DPG DU PM OUSMANE SONKO, AVENIR POLITIQUE D’AMADOU BA, LETHARGIE AU SEIN DE L’APR : Le grand oral de Bocar Ndiongue, membre de la CCR et Responsable APR des Parcelles Assainies
Dans cet entretien accordé à Lii Quotidien, Bocar Ndiongue égratigne le Projet des nouvelles autorités puis vante les mérites du Plan Sénégal émergent (Pse). Le responsable politique de l’Apr des Parcelles Assainies balaie les accusations de falsification du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale et invite le Premier ministre Ousmane Sonko à faire sa Déclaration de politique générale (DPG). Le membre de la Convergence des Cadres républicains (Ccr) réclame par ailleurs l’exclusion d’Amadou Ba de l’APR pour « acte de dissension et d’insubordination» suite à la publication d’un manifeste à travers lequel il décline sa « Nouvelle responsabilité ».
Entretien réalisé par Ousmane THIANE
Lii Quotidien : L’actuel Premier ministre a dépassé le délai des trois mois pour faire sa Déclaration de politique générale (DPG) comme l’impose la Constitution. Les députés de YAW soutiennent que Sonko ne pouvait techniquement pas le faire parce que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale n’en fait pas mention. Que vous inspire cette sortie ?
Bocar Ndiongue : Je pense que c’est d’abord une sortie très maladroite et inappropriée, dès lors que c’est d’abord la Constitution qui l’impose. De mémoire, on a toujours vu que les Premiers Ministres ont eu à faire une Déclaration de politique générale et que rien n’oblige Ousmane Sonko d’essayer de fuir, à moins qu’il ait peur. Récemment, la presse avait dit qu’il avait envoyé au niveau des ministères les informations pour lui permettre d’étoffer sa déclaration et diantre, à la dernière minute, on voit qu’il essaie de s’échapper. Aujourd’hui, les sénégalais sont en droit de se demander où va le navire Sénégal parce qu’on sent qu’il n’y a même pas de gouvernail. Ce Projet est déjà chimérique. C’est la continuité du PSE (Plan Sénégal Emergent, ndlr) qui est là. Ils ne pourraient faire abstraction du PSE. Donc demain, si le premier ministre devait faire sa Déclaration de politique générale, il ne peut s’adosser, s’appuyer que sur le PSE, cet excellent que le président Macky Sall avait mis sur place ; qui avait mis notre pays sur les rails de l’émergence. Ce serait un miracle de vouloir développer ce pays en faisant abstraction du PSE. Aujourd’hui, nous notons simplement de la peur de la part de Ousmane Sonko, qu’il n’a rien à dire au peuple sénégalais parce que la DPG est destinée au peuple pour qu’il sache ou ait une bonne lisibilité de ceux qui gouvernent, qu’est-ce qu’ils ont apporté dans ce pays.
Lii Quotidien : Que pensez-vous des accusations des députés de YAW relatives à la falsification du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale ?
Bocar Ndiongue : Ça c’est eux qui le disent. Ce qui est constant c’est que lors de la suppression du poste de Premier ministre, le règlement au niveau de l’Assemblée nationale avait été abrogé. Mais, cela n’avait pas empêché l’ancien premier ministre de faire sa Déclaration de politique générale. Donc le premier ministre Ousmane Sonko n’a aucune excuse. Il est tenu d’aller à l’Assemblée nationale et faire sa Déclaration de politique générale afin d’édifier la population sénégalaise sur leurs ambitions et les volontés de pouvoir développer ce pays s’ils en ont. Si vraiment ils croient au Projet qu’ils tiennent à cœur et qu’ils ne cessent de parler et de faire croire aux sénégalais qu’ils ont une volonté de changement systémique, il (le PM Ousmane Sonko, ndlr) n’a qu’à aller à l’Assemblée nationale et faire sa Déclaration de politique générale. Ces propos du président du groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi, Ayif Daffé ne tiennent pas la route. Ce ne sont que des excuses qui ne tiennent pas.
Lii Quotidien : Amadou Ba qui a publié récemment un manifeste pour décliner sa “Nouvelle responsabilité”. Quelle réaction faites-vous par rapport à cette prise de position de l’ancien premier ministre et candidat malheureux de BBY à la présidentielle 2024 ?
Bocar Ndiongue : Nous avons lu ce manifeste à travers la presse et notre première impression nous inspire un manque de courage de sa part et nous notons qu’il n’a pas su avoir une bonne lecture de sa posture antérieure ; c’est-à-dire candidat de Benno Bokk Yaakaar. Le président Macky Sall reste et demeure le président du parti. Amadou Ba avait été désigné comme candidat issu d’un parti où il était militant. Donc je pense que s’il était bien inspiré, il devrait rester derrière Macky Sall par loyauté et écouter le parti jusqu’à ce qu’il le désigne comme responsable ou candidat ou président d’un parti ou encore qu’il ait des responsabilités. L’acte qu’il a posé est un acte de haute trahison dans la mesure où lui, déjà comme candidat, il n’a pas su répondre aux attentes auxquelles on s’attendait ; à savoir fédérer et rassembler le parti. Et donc cette défaite a été à l’aune de son incapacité à pouvoir fédérer. Ça c’est un premier acte. Le second acte, est que nous, en tant que militant et responsable, nous n’avons jamais su voir en Amadou Ba des capacités de leader parce que nous sommes aux Parcelles Assainies et lors des dernières élections locales de 2022, nous l’avions choisi comme candidat pour la mairie des Parcelles Assainies. On se battait nuit et jour pour sa candidature et il nous avait trahi ; parce que celui qui était à la mairie, que nous avions récusé, lui il est allé au Palais pour adouber ce dernier et en faire le candidat de la commune sans pour autant nous le dire. Le président Macky Sall voulait changer le candidat Amadou Ba pour des raisons que tout le monde sait et qui n’étaient que de la trahison. Aujourd’hui, nous voyons des actes de déloyauté, d’ingratitude. On va le dire haut et fort : tous les anciens nommés ou ceux à qui le président Macky Sall avait octroyés des privilèges, aujourd’hui, sont à travers la presse pour dénigrer Macky Sall sont derrière Amadou Ba. C’est inqualifiable et intolérable. Nous ne l’accepterons pas. Amadou Ba doit avoir le courage de s’assumer, de sortir du parti, de poser ce qu’il a à poser, de créer son parti.
Lii Quotidien : Vous pensez que Amadou Ba est en train de se démarquer de l’Apr ?
Bocar Ndiongue : Notre lecture c’est qu’il est en train de jeter un clin d’œil au pouvoir en place. Parce que déjà, cette déclaration ne sent rien. Il n’y a pas de saveur dans ce qu’il a dit. Une opposition républicaine, c’est à l’APR de revendiquer cela. Et c’est ce que le président Macky Sall avait demandé. Amadou Ba doit revoir ses ambitions à la baisse. Comment peut-il se réclamer le chef de l’opposition pour quelqu’un qui n’a même pas une assise électorale. Je vous rappelle qu’au niveau des Parcelles Assainies, Amadou Ba a perdu tous les bureaux de vote. Sur 174 bureaux de vote, il n’a gagné aucun bureau, y compris son centre et son bureau. Vouloir se réclamer Chef de l’opposition sans appareil politique parce qu’il n’a pas de parti politique encore moins de légitimité. C’est un simple militant et d’ailleurs, Amadou Ba n’a jamais eu de carte de militant au sein de l’Apr. En tant que membre de la CCR, je peux affirmer aujourd’hui que Amadou Ba n’a pas de carte de militant de l’Apr. C’est dire à quel point il doit tout au président Macky Sall qui lui a tout donné. Si aujourd’hui il se lève un bon matin en faisant semblant de vouloir mettre quelque chose en place et en restant dans le parti, c’est manquer de respect aux militants et au parti. Nous ne le dirons jamais assez, nous invitons simplement le parti à exclure Amadou Ba pour acte de dissension et d’insubordination qu’il est en train de poser. L’APR au niveau des Parcelles Assainies se désolidarise de toute cette littérature accouchée dans ce manifeste.
Lii Quotidien : Depuis la perte du pouvoir, il y a une sorte de léthargie au sein de l’APR au niveau national. Est-ce que cela se sent également aux Parcelles Assainies ?
Bocar Ndiongue : Pour ça, nous sommes dans l’affirmative. Au niveau de l’Apr des Parcelles Assainies, c’est toujours la léthargie. D’ailleurs, jusqu’à présent, il n’y a même pas eu d’évaluation et c’est ce que nous sommes en droit d’attendre. Mais aussi, on est dans l’attente, espérant que les mandataires du président Macky Sall qui sont en train de faire des tournées au niveau national pour redynamiser le parti, pour envoyer ou emmener les missions de Macky Sall, viendront. Nous les attendons et espérons que c’est ce qui est à l’origine de la léthargie à laquelle baigne presque tout le parti au niveau national.
Lii Quotidien : Que faudrait-il faire pour impulser une nouvelle dynamique à l’APR tant au niveau des Parcelles Assainies que national ?
Bocar Ndiongue : C’est d’abord l’unité et l’engagement autour du président Macky Sall, savoir qu’il a laissé un bilan et d’avoir confiance. L’heure est à la confiance. Ce qui se passe dans ce pays augure que l’Apr, notre parti, pourrait regagner une forte majorité au niveau de l’Assemblée nationale. Parce que ce parti est toujours dynamique, regorgeant de cadres, de gens expérimentés qui auront toujours l’oreille de la population. Il faut rappeler que l’électorat sénégalais se sent aujourd’hui trompé, abusé par un Projet qui n’est que chimérique.