Par sa stratégie de déconstruction du discours du leader de Pastef, le maire de Dakar, Barthélémy Dias impose la dualité à Ousmane Sonko.
Par Ibrahima DIOP
Entre Ousmane Sonko et Barthélémy Dias, le duel à mort risque de laisser beaucoup de séquelles qui vont certainement configurer l’offre électorale de l’après législatives 2024. Que personne ne s’y trompe: les deux hommes mènent un combat direct sans procuration, avec un objectif assumé de part et d’autre: occuper la scène médiatique, se préparer à être dans les startingblocks en 2029, date de la prochaine élection présidentielle.
Ousmane Sonko continue de dérouler sa stratégie, la même : dénoncer, attaquer le système, désigner des boucs émissaires, les destiner à la guillotine. Autant la ficelle est grosse, vraisemblable ou invraisemblable, autant elle prend dans un pays composé de 49% d’analphabètes. La dernière en date: Ousmane Sonko a révélé le dimanche 27 octobre à Thiès qu’un montant de 1000 milliards de F Cfa a été découvert sur le compte d’un ancien cacique du régime de Macky Sall. Vrai ou faux ?
L’information a fait le tour de la toile et fait l’objet d’un large partage depuis lors. Ce positionnement dans la dénonciation et les accusations dans la sphère publique ont fait de lui un acteur politique incontournable du Sénégal. Mais sur ce terrain de l’occupation médiatique, Ousmane Sonko a désormais un adversaire déclaré et assumé.
Barthélémy Dias est en effet décidé à le poursuivre jusque dans ses derniers retranchements. Même pour chercher un slogan de campagne, il n’est pas allé loin: il a surnommé son adversaire Mimi (Menteur, Incompétent, Manipulateur, Incapable) Cet argument de campagne détonne dans un pays où une grande partie des intellectuels et de la classe moyenne observe de plus en plus de la distance face aux déclarations de Ousmane Sonko. Var à l’appui, Barthélémy Dias s’est en effet lancé dans une entreprise de déconstruction du discours de son challenger en le mettant devant ses nombreuses promesses d’hier.
S’ils sont de la même génération, beaucoup de choses séparent ces deux rivaux en politique. Dans ses expressions publiques, Ousmane Sonko parle aux Sénégalais, à une jeunesse désemparée, aux classes populaires qui peinent à joindre les deux bouts et à une nouvelle race de Sénégalais. La stratégie a payé en 2024 avec l’élection de son poulain Bassirou Diomaye Diakhar Faye à la tête du pays.
Barthélémy Dias connaît l’importance de cet électorat volatile au niveau d’études peu relevé et consommateur de tout ce qu’on lui donne en termes d’informations. Sur ce terreau fertile des classes populaires et de la jeunesse, sociologiquement majoritaire dans le pays, se joue une grande partie de l’avenir du Sénégal. Les ressorts et les déterminants du vote sont irrationnels et s’appuient sur des perceptions. Peu importe la vérité qu’on leur sert, pourvu simplement que la ficelle soit grosse et que le bouc émissaire soit désigné et prêt à être livré à la vindicte populaire. En bons psycho-sociologues capables de faire une lecture rapide des mutations sociologiques et anthropologiques de la société sénégalaise, tous les deux, Ousmane Sonko et Barthélémy Dias savent que 2029 se joue là, dans la capacité à mobiliser cet électorat et à lui parler.
Si tous les deux ont leur stratégie clés en main, ils ne partagent pas pour autant les mêmes profils et n’ont pas les mêmes traits de caractère.
Pour Sonko, tous les moyens sont légaux, l’essentiel est d’atteindre son objectif. Quitte à accuser sans donner les preuves, à promettre sans être sûr que la parole donnée sera respectée. Le nouveau Sénégalais est ce qu’il est, souvent irrationnel, peu cérébral, émotif jusqu’à la moelle épinière. En temps de crise, ils aiment les baobabs que l’on destine à l’échafaudage.
Barthélémy Dias est tout le contraire de Sonko. C’est un homme vrai, authentique et cash, des traits de caractère qui le poussent souvent à quelques écarts de langage comme la semaine dernière où il s’en est pris à des militants de Sonko qui voulaient le déstabiliser et saboter sa venue à Tamba. C’est sur le terrain de la vérité en opposition au mensonge que Barthelemy Dias a désormais placé le curseur, convoquant les religions révélées et prenant à témoin les musulmans et les chrétiens.
Tous les deux ont déjà affiché leur stratégie en mode d’emploi fast track, présidence 2029. A l’arrivée il n’y en aura qu’un pour le fauteuil présidentiel.
Barthélémy Diasl’a dit : « Sonko va m’enterrer politiquement ou je vais l’enterrer ».
Vers un combat épique !!!!