Invité jeudi soir dans l’édition spéciale de la chaîne Walf Tv, Cheikh Oumar Anne a analysé les résultats des élections législatives.
Par Ibrahima DIOP
Après avoir salué la maturité et le sens républicain du peuple sénégalais, le maire de Ndioum a félicité le parti Pastef pour sa victoire ainsi que l’administration pour la bonne organisation de scrutin de dimanche dernier. « Les Sénégalais leur ont donné tous les moyens pour gouverner. Sans faux-fuyant, on leur demande de travailler, parce qu’ils n’ont plus d’excuses. Si le peuple avait jugé l’action du nouveau régime, ils n’auraient pas eu ces résultats. Ce n’est pas un raz-de-marée. Les résultats des élections législatives sont la confirmation de la victoire de Diomaye à la Présidentielle, mais au rabais. Sonko a eu 54% comme Diomaye. Donc par rapport au pourcentage, il n’y a pas eu d’évolution. Comme je l’ai dit tantôt, c’est juste une confirmation au rabais de la victoire de Diomaye », a relevé Cheikh Oumar Anne. En effet rappelle-t-il, peu plus de 2 400 000 électeurs avaient voté pour Diomaye, alors que Ousmane Sonko n’a eu qu’environ 1 900 000 votants. « En 8 mois, ils ont perdu plus de 400 000 voix. C’est énorme. J’analyse de façon factuelle », a-t-il laissé entendre.
Revenant sur le score de sa coalition, notamment Jamm Ak Njarin, Cheikh Oumar Anne estime que les résultats sont « très honorables », « vu les conditions dans lesquelles nous sommes partis aux élections ». « Nous avons commencé le 9 septembre avec le lancement de la Nouvelle responsabilité. 3 jours après, le 12 septembre, l’Assemblée nationale a été dissoute. On n’avait aucun responsable départemental. Nous étions en train de nous organiser », a-t-il souligné.
Pour lui, le principal pari de l’opposition aujourd’hui, « c’est de mener une dynamique unitaire à l’Assemblée nationale et au niveau de la base ». En effet « il y a des différends qu’on doit dépasser. Il faudra qu’on essaye d’avoir deux groupes parlementaires. Je suis persuadé que si nous avons une démarche unitaire à l’Assemblée nationale et à la base, nous les battrons », dit-il, confiant.
Relations avec Macky Sall
Cheikh Oumar Anne a été interpelé sur ses relations avec l’ancien président de la République Macky Sall, avec qui il a rompu pour créer avec le poulain de ce dernier, notamment Amadou Ba, « La Nouvelle Responsabilité ». « On est en politique. J’ai été attaqué et j’ai répondu. Macky Sall était derrière les attaques. Il a même fait des audios pour nous attaquer », accuse-t-il, avant de préciser : « je n’ai pas de problèmes personnels avec lui. Nous sommes des amis. On peut avoir des contradictions politiques, mais il n’y a aucune animosité entre nous. S’il ne nous attaque pas, il n’y aura pas de problème. Quiconque m’attaque sur le terrain politique, je répondrais. Je l’ai soutenu, parce que c’est avant tout mon ami. Avant de me nommer, j’avais décliné ses propositions. Nous ne nous battons pas contre lui. Si c’était le cas, ça ne se passerait pas comme ça. Depuis 2017, contre l’avis de Macky Sall, j’ai toujours gagné dans le département de Podor. Et notre victoire dans le département de Podor à ces élections législatives a conforté ma position de leader dans cette localité », affirme M. Anne.
Il a profité de l’occasion pour inviter celui qui l’avait défié, disant même qu’il allait démissionner, s’il perdait contre son poulain Moussa Sarr, de tenir sa parole. « On attend sa déclaration », déclare-t-il.
Mise en place de la Haute Cour de justice
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur a décliné leurs ambitions une fois que la 15e législature sera officiellement installée. « Le vote est personnel. Ceux qui disent que Macky Sall doit être jugé sont des politiciens. Attendez qu’il y ait un dossier contre Macky Sall. La mise en place de la Haute Cour de justice est prévue par les textes, mais l’accusation, c’est autre chose. Il faut un dossier solide pour accuser quelqu’un. Et en plus, il y a la présomption d’innocence. Aujourd’hui, le seul dossier qui est prêt pour la Haute Cour de justice, est celui de l’ONAS où il y a des accusations très graves. Le nouveau régime doit faire attention à l’opinion. ‘Lii raam ci niak bi la dieum’. Nous n’accepterons pas un parti-Etat dans ce pays. Il faut que cela soit très clair. Ousmane Sonko n’a pas assez de légitimité pour opérer des changements dans notre Constitution. C’est un électeur sur quatre qui a voté pour lui. On ne va pas accepter qu’on change notre Constitution pour satisfaire les désidératas d’une seule personne. Les gens feront face. S’il veut opérer certains changements, il n’a qu’à passer par la voie référendaire », a prévenu Cheikh Oumar Anne.