Le gouvernement du Sénégal, dans le cadre de la coopération entre le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme et le pays, a organisé hier une Réunion de haut niveau sur le financement de la santé en Afrique de l’Ouest. Cette Réunion qui est placée sous l’égide du Premier ministre, et qui a réuni des délégations ministérielles, des Ptf, ainsi que des experts internationaux autour des enjeux de la gouvernance budgétaire et du financement durable de la santé, est une occasion pour le ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique de faire un bilan de deux décennies sur le partenariat entre le Sénégal et le Fonds mondial.
Par Idrissa NIASSY
Le partenariat entre le Sénégal et le Fonds mondial de lutte contre la Sida, la tuberculose et le paludisme repose sur une relation de confiance et de collaboration durable qui s’est consolidée au fil des années. Depuis son adhésion au mécanisme du Fonds mondial, le Sénégal a su démontrer une bonne gouvernance des ressources, une transparence dans la gestion des programmes et un engagement politique fort pour atteindre les objectifs de santé publique. Ce climat de confiance a permis d’obtenir un appui financier et technique constant du Fonds mondial, contribuant à des avancées notables dans la lutte contre les trois grandes maladies.
Selon le ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Dr Ibrahima Sy, qui a pu dresser un bilan de partenariat de plus de décennies (2004-2025) entre les deux entités, le Sénégal a bénéficié d’une subvention de 574 millions de dollars Us (près de 380 milliards de FCFA) du Fonds mondial pour soutenir à la fois la lutte contre le Vih, la tuberculose, le paludisme, ainsi que le renforcement du système de santé.
« Pour le cycle 2024-2026, nous avons signé un nouvel accord de financement de 81 millions d’euros, dont 40,1 millions déjà décaissés », a-t-il fait savoir. Le ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique présidait hier la Réunion de haut niveau sur le financement pérenne de la santé en Afrique francophone qui se tient du 04 au 07 novembre 2025, dans la capitale sénégalaise, Dakar. Ce partenariat illustre la convergence des efforts entre un État déterminé à améliorer le bien-être de sa population et une institution internationale soucieuse de l’impact durable de ses investissements dans la santé.
Pour Dr Ibrahima Sy, ces ressources allouées au Sénégal, sont essentielles pour renforcer les capacités du pays, tout en améliorant l’accès équitable aux soins de santé sur l’ensemble du territoire. Il a fait part, par ailleurs, que cette subvention a permis, dans le cadre de la lutte contre le Vih/Sida, à 36 000 personnes de bénéficier d’un traitement antirétroviral ; 100 % des patients tuberculeux séropositifs d’être sous Arv, et plus de 94 % des femmes enceintes séropositives de recevoir un traitement préventif durant leur grossesse.
Concernant la tuberculose, dit-il, plus de 17 000 patients ont été diagnostiqués et traités. Dans la lutte contre le paludisme, c’est plus de 11,2 millions de moustiquaires imprégnées ont été distribuées en 2025, et 95 % des cas suspects ont bénéficié d’un test parasitologique. « Cette subvention a également permis de renforcer les services de santé communautaire en intégrant les trois maladies à d’autres services essentiels, notamment la santé maternelle et infantile », a-t-il clarifié.
Avant d’ajouter : « nous poursuivons également l’installation de sept centrales d’oxygène et de six incinérateurs modernes, illustrant notre engagement pour un système de santé plus fort et plus résilient ». Il a aussi indiqué qu’une réforme en profondeur de la gouvernance du secteur de la santé a été engagée pour le chef de l’État pour instaurer une gestion plus transparente, responsable et axée sur les résultats.
70 % des investissements du Fonds mondial consacrés à l’Afrique subsaharienne
Dans sa prise de parole, Mme Adda Faye, Chef Financial Officer Global Fund, a fait savoir que l’Afrique subsaharienne reste la priorité du Fonds mondial avec plus de 70 % des investissements qui y sont consacrés. « Sur les 30 milliards de dollars investis, les 70 % vont en Afrique subsaharienne et 30 % pour les pays francophones », a-t-elle déclaré. Pour Mme Adda Faye, depuis la mise en place de cette institution, c’est 70 millions de vies sauvées, 70 milliards de dollars investis, 5 milliards de dollars par an pour lutter contre le Vih, la tuberculose et le paludisme. Selon elle, cette réunion doit être le point de départ d’une nouvelle dynamique, d’un engagement réel pour une action nouvelle. Pour cette dernière, l’engagement politique doit être soutenu par des actions concrètes pouvant aider le gouvernement à mobiliser et gérer plus efficacement ses propres ressources pour soutenir durablement la lutte contre ces trois maladies, mais de renforcer les systèmes de santé au-delà de l’aide extérieure. « D’autres leviers doivent être actionnés. C’est pourquoi, j’appelle à l’action, car nous avons tous un rôle à jouer dans la gestion des fonds. Tout économiste doit s’inspirer du Joub, Joubeul, et Joubanti », a-t-elle conclu.
Développer des instruments financiers plus dynamiques
Pour le Directeur de cabinet du ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Gorgui Fall, qui a pris part ç cette Réunion de haut niveau sur le financement pérenne de la santé en Afrique francophone, Le Sénégal a mis en œuvre des outils pouvant lui permettre de développer des instruments financiers plus dynamiques et plus adaptés aux réalités de ses secteurs privés et axés autour d’un mécanisme incitatif qui valorise les résultats d’un lien, mais aussi des partenariats qui favorisent une meilleure coordination entre pays, secteurs privés et internationaux, et des dispositifs qui renforcent l’assurance.
Il souhaite que des réflexions soient entretenues avec l’ensemble des parties prenantes, les financiers, ministères sectoriels, acteurs biomédicaux et sociétés civiles, afin de permettre au ministère de l’Économie de bâtir des cartes de financement claires, performantes et libres, capables de soutenir nos ambitions de développement. « C’est pourquoi, j’encourage nos équipes techniques à sensibiliser davantage les partenaires sur ces nouveaux mécanismes de financement basé sur les résultats », a-t-il dit.
Abondant dans le même sens, l’Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Sénégal invite les populations à rester engagées dans la lutte contre ces trois maladies. Il a annoncé, par ailleurs, que l’Allemagne compte donner une subvention de 1 milliard d’euros pour les trois (3) prochaines années dont 100 millions d’euros destinés au mécanisme de convergence de la dette publique. Elle encourage également le renforcement des synergies entre le Fonds mondial, la Banque mondiale, les acteurs nationaux, le ministère des Finances et les institutions. « Au Sénégal, nous nous engageons pour le secteur pharmaceutique et la production locale de vaccins », a-t-il déclaré.
