Au Sénégal, le financement du secteur de la santé est porté en majeure partie par les ménages. Pour éviter qu’il continue d’être un fardeau pour les populations, il est important d’inverser la tendance.
Par Idrissa NIASSY
Selon le Dr Farba Lamine Sall, expert en gouvernance sanitaire et en financement de la santé, au Sénégal, «il n’y a pas un problème de financement, il y a un problème de pertinence de politique et de programme». Pour lui, pour éviter que le financement de la santé continue d’être un fardeau pour les populations qui financent à peu près 75 % des dépenses, l’État est obligé de mettre en œuvre des politiques et programmes ambitieux, pertinents pour déjouer le piège du financement. «Le problème n’est pas des sous, le problème c’est la pertinence de politiques et programmes », insiste-t-il.
Dr Farba Lamine Sall faisait une présentation le lundi dernier lors d’un dîner-débat organisé par l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), en partenariat avec International Budget Partnership (Ibp), sur le thème : « La place de la santé dans le nouveau référentiel Sénégal 2050 ». « Si nous sommes pertinents à ce niveau-là, les partenaires viendront seuls. Car, le financement de la santé, c’est de créer les conditions pour que l’argent soit là », ajoute le Dr en économie de la santé.
D’après lui, la particularité du secteur de la santé, c’est un domaine où il restera toujours à faire, quoi que vous fassiez, parce que le financement restera toujours insuffisant. Il a fait part, par ailleurs, que l’État du Sénégal, en privilégiant la promotion de la santé, la prévention, est en train de promouvoir une pratique médicale moins coûteuse, qui lui permettra de faire en sorte qu’il y ait moins de malades. « C’est la voie à suivre pour ne pas continuer à vivre avec des dépenses évitables liées à des maladies évitables par la vaccination, l’information, par le changement de comportement », explique-t-il.
Pour lui, le financement de la santé est lié à la question de la gouvernance qui est essentielle. « On peut avoir le même financement dans deux pays différents, mais si la gouvernance n’est pas bonne dans l’un des pays, les performances ne seront pas bonnes aussi dans ce pays comparé à l’autre. Ce qui fait dire que la gouvernance est au cœur de la réalisation de la performance », a-t-il fait valoir.
Parlant de la souveraineté, ce dernier de faire savoir qu’il y a des choses que nous devons avoir nous-mêmes sur place pour garantir la continuité et la fluidité des prestations qualitatives dans nos hôpitaux. Concernant la souveraineté thérapeutique, l’économiste en santé de dire : « il nous faut faire des efforts considérables pour que nos médecins soient dans de meilleures conditions d’exercice de la vie ».
Même si les défis persistent, il recommande de meilleurs districts de santé. « Si on veut que nos hôpitaux soient bons, il faut que les districts soient hyper forts », plaide-t-il. « Pour qu’il y ait moins de malades à l’hôpital, le district doit juste s’élever en respectant le système pyramidal », ajoute-t-il.
Dr Sall a également indiqué, dans sa présentation, pour que nos hôpitaux puissent fonctionner à merveille, la gouvernance doit être améliorée. « Il faut avoir des choix pertinents de politique et programme pour avoir une dose d’efficience et de souveraineté sanitaire », souligne-t-il. Avant de faire savoir que « la première combinaison de ressources, c’est l’efficience » qui vient justement de la qualité des choix réalisés en matière de politique et programme.
Il invite également les autorités à avancer vers la Couverture sanitaire universelle (Csu) qui permet d’atteindre ces trois piliers à savoir : l’augmentation de l’offre, l’amélioration, et le renforcement de l’offre publique-privée. Il indique aussi que le droit à la santé c’est le droit de ne pas être malade, le droit au traitement. « La Couverture sanitaire universelle, c’est le choix de l’équité d’une construction continue », a-t-il conclu.