La charte nationale sur la pêche durable, initiée depuis le 19 novembre 2023, à Mbour, par la Coalition nationale pour une pêche durable (Conaped) et signée en 2024 par les nouvelles autorités étatiques, tarde à être matérialisée. Pour le moment, 38 % de la charte ne sont pas réalisés.
Par Idrissa NIASSY
La charte nationale sur la pêche durable composée de 13 points d’engagement que les acteurs de la pêche artisanale et industrielle avaient mûrement réfléchi depuis le 19 novembre 2023 à Mbour, pour arriver à une pêche durable, gérée de manière transparente et inclusive au bénéfice des populations sénégalaises, tarde à être exécutée. Les nouvelles autorités étatiques avaient l’engagement de la signer avant l’élection présidentielle de mars 2024, de l’appliquer sans réserve. Mais jusqu’à présent, 38 % de la charte restent à réaliser.
Selon Mouhamed Sylla, Chargé de communication de la Coalition nationale pour une pêche durable (Conaped), seuls quelques-uns de ces 13 points ont été pris en compte par le gouvernement. « Aujourd’hui, nous voudrions que l’État revienne à de meilleurs sentiments, parce que c’est un engagement qu’il avait pris. Et avec le slogan ‘’Jub, Jubeul, Jubanti’’, on pense que c’est une bonne chose de s’asseoir avec les acteurs de la pêche, surtout cette Coalition qui est la plus grande coalition du pays pour essayer de trouver des solutions pour la pêche durable au Sénégal », a-t-il déclaré hier, lors de l’atelier de clôture du projet pêche durable et transparente de la Conaped, après 15 mois de mise en œuvre.
Selon lui, depuis des années, les chercheurs ont alerté sur l’état alarmant de la surexploitation des principales ressources halieutiques des eaux sénégalaises ainsi que sur la dépendance progressive du secteur de la pêche des captures des pays voisins. Et cette charte est venue pour tout solutionner. Dans le niveau de mise en œuvre des engagements de la charte, il est noté aussi qu’aucune mesure pour préserver les nationaux sur les espèces qui devraient contribuer à la souveraineté alimentaire du Sénégal en poisson n’a été réalisée. Même l’évaluation de l’accord UE/Sénégal qui a été annoncée par l’État est au point mort. Aucun résultat n’est partagé jusqu’à présent avec les professionnels du secteur. C’est pourquoi, la Conaped rappelle une fois de plus au gouvernement son engagement sincère de mettre en œuvre cette règlementation pour une pêche durable au Sénégal.
Prenant la parole à cet atelier de clôture, le Secrétaire général de la coalition nationale pour une pêche durable horizon 2030, Abdoulaye Ndiaye, a fait savoir qu’après 14 mois d’exécution, les activités financées par Océan 5 et qui portaient sur différentes phases d’exécution, ont été exécutées à plus de 98 %, à travers le Projet pêche durable et transparente (Pdut). Les activités ont démarré d’abord par une caravane de sensibilisation sur les sept régions maritimes, à savoir : Dakar, Thiès, Louga Saint-Louis, Kaolack, Fatick et Ziguinchor. « On a couvert beaucoup de terrains, un maillage large sur le territoire national et cartographier les types de problèmes qui gangrènent l’existence de la pêche artisanale qui représente beaucoup pour l’économie du Sénégal », a-t-il fait savoir. Il est revenu également sur les défis d’ordres naturels surtout le changement climatique et la bonne gouvernance qui freinent le développement de la pêche.
La gestionnaire du Projet à Blue Ventures, Mariétou Kane, a magnifié les nombreux progrès réalisés dans les derniers mois de mise en œuvre. « En tant que partenaire, nous sommes très fiers de ces progrès-là. Et nous sommes là, nous continuons de soutenir la Conaped comme il faut afin d’avoir une pêche plus durable et plus transparente, ce qui est très important pour le développement d’un pays », a-t-elle fait valoir. Avant de conclure : « nos attentes ont été même surpassées. Nous avons vu que tout récemment, la liste qui a été publiée par le ministre. Donc, on voit qu’il y a un changement positif qui est en train de se faire, un début de communication et de transparence. Et c’est ce qu’on veut voir ».
