Invité du tout nouveau magazine de Lii quotidien Tv, « Télé Kang Kang », animé par notre confrère Elhadji Talla, Aliou Sané, le coordonnateur du mouvement Y en a marre a réaffirmé leur position sur la proposition de loi d’interprétation de la loi d’amnistie.
Par Dieynaba TANDIANG
« Quand nous sommes sortis de prisons, nous avions réaffirmé notre position sur cette loi d’amnistie à l’époque du Président Macky Sall pour dire que nous étions contre et que c’est une loi qui ne devait pas passer à l’assemblée nationale et à on avait même mis les députés face à leurs responsabilités, notamment ceux de l’opposition. Nous avions aussi dit qu’au cas où Macky Sall userait de sa majorité, qu’il était important que les candidats de l’opposition puissent prendre des engagements sur le fait qu’une fois qu’ils sont élus, ils peuvent prendre sur le fait qu’une fois qu’ils seront élus ils vont abroger cette loi d’amnistie », a rappelé Aliou Sané.
Et justement, dit-il, des candidats comme le Président Bassirou Diomaye Faye, lors de la campagne avaient pris cet engagement. « Engagement renouvelé lors de l’adresse à la Nation du Président Bassirou Diomaye Faye le 31 décembre dernier et aujourd’hui nous en sommes là, nous en sommes réduits à un groupe de députés de la majorité qui prends l’initiative d’une proposition de loi pour interpréter une loi à laquelle ils se sont opposés, une loi que le Président avait promis d’abroger », regrette-t-il.
Pour le coordonnateur de Y en a marre le problème qui se pose avec cette loi d’interprétation, c’est qu’il est d’ordre moral. « C’est-à-dire que vaut la parole du Président de la République ? Que vaut sa promesse électorale », se demande-il avant d’indiquer : « cela nous ramène à un passé récent, parce que le Sénégal a un problème de morale, avec l’engagement.
Rappelons qu’Abdoulaye Wade a perdu le pouvoir au Sénégal quand il a dit « Ma waxone waxet » (Je me dédis, Ndlr). Macky Sall aussi nous a fait passer par ces choses-là. Et, quand Macky Sall est arrivé au pouvoir, au-delà des réalisations matérielles, posons-nous la question pourquoi, malgré ses réalisations, il était perçu comme l’un des présidents les moins aimés. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas réalisé des infrastructures, mais parce qu’il y a des questions importantes pour les Sénégalais sur lesquelles il était attendu et sur lesquelles il n’a pas apporté de réponse. Il a montré qu’il n’était pas le leader qu’on attendait de lui surtout dans le respect de la parole donnée ».
« Aujourd’hui, on voit le député Amadou Ba porter cette initiative de proposition de loi avec un groupe de députés de la majorité mais, quel est l’avis du Président ? », s’insurge-t-il avant de signaler : « C’est un précédent dangereux. Sur cette question précise, le fait que le Président Bassirou Diomaye Faye ne respecte pas sa parole, ne respecte pas son engagement de campagne, nous estimons que c’est un précédent dangereux et ce n’est pas un bon signe pour le Président jeune qu’il est. Nous sommes de la même génération, nous nous sommes battus auprès de notre peuple pour qu’il y est de la rupture. Ils ont porté un espoir à travers le discours qu’ils ont servi aux Sénégalais. Ils ont parlé de « Jub Jubbal Jubanti » mais aujourd’hui, vaut aussi le respect de la parole donnée ».
Le deuxième problème, selon M. Sané, c’est le juridisme dans lequel Amadou Ba nous plonge qui est problématique. « Lui-même il se perd », dixit le coordonnateur du mouvement Y en a marre. Pour ce dernier, « il y a une ressemblance avec ce qu’on a connu dans le passé. Wade quart bloquant, Macky Sall sur le parrainage et Amadou Ba est en train de jouer ce mauvais rôle. On lui fait porter un combat », a-t-il laissé entendre.
Selon Aliou Sané, les actes posés par le député sont en déphasage avec les promesses du Président de la République Bassirou Diomaye Faye. A l’en croire, le fond du problème est qu’on ne peut pas vouloir interpréter un projet de loi auquel on s’est opposé. « Vouloir manipuler les concepts pour leurrer et tromper, dire que si on abroge on ne pourra pas poursuivre les personnes responsables, ne tient pas. Ils oublient que le Sénégal a souscrit à des conventions internationales, notamment la convention des Nations Unies sur la torture. Leurs arguments ne tiennent pas ».