Présent au forum Ceo d’Abidjan, le Président de la République du Sénégal a profité de l’occasion pour exposer sa vision d’une stratégie numérique souverainiste.
Par Ibrahima DIOP
Le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a pris part ce lundi 12 mai 2025, à la cérémonie officielle d’ouverture de l’Africa CEO Forum 2025, à Abidjan, en présence de ses homologues, Leurs Excellences Messieurs Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Paul Kagame (Rwanda), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) et Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani (Mauritanie).
En marge de la rencontre, il a accordé un entretien a Ben Yahmed de Jeune Afrique Média Group. Bassirou Diomaye Faye, a exposé avec clarté et détermination sa vision stratégique pour le numérique au Sénégal et en Afrique. Parmi les questions évoquées : la souveraineté numérique comme pilier de l’indépendance technologique, le « New Deal Technologique » et ses 1,7 milliard USD d’investissements, le rôle des partenariats public-privé, inspirés notamment des modèles rwandais et estonien, e soutien actif aux start-up et à l’innovation locale et enfin, l’ambition d’une souveraineté numérique panafricaine, structurée aux niveaux régional et continental.
Selon le Chef de l’Etat sénégalais, la souveraineté est une vision prioritaire stratégique au Sénégal dans la mesure où nous considérons que c’est une révolution que nous ne pouvons pas rater. « Notre vision s’articule autour de trois axes que sont la maîtrise des infrastructures, le développement des compétences et la maîtrise du cadre réglementaire. Cela ne veut pas dire l’enfermement ou l’autarcie ; au contraire, nous la concevons comme une opportunité de s’ouvrir aux partenaires internationaux et en même temps de pouvoir bâtir une relation de collaboration qui rééquilibre les rapports au profit de l’Afrique, de nos pays et qui nous garantissent la protection de nos données », a exposé le Président Diomaye Faye qui estime qu’une maîtrise de nos infrastructures à travers la construction d’infrastructures sur lesquelles nous avons le contrôle total. Sous ce rapport, la donnée devient un élément extrêmement important de prise de décision pour les décideurs mais aussi de souveraineté pour les Etats. « Voilà ce que nous voulons faire au Sénégal en le matérialisant avec la construction d’infrastructures souveraines comme des datacenters au niveau national, mais aussi en accompagnant ces politiques par un renforcement des capacités des jeunes », a-t-il confié.
Financer sans dépendre des acteurs extérieurs ?
Intervenant sur la question du financement, le Chef de l’Etat estime que cela demande beaucoup d’investissement que les Etats ne peuvent pas simplement couvrir par des investissements publics. Il faut à la fois un investissement massif tant sur le plan des investissements publics que des investissements privés.
Le New deal technologique que nous avons conçu au Sénégal, nous l’avons évalué à un milliard sept cent millions de dollars. Evidemment c’est des investissements importants et le partenariat que nous cherchons à nouer est un partenariat qui repose sur la collaboration avec des investisseurs internationaux dans le cadre d’un partenariat public-privé, mais aussi avec l’offre locale sur laquelle nous comptons avec les partenaires qui sont dans le secteur et qui sont intéressés par un partenariat public-prive.
Evoquant l’intégration africaine dans le cadre du New Deal technologique, Diomaye Faye estime qu’il faut explorer toutes les stratifications sous-régionales.
Ce forum, placé sous le thème « Un New Deal public-privé peut-il rebattre les cartes au profit du continent ?», constitue une plateforme essentielle pour discuter des stratégies d’investissement et du développement du secteur privé africain, dans un esprit de coopération et de synergie continentale.
La présence active du chef de l’État à cette rencontre témoigne de l’engagement résolu du Sénégal en faveur de l’intégration économique africaine, de la coopération internationale et du renforcement des partenariats public-privé pour une croissance inclusive et durable.