À l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a célébré le vendredi 10 octobre 2025, la 33èmeédition de la Journée mondiale de la santé mentale. Organisée par le ministère de la Santé et l’Hygiène Publique, à travers la Division de la santé mentale, cette Journée est une occasion de promouvoir l’accès aux services de santé mentale et de soutien psychosocial en contexte de catastrophes et d’urgences sanitaires.
Par Idrissa NIASSY
« Après prise en charge, il faudrait qu’on redonne à la personne sa dignité pour qu’elle puisse avoir une place dans la société ». Tel est le cri de cœur de Abdoulaye Gueye, président du Réseau des organisations pour la promotion de la santé mentale (Reposams). Selon lui, ces personnes atteintes de déficience mentale sont des êtres humains. « Il faudrait que nous sachions que nous avons affaire à des êtres humains, même s’ils sont malades », a-t-il fait valoir. « Si nous voulons travailler avec ces êtres humains-là, si nous voulons les aider, les accompagner, il faudrait vraiment tenir compte des droits humains. Parce que chacun a ses droits. Même quelqu’un qui est malade peut devenir demain guéri », ajoute-t-il.
Abdoulaye Gueye s’exprimait au nom de toutes les Associations qui travaillent dans la promotion de la santé mentale, en marge de la 33ème édition de la Journée mondiale de la santé mentale organisée par le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, à travers la Division de la santé mentale. Le thème de cette année est axée sur : « Accès aux services de santé mentale en situations de catastrophe et d’urgence ». Cette Journée a pour objectif de promouvoir l’accès aux services de santé mentale et de soutien psychosocial en contexte de catastrophes et d’urgences sanitaires.
M.Gueye invite les autorités sanitaires à tenir compte de ces nombreux paramètres qui entourent leur accompagnement. Ces associations ont beaucoup d’acteurs au niveau des régions, où ils descendent sur le terrain pour travailler à chaque fois que le besoin se fait sentir pour la promotion de la santé mentale. C’est pourquoi, il plaide auprès des autorités sanitaires, pour la formation de tous les acteurs. « Nous, Association, nous avons besoin de beaucoup de formation pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde », a-t-il déclaré.
« Il faut que les gens se comprennent, que c’est bien beau d’avoir la volonté de travailler dans la promotion de la santé mentale, mais il faut dire aussi qu’il y a des normes, des règles qu’il faut respecter et des barrières qu’il ne faut pas franchir », ajoute-t-il. Avant de demander de continuer la réflexion pour que la promotion de la santé mentale soit une réalité au Sénégal. « Nous, intercommunautaires, nous sommes prêts à vous accompagner. Avec Dr Maïmouna Dièye, nous avons beaucoup d’espoir, parce que nous avons beaucoup travaillé ensemble dans la promotion de la santé mentale », a-t-il conclu.
La santé mentale et le soutien psychosocial, un pilier essentiel
Prenant la parole, la Représentante de l’Oms, Mme Lila Pieters Yahya a rappelé que les États ont la responsabilité de préserver la santé mentale avant, pendant et après les crises. Selon elle, une (1) sur cinq (5) souffre de troubles mentaux nécessitant des soins professionnels. C’est pourquoi, il invite les autorités à intégrer la santé mentale et le soutien psychosocial dans les plans de préparation et de riposte aux urgences qui est une stratégie qui reste malheureusement insuffisante dans la région africaine, même s’ils sont un pilier essentiel, particulièrement pour les personnes confrontées à des catastrophes ou à des événements traumatisants. Alors qu’elle est la plus touchée au monde par les urgences de santé publique, avec plus de 100 événements majeurs chaque année, dont les maladies à virus Ébola, le choléra, les inondations, les conflits armés, entre autres. « Les soins de santé mentale ne sont pas un luxe, mais un besoin vital, surtout en temps de crise. Raison pour laquelle, nous devons nous engager à renforcer le système, à accroître les investissements et à coordonner notre action », a-t-elle conclu.
La loi relative au traitement des maladies mentales révisées
Venu présider la cérémonie d’ouverture de la Journée mondiale de la santé mentale, Serigne Mbaye, Secrétaire général du ministère de la Santé et l’Hygiène Publique, a fait savoir que la loi 75-80 relative au traitement des maladies mentales et au régime d’intervention a été révisée. « Nous avons également procédé à l’élaboration d’un plan stratégique santé mentale 2025-2029. Dans la même foulée, on peut noter qu’au niveau de l’hôpital psychiatrique, il y a également une nouvelle gouvernance », a-t-il déclaré. « Au niveau de la Division santé mentale, au niveau du ministère de la Santé, on a également une nouvelle chef de division », ajoute-t-il.
Serigne Mbaye est revenu aussi sur le manque de psychiatre au niveau national. Car, sur les 14 régions, seules 9 disposent de psychiatre. « La problématique des maladies mentales est rapide. Donc, il nous faut régler ce gap », a-t-il dit. Le Secrétaire général a profité de cette occasion pour lancer un appel aux familles. « Le médicament le plus efficace, la structure la mieux équipée ne saurait remplacer la famille », a-t-il fait savoir.
Et de poursuivre : « les plateaux techniques, médicaux, les cadres, les personnels, les experts les plus affidés ne peuvent pas remplacer la famille, qui a un rôle important à jouer dans le cadre de la préservation de la santé mentale. Une présence rassurante, affectueuse et sécurisante est la meilleure solution, le meilleur rempart contre les troubles de l’esprit ».
