Le changement climatique ne touche pas tout le monde de la même manière, de la même façon qu’il n’affecte pas les espaces géographiques différemment. Il affecte chaque personne de manière différente et les femmes sont fortement affectées.
Par Idrissa NIASSY
Au Sénégal, les femmes sont fortement affectées par les effets du changement climatique, du fait que la majorité d’entre elles s’activent dans des secteurs clés qui sont fortement affectés, comme l’agriculture où 6 femmes sur 10 s’activent. Dans le secteur de la pêche également, elles ont une part représentative dans tout ce qui est commercialisation, transformation de ressources halieutiques.
Selon Ndeye Fatou Martina Gomis, Coordonnatrice du projet genre à Enda Énergie, cette dépendance vis-à-vis de ces ressources fait qu’elles sont extrêmement vulnérables à ces effets du changement climatique. C’est pourquoi, elle appelle à la mise en place de stratégies co-conctructives avec les communautés pour permettre à tout un chacun d’en tirer profit. « Toute stratégie devrait être une démarche de reconstruction pour pouvoir permettre aux femmes, aux hommes, à chacun dans sa catégorie de pouvoir répondre à ses besoins et de pouvoir assurer un développement durable », a-t-elle déclaré.
La Coordonnatrice du projet genre à Enda Énergie prenait part hier au Panel sur : Genre, changement climatique et transition écologique organisé à l’occasion de la 3ème édition du Forum annuel de dialogue entre producteurs et utilisateurs de statistiques sensibles au genre, sous l’égide du ministère de la Famille. Ce Forum qui se tient du 29 au 1er octobre 2025, entre dans le cadre de la mise en œuvre de la phase II du Projet « Les femmes comptent » (Plfc) financé par l’Onu-femmes. Le thème du Panel est axé sur : « Genre et résilience climatique : Défis et opportunités pour des politiques climatiques plus inclusives ». Pour elle, le fait que dans le secteur de l’agriculture les femmes ont des difficultés à accéder à la terre et aux investissements pouvant les permettre de produire en quantité et en qualité, comme l’accès aux pompes solaires, leur portent grandement préjudice. Raison pour laquelle, pour favoriser l’équité et l’égalité dans certaines zones, des parcelles communautaires à exploitation privée sont mises en place pour permettre à tout exploitant (homme et femme) de trouver les ressources dont il a besoin, à savoir de l’eau, mais aussi un dispositif d’incubation, pour vraiment s’améliorer dans la production agricole. « Au début de la mise en place de ces parcelles communautaires à exploitation privée, c’était des hommes qui adhéraient le plus. Mais au fur-à-mesure, on a vu des femmes adhérer à ce projet d’incubation », explique-t-elle.
Avant d’appeler à la mise en place de coopérative pour installer d’autres zones de production partout dans le Sénégal. « Nous devons travailler à ce que les femmes participent de plus en plus aux activités et aux initiatives génératrices de revenus », a-t-elle conclu. Abondant dans le même sens, Mme Ndiongue de la Direction de la météorologie, et panéliste, a fait savoir que les données sont essentielles pour anticiper les risques et protéger les communautés. « Avec les données, s’il y a des secteurs différents, il y a des besoins différents, il y a des communautés différentes », a-t-elle expliqué.
Mamadou Lamine Seck de Natural Justice, panéliste, prenant la parole, a fait part que le Sénégal dispose de beaucoup de statistiques, mais malheureusement elles ne sont pas utilisées de manière efficace sur le terrain. « À côté de l’autonomisation économique, il faut aussi faire de l’autonomisation juridique qui permet à ces différentes catégories, surtout aux femmes, de faire trois choses », a-t-il déclaré.
Il s’agit d’abord, dit-il, « de comprendre les lois qui structurent notre vie, ensuite de pouvoir utiliser ces textes de loi lorsque nos droits environnementaux et climatiques sont violés, et enfin de pouvoir façonner ces cartes juridiques et ces cartes politiques-là pour que nos préoccupations ne soient pas ajoutées, mais qu’elles soient prises en compte dès l’entente des processus d’élaboration de ces politiques-là ».