Pour réactualiser l’héritage de celle que l’on appelait «La Dame de Kabrousse», Aline Sitoé Diatta pour ne pas la nommer, un Symposium sera organisé le 22 mai 2025, à Ziguinchor. Ce colloque réunira des chercheurs issus des universités sénégalaises et des sommités internationales.
Par Idrissa NIASSY
Le 22 mai 2025, aura lieu à l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz), le Symposium marquant la célébration des 80 ans de la disparition d’Aline Sitoé Diatta, une figure de proue et une héroïne de la résistance contre la colonisation française. Née en 1920 à Kabrousse, au sud du Sénégal, plus précisément dans la région de Ziguinchor, département d’Oussouye, et morte en 1944 à Tombouctou, au Mali, celle appelée «La Dame de Kabrousse», est une figure marquante de la résistance contre l’oppression coloniale.
C’est pourquoi, durant ce colloque organisé sous l’initiative du Mouvement de pensée Impluvium, et co-organisé avec l’Association sénégalaise de philosophie (Asephi), le Laboratoire de recherche en sciences économiques et sociales (Larses) de l’Uasz, le Laboratoire de recherches sur les institutions et la croissance (Linc) de l’Ucad, est une occasion inédite pour réactualiser son héritage à l’aune des défis contemporains. Selon un communiqué qui nous est parvenu, ce Symposium réunira plusieurs chercheurs issus des universités sénégalaises, instituts de recherche nationaux et internationaux et des personnalités qui apporteront leurs réflexions et contributions afin d’approfondir les thèmes de discussion.
Ainsi, les communications porteront entre autres, sur l’identité et culture chez Aline Sitoé Diatta ; la conception de la liberté, la dignité, la résistance et la désobéissance civile, l’autonomisation de la femme, la conception du développement endogène chez elle. Cette héroïne avait décidé, à l’âge de 18 ans, de voler de ses propres ailes. C’est ainsi, qu’elle s’est rendue à Ziguinchor pour travailler comme docker et gagner sa vie.
Pendant la saison sèche, elle rejoint Dakar et y trouve un emploi de femme de ménage chez un colon français. C’est dans la capitale qu’elle entend, pour la première fois, des voix lui intimant l’ordre de libérer son peuple de l’administration coloniale. Elle est d’abord réticente mais elle finit par accepter cette mission et retourne en Casamance.
Son engagement repose sur un idéal de liberté et d’égalité, inspiré de la culture diola, où l’infériorité d’un individu par rapport à un autre est inconcevable. C ’est ce principe fondamental qui a guidé le combat qu’elle a mené avec intelligence et une détermination sans faille. Sitôt arrivée à Kabrousse, Aline Sitoé Diatta appelle les villageois à la désobéissance civile qui se définit comme « le refus de se soumettre à une loi inique, à un pouvoir dictatorial ou la résistance à une décision injuste ou à un régime qui viole les droits humains », selon Henry David Thoreau, auteur de Civil disobedience (1849).
À l’instar de Gandhi ou de Martin Luther King, elle initia, de manière non-violente, un mouvement de désobéissance civile au nom de l’intérêt général de sa communauté. Ce qu’elle prêchait, c’était un triple refus : refus de payer l’impôt, refus de cultiver l’arachide destinée à l’exportation et refus de s’enrôler dans l’armée française qui avait besoin de combattants pour mettre fin à l’occupation de la France par l’Allemagne hitlérienne. Le face-à-face entre Aline Sitoé et le pouvoir colonial ne se situa qu’entre 1942 et 1943 mais son message survécut jusque dans les années 1980 à travers les chansons cultuelles du Kassa.