L’analyste politique Assane Samb prédit un « éclatement » de la Coalition « Diomaye Président » si Pastef décide de partir « en solo » aux élections législatives anticipées prévues le 17 novembre 2024.
Par Ousmane THIANE
Le parti Pastef projette d’aller seul aux élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Cette démarche solitaire suscite l’incompréhension chez l’analyste politique Assane Samb. « Nous avons entendu d’après certaines sources que Pastef va aller en solo aux élections législatives. Jusqu’ici rien a été décidé ou programmé sein de la coalition « Diomaye Président » alors qu’il ne reste que quelques jours pour déposer les listes. Cela veut dire que peut être certainement Pastef compte aller en solo. Ce qui pour moi serait surprenant », a-t-il réagi d’emblée. Le journaliste est formel.
Pour lui, une telle décision serait source de « frustration » et précipiterait l’« éclatement» de la coalition « Diomaye Président ». « Quand on arrive au pouvoir dans le cadre d’une coalition et que certains leaders de celle-ci sont aujourd’hui nommés ministres, Directeurs généraux, dans des postes importants, haut représentant, entre autres, il est important également d’aller ensemble aux élections législatives qui sont extrêmement importantes. Ne pas le faire, c’est créer les conditions d’une frustration au sein de la coalition, d’un éclatement de cette dernière, parce que ce sera fini. Qu’est-ce que les gens vont y faire si on ne peut pas aller ensemble aux élections ? Ce serait une forme de trahison des idéaux de la coalition et une forme de condescendance et d’arrogance qui voudrait que Pastef se sente assez mûre, assez bien organisé et assez bien implanté pour aller seul. Ça, je pense que ce serait une erreur monumentale », analyse-t-il.
« Si Pastef commet l’erreur de perdre les élections, il va perdre pratiquement perdre le pouvoir »
De l’avis d’Assane Samb, la meilleure approche pour Pastefserait d’aller aux législatives anticipées dans le cadre de la coalition ayant porté Diomaye à la magistrature suprême tout en ratissant large afin d’assoir une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale.
« Ce qu’il faudrait par contre, c’est d’essayer de travailler ensemble politiquement même si les investitures seront très difficiles; il faut essayer de convaincre les leaders à aller ensemble et ratisser large au-delà même de ‘‘Diomaye Président’’. Il faut augmenter un peu le volume pour avoir davantage d’ancrage dans chaque département du pays dans le souci de maximiser ses chances de gagner.
Bien sûr, le parti aura beaucoup plus de députés que les autres ; il aura beaucoup plus de vice-présidents que d’autres ; le président (de l’Assemblée nationale, ndlr) viendra certainement des rangs de Pastef. Mais il ne faut pas exclure les autres », préconise-t-il. «
Exclure les autres, ce serait suicidaire en ce sens que tous ceux qui sont frustrés pourraient tomber entre les mains d’une opposition qui n’a pas dit son dernier mot », prévient notre interlocuteur. Assane Samb met ainsi en garde contre une éventuelle défaite de Pastef à ces joutes électorales.
« Si Pastef commet l’erreur de perdre les élections, il va perdre pratiquement le pouvoir parce qu’on serait dans une situation de cohabitation avec une opposition qui ne va pas lui permettre de gouverner correctement, de faire aboutir les réformes au niveau de l’Assemblée nationale. Ce sera pratiquement fini pour le pouvoir de Pastef. Je pense que c’est un risque à ne pas prendre. Comme ils sont ensemble, ils n’ont qu’à aller ensemble aux élections même si quelque part, il me semble que c’est déjà trop tard. Rester à quelques jours du dépôt de listes sans aucune réunion d’investiture, me semble être déjà quelque chose de maladroit dans la démarche », a-t-il prédit.