Selon l’Enquête démographique et de santé 2023 (Eds), au Sénégal a révélé que le taux de grossesse chez les adolescentes reste préoccupant, avec environ 15 % des jeunes filles de 15 à 19 ans qui ont déjà été enceintes. Ce taux est particulièrement inquiétant avec 17,9 % en zone rurale contre 7,4 % en zone urbaine.
Par Idrissa NIASSY
Bien que le nombre de cas de grossesses chez les adolescentes ait connu une baisse, le taux de fécondité reste assez élevé chez les 15-19 ans. En milieu rural il est beaucoup plus important qu’en milieu urbain. Pour cette tranche d’âge, les adolescentes qui sont en milieu rural sont beaucoup plus nombreux que ceux qui en milieu urbain, avec un taux particulièrement préoccupant de 17,9 %, contre 7,4 %. Le taux de fécondité chez les adolescentes est de 68 pour 1 000 au Sénégal.
Selon Maguette Dia de la Direction de la santé de la mère et de l’enfant (Dsme), cela s’explique par plusieurs raisons. Il s’agit des questions d’ordre culturel, religieux, avec les mariages précoces pour éviter que les adolescentes tombent enceinte ; des questions liées à la contraception pour les adolescentes, les violences basées sur le genre et les problèmes liés aussi également à l’hygiène mentale. « Il y a également le niveau d’éducation des filles qui est très bas », a-t-elle expliqué lors de la Journée de sensibilisation sur les problématiques de la santé des adolescentes/jeunes à l’endroit des journalistes membres de l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), mais également sur les enjeux des grossesses précoces, la nutrition, les Infections sexuellement transmissibles (Ist), la gestion de l’hygiène menstruelle et les Violences basées sur le genre (Vbg) et la santé mentale.
Pour lutter contre ce phénomène, cette dernière recommande de booster l’éducation des filles pour leur éviter certaines pratiques. « Des stratégies ont été mise en œuvre, comme les Miss Mathématiques pour permettre aux filles de terminer leurs études », a-t-elle déclaré. « Mais, les jeunes et les adolescentes doivent pleinement participer à un accès universel et équitable à des services de santé de la reproduction de qualité pour se prémunir », ajoute Maguette Dia. Ces services, selon elle, toucheront toutes les couches de la population à travers l’utilisation d’approches et de technologies appropriées dans le respect des valeurs culturelles. Elle appelle aussi à impliquer les parents qui sont les premiers interlocuteurs des jeunes, et la communauté dans la promotion de la santé des adolescentes et des jeunes.
Dans sa présentation, Sokhna Ndiaye, Coordonnatrice nationale en santé de la reproduction, et Responsable Bureau partenaire Division santé de l’adolescent (Dsa) à la Dsme, a fait savoir que les grossesses précoces ont des conséquences sur la mère et sur le bébé, même si elles sont beaucoup plus accentuées chez les adolescentes/jeunes non mariées.
Ces conséquences sont d’ordre sanitaire, psychologique, économique et sociale, avec des grossesses difficiles chez les adolescentes qui peuvent aboutir à des accouchements prématurés avec des hémorragie. Ces accouchements peuvent même être suivis de fistules obstétricales, de mortalité maternelle ou d’avortement clandestin, de l’infanticide, d’abandon de l’enfant, entre autres. Ce qui peut les conduire à la prison ou à la stigmatisation.
Chez les garçons, par contre, les conséquences sont : le refus de paternité, abandon de l’enfant, complicité d’avortement, stigmatisation, utilisation de substances nocives pour oublier ses soucis, troubles psychiques, difficulté dans la prise en charge de la mère et du bébé, vol pour satisfaire les besoins socioéconomiques de la famille, abandon du métier de son rêve pour un travail immédiat.
Concernant les infections sexuellement transmissibles (Ist), dit-elle, elles peuvent provoquer des ulcères génitaux, tout en favorisant la transmission du Vih entre les partenaires sexuels. « La prévention et le traitement des Ist doivent, par conséquent, être au cœur d’une stratégie visant à empêcher la transmission du Vih », a-t-elle indiqué. Pour elle, les adolescentes et jeunes filles sont très vulnérables aux Ist en raison de facteurs biologiques, mais aussi du fait que les mécanismes hormonaux de protection n’ont pas encore eu le temps de se développer pleinement. Les conséquences de ces Ist sont énormes pouvant entrainer chez les adolescentes la maladie inflammatoire pelvienne et des séquelles comme l’infertilité.
