Le Président du mouvement Gueum Sa Bop, Bougane Gueye Dany est sorti de sa réserve, suite à la visite, ce week-end, du Premier Ministre Ousmane Sonko au Burkina. Dans une contribution dont copie nous a été transmise hier, intitulé : « l’alignement farfelu du Sénégal derrière les juntes ! Dakar guide et impulse », il s’insurge contre l’attitude des tenants du régime actuel vis-à-vis de la junte.
Par Ibrahima DIOP
« Depuis l’intronisation du Président Bassirou Diomaye Faye flanqué de son super puissant et encombrant Premier ministre, un virage inquiétant semble s’opérer dans l’orientation diplomatique du Sénégal », a constaté Bougane dans une contribution publiée hier. Il poursuit : « l’un des épisodes les plus révélateurs de ce changement est sans doute le récent déplacement de Ousmane Sonko à Ouagadougou, capitale d’un pays aujourd’hui dirigé par une junte militaire. Ce geste diplomatique a des implications lourdes et appelle à une réflexion sérieuse sur l’image et la ligne historique de notre diplomatie ».
Il a rappelé que le Sénégal, de par sa trajectoire, est reconnu comme un sanctuaire démocratique en Afrique : Alternance pacifique, État de droit, respect des libertés publiques et des engagements internationaux. « Autant de principes qui font notre fierté collective. Les multiples transitions démocratiques depuis 2000 prouvent que, malgré les velléités des différents régimes, la démocratie sénégalaise est ancrée dans la maturité du peuple et de ses institutions », se souvient-il.
Dès lors, se demande Bougane : « pourquoi ce besoin, presque obsessionnel, de se rapprocher de régimes militaires ? Quelle fascination pousse le Premier ministre à tourner le dos aux capitales démocratiques pour une alliance démoniaque avec des juntes adeptes de la baïonnette et hostiles à la carte d’électeur ? ». Selon le président du mouvement Gueum Sa Bop, sur le plan diplomatique, cette posture soulève une contradiction majeure. Alors que le Président Diomaye Faye effectuait une visite officielle à Abidjan, dans un esprit d’apaisement et tradition diplomatique, son Premier ministre faisait le choix, dans la foulée, de s’afficher à Ouagadougou ! « Ousmane Sonko ne saurait ignorer les relations nauséeuses entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso marquées par des tensions sérieuses et alimentées au quotidien par des accusations d’ingérence », relève-t-il. Et de se demander encore : « Quelle image veut-on donner du Sénégal ? Celle d’un pays qui joue sur deux tableaux ? Ou celle d’un État qui brise les ponts de la cohérence diplomatique au nom d’un agenda idéologique mal conçu et contre-productif ? ».
Pour Bougane, ce que le monde attend du Sénégal, c’est une diplomatie qui inspire, qui guide et qui incarne l’exemple. « Rien que la crise Ivoirienne de 2002 et le dossier Palestinien le prouvent à suffisance. L’alternance démocratique pacifique de mars 2024 en est également une parfaite illustration », signale-t-il, avant d’ajouter que « notre leadership régional s’est construit sur une vision claire, respectueuse des règles, des partenaires et des peuples. Il ne peut être dilapidé au profit d’une rhétorique révolutionnaire vide et vile, qui confond souveraineté avec repli, et insoumission avec provocation ». Bougane Gueye de signaler : « notre pays est écouté et respecté parce qu’il est stable, démocratique et crédible. Cette diplomatie de prestige s’est construite grâce à des hommes d’État visionnaires. Elle ne saurait être sacrifiée sur l’autel d’une aventure politique sans boussole ».