L’Alliance Pour la République (APR) a saisi, par lettre en date du 26 mars 2025, Monsieur Majdi Debbich, Représentant Résident du FMI à Dakar, pour contester, dans le fond comme dans la forme, le rapport prêté à la Cour des Comptes, et en même temps solliciter la tenue d’une rencontre de travail avec les représentants du Fonds, afin de présenter leurs réponses précises aux accusations « tendancieuses » brandies par le Gouvernement.
Par Dieynaba TANDIANG
Selon un communiqué transmis ce mercredi soir à la rédaction Lii quotidien, le Secrétariat Exécutif Nationale affirme que « le FMI n’a en aucun cas validé les chiffres du rapport de la Cour des Comptes ». « Ce mercredi, 26 mars, le Fonds Monétaire International vient de publier sur son site internet le compte-rendu de sa mission au Sénégal et nous informe qu’il n’a en aucun cas validé les chiffres du rapport de la Cour des Comptes. Au contraire, il s’est contenté de constater et d’examiner les chiffres annoncés par le Gouvernement sur le déficit et la dette, entre 2019 et 2023, et a promis de discuter d’éventuelles mesures correctrices », lit-on dans le communiqué.
Pour l’APR, cette position de principe, réaffirmée par Edward Gemayel durant son interview accordée à la Télé Futurs Médias, se réfère à une base de confiance et de respect de la souveraineté des États en matière de production des statistiques de la dette publique. « Par conséquent, le FMI ne valide pas de chiffres sur l’encours de la dette, il constate, discute et accompagne les réformes nécessaires, contrairement aux manipulations grossières, qui veulent conférer au FMI un rôle de validation officielle des données du rapport de la Cour des Comptes », estime le SEN de l’APR.
C’est la raison pour laquelle, indique l’Alliance Pour la République, « face aux manipulations sur une supposée validation par le FMI des accusations du Gouvernement, l’Alliance Pour la République a immédiatement saisi, par lettre en date du 26 mars 2025, Monsieur Majdi DEBBICH, Représentant Résident du FMI à Dakar, pour contester, dans le fond comme dans la forme, le rapport prêté à la Cour des Comptes, et en même temps solliciter la tenue d’une rencontre de travail avec les représentants du Fonds, afin de présenter nos réponses précises aux accusations tendancieuses brandies par le Gouvernement ».
En effet, précise-t-on dans le communiqué, le Secrétariat exécutif national, des informations fiables leur sont parvenues ces dernières semaines, « qui confirment une procédure d’audit viciée et tendancieuse ». « Au demeurant, nous avons travaillé avec nos experts pour produire un document chiffré, précis et exhaustif remettant en cause ce qui relève d’une grossière manipulation politicienne. Notre démarche, empreinte de responsabilité et de rigueur, consiste à mettre à la disposition du FMI toutes les informations pertinentes, afin de l’aider à avoir une compréhension claire et définitive sur ce dossier, loin des manipulations populistes du régime », explique-t-on dans le document.
FMI : « Nous sommes en train de revoir le rapport avec les autorités, le contenu rapport et de ce qui s’est passé »
« Parmi les nombreux griefs contenus dans la lettre adressée au FMI, nous pouvons d’ores et déjà citer le non-respect par la Chambre des affaires budgétaires et financières de la Cour des Comptes, des dispositions de la loi n° 2012/22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques. Aussi, nulle part dans le processus, les anciens ministres et directeurs en charge des Finances, dans la période visée par le rapport, n’ont été sollicités au nom du principe sacro-saint du contradictoire, afin de leur permettre d’apporter des réponses sur des manquements relevés par le rapport provisoire », détaille-t-on dans le texte. Toujours selon le communiqué, « Nous avons informé le FMI de notre souhait de tenir une réunion de travail, dans les meilleurs délais possibles, avec une délégation du SEN et de hauts responsables gouvernementaux de l’ancien régime, dont la composition est déjà transmise au FMI, en vue de présenter des éléments de preuve irréfutables, qui sans aucun doute vont restaurer la vérité et préserver le prestige et la crédibilité de la signature du Sénégal ».
Dans une interview accordée à la TFM ce mercredi, le Chef de la mission du Fonds monétaire international, Edward Gemayel interrogé sur la confirmation des chiffres (erronés) annoncés dans le rapport de la Cour des Comptes, a déclaré que « c’est le rapport de la Cour des Comptes publié le 12 février qui a constaté qu’il y avait une dette équivalente de 25 pour cent du PIB qui a été non déclaré et c’est selon ce rapport que nous constatons ce chiffre ». Relancé par le journaliste sur la validation, par le FMI de l’écart de 7000 milliards de dollars, M. Gemayel répond que « beaucoup de choses ont été dites et ce que nous sommes actuellement en train de faire dans le contexte de cette visite, c’est de revoir le rapport avec les autorités, de voir le contenu de ce qui s’est passé, comment ça s’est passé et discuter de mesures pour qu’éventuellement ces faits ne se reproduisent plus ».
Il a, en outre, indiqué qu’au final, le dernier mot revient au Conseil d’administration du FMI. « A notre retour nous allons préparer un rapport pour notre direction et c’est elle qui va décider de la prochaine étape ».