au-delà cet aspect, on ne voit pas quelque chose qui dérange véritablement la relation entre nos deux pays. La preuve par ces entreprises aujourd’hui commerciales amis aussi sur le plan des services comme le téléphone, Auchan, etc., ces entreprises sont encore en confiance dans notre pays et jusqu’à présent, on ne peut pas dire qu’il y a des problèmes particuliers pour qu’on parle de nouvelles relations ou de nouveaux partenariats. Je crois qu’il y a une autre perception de la relation qu’il faudra redéfinir.
Quelles sont les retombées économiques d’une telle visite ?
Sur le plan économique, on peut aussi s’attendre à une redynamisation de notre économie par rapport aux projets qui sont ficelés par le gouvernement. N’oubliez pas que, notre TER est français et des bus, beaucoup de ces bus peuvent aussi d’origine française notamment avec la marque Renaud. Mais au-delà, il y a peut-être les aspects socio-culturels parce que la maison culturelle française joue un rôle important, pourquoi pas des festivals d’art mais aussi sur le plan de l’encadrement au niveau agricole et au niveau de l’élevage, on peut aussi s’attendre à une nouvelle demande sénégalaise pour une assistance technique dans ces deux domaines-là.
Le Premier ministre Ousmane Sonko est attendu aussi en France pour un séminaire gouvernemental, comment analysez-vous cela ?
Je crois que la rencontre entre les deux gouvernements, qui n’est pas une première, il faut rappeler, je crois que c’était la cinquième du genre. En 2022, c’était, la dernière rencontre entre les deux gouvernements dirigés par les deux premiers ministres et cette fois-ci aussi, je crois que ce n’est pas à Dakar mais plutôt à Paris parce que en fait, très souvent, il y a certaines réunions qui peuvent être tenues ici au Sénégal. Je crois ce rond-up permettra de faire des analyses sectorielles qui pourront déboucher sur des avancées majeures sur le plan économique et culturel.
En fait, il s’agit de la visite du Premier ministre Ousmane Sonko pour ce rond-up-là parce que généralement ces réunions-là sont conduite par les premiers ministres des deux pays.
