Le gouvernement du Sénégal, à travers le Pnlp, le Centre international de recherche et de formation en génomique appliquée et de surveillance sanitaire (CIGASS) de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) et la Faculté de médecine, pharmacie et odontologie, organise la Réunion annuelle du Projet sur la génomique appliquée au paludisme pour la prise de décision. Cette rencontre qui se déroule du 3 au 7 mars 2025 à Dakar, permettra de partager les résultats d’une vingtaine d’années de recherche sur cette maladie.
Par Idrissa NIASSY
Aujourd’hui, des avancées significatives ont été réalisées non seulement dans la prévention, mais dans le contrôle et l’élimination du paludisme au Sénégal. Mais tout cela, grâce aux progrès réalisés en génomique appliquée à la lutte contre le paludisme par le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) et le Centre international de recherche et de formation en génomique appliquée et de surveillance sanitaire (Cigass) de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) dirigé par le Professeur Daouda Ndiaye. Cela a été possible avec l’intégration de la plateforme Terra qui est un outil cloud innovant permettant l’analyse des données génomiques, et le Dashboard, un système de surveillance sanitaire mis à la disposition du Pnlp pour un suivi en temps réel des indicateurs de transmission du paludisme et la réadaptation des stratégies. Ces innovations ont permis au Sénégal d’être leader dans la recherche et l’innovation contre le paludisme.
Selon le professeur Daouda Ndiaye, ces innovations ouvrent de nouvelles perspectives pour l’optimisation des stratégies de contrôle et d’élimination de la maladie en Afrique. « Le Sénégal est aujourd’hui une fierté dans la lutte contre le paludisme grâce aux résultats démontrés par le Pnlp et le Cigass », a-t-il déclaré lors de la cérémonie d’ouverture de la Réunion annuelle du Projet sur la génomique appliquée au paludisme pour la prise de décision qui se déroule du 3 au 7 mars 2025 dans la capitale sénégalaise, au siège du Cigass.
Cet événement majeur regroupe des experts venant de tous les pays du monde, de grandes institutions de financement et de recherche telles que l’Université de Harvard, la Fondation Gates, le Broad Institute du Mit, l’Institute for Disease Modeling (Idm), ainsi que des représentants du Pnlp du Sénégal et du ministère de la Santé et de l’Action Sociale, sur qui on peut compter pour l’élimination du paludisme. Plusieurs experts venant de pays africains, dont le Burkina Faso, la Gambie, la Zambie entre autres, sont également présents à ce grand rendez-vous.
Pour le professeur cet événement permet de discuter des résultats réalisés par le Cigass avec le ministère de la Santé, mais aussi de partager les innovations technologiques, les travaux de recherche menés durant ces 20 dernières années et qui ont permis à l’Afrique, en particulier le Sénégal, d’avoir d’excellents résultats dans la lutte contre cette maladie qui a fait et continue de faire autant de victimes dans cette partie du monde. «Nous sommes là également, pour montrer au pays, montrer au monde, avec la forte collaboration de l’Université de Harvard, notre principal partenaire technique, Engelbrod, et l’Idm également de Seattle, comment nous avons fait pour arriver ici et arriver à mettre en place des outils », a-t-il expliqué. Cette rencontre est aussi une occasion de faire une formation sur le nomadisme.
La tutelle se félicite du leadership du Sénégal
Venu présider la cérémonie d’ouverture de la Réunion annuelle du Projet paludisme, le ministre de la Santé et de l’Action Sociale, Dr Ibrahima Sy, s’est réjoui du leadership du Sénégal dans ce domaine en s’imposant comme « un acteur clé dans l’intégration des données moléculaires et génomiques » pour éclairer les décisions stratégiques en matière de santé publique. « La recherche en génomique appliquée doit aider aussi globalement à adresser les nouveaux enjeux sanitaires émergents liés aux autres maladies à transmission vectorielle (dengue, zika, chikungunya) qui commencent déjà à représenter un nouveau fardeau de santé publique », a-t-il fait valoir.
Abondant dans le même sens, Pr Dyann Wirth, Chef du Département des maladies infectieuses et d’immunologie de l’Université de Harvard, a insisté sur l’importance des échanges entre Harvard et Ucad, qui ont permis de développer une expertise de pointe dans la lutte contre le paludisme. Elle a également insisté sur la nécessité pour les pays endémiques de mobiliser leurs propres ressources. « L’élimination du paludisme est possible. Et nous devons continuer à œuvrer pour cet objectif », a-t-elle conclu.
« La résistance au médicament antipaludique devient une urgence de santé publique en Afrique. Le développement des tests de laboratoire simple, robuste et abordable pourrait transformer la surveillance moléculaire d’un outil de recherche et aux pratiques de routine dans le pays où le paludisme est endémique », a déclaré pour sa part Dr Estée Torok, Senior Porgram Officer Malaria à Global Health et la Fondation Gates. Mme le Recteur de l’Ucad a été représenté par Babacar Faye à cette occasion.