Le naufrage du « Joola » reste l’une des plus grandes catastrophes maritimes civiles que le monde n’ait jamais connu avec son lot de plus de 2000 morts. Les années passent mais les blessures sont toujours béantes chez les familles des victimes.
Dans une interview accordée à Lii Quotidien, le coordonnateur du Comité d’initiative pour l’érection du mémorial musée du « Joola », Nassardine Aïdara revient sur leurs doléances et les promesses non tenues de l’Etat du Sénégal. Il garde cependant, l’espoir qu’avec ce nouveau régime de « rupture », justice sera rendue et leurs cris de cœur sera entendu.
Par Adji Ousseynou DIOP DIALLO
Lii quotidien : 22 ans après le drame du bateau le Joola, deux régimes se sont succédés mais, le constat est que les familles des victimes réclament toujours justice quel est le sentiment qui vous habite face à ces promesses non tenues ?
Nassardine Aïdara : 22 ans après le naufrage du bateau le « Joola », beaucoup de promesses tout au long de cette année sont renouvelées encore et encore sans avoir été tenues. Le sentiment qui nous anime est que
le « Joola » est une tâche dans l’histoire politique de ces régimes passés car, ils n’ont jamais eu l’intention de tenir ces promesses.
Comme nous l’avons toujours répété, la majeure partie des demandes, sur lesquelles nous attendons encore l’Etat sénégalais, ne nécessite pas grand-chose à part une simple volonté politique. Les engagements pris n’ont jamais été respecté par rapport aux familles des victimes mais également, par rapport à la nation sénégalaise. Parce que le drame du « Joola » n’est pas une question de famille de victime, c’est une question qui intéresse la nation toute entière.
Un nouveau régime vient d’accéder au pouvoir en prônant la rupture. Vous espérez un changement ?
Évidemment avec ce régime qui a été sur tous les fronts contre les injustices, nous avons espoir. Car, il n’y a pas eu une plus grande injustice que le « Joola », dans l’histoire du Sénégal. N’y a-t-il pas eu plus grande injustice que le fait que 2000 personnes aient péri et que justement justice n’ait pas été rendue. Il n’y a pas plus grande injustice que les 1900 orphelins recensés à l’époque, n’aient pas été pris en charge 10 ans après c’est-à-dire en 2012 pour qu’une minorité seulement soit pris en charge. Il n’y a pas plus grande injustice que le bateau ait été laissé en mer avec les ossements de nos proches comme si c’était un cimetière marin. Je peux encore continuer à énumérer donc, aujourd’hui, par rapport à ce régime, disons c’est un espoir pour les familles des victimes. Nous pensons qu’avec ce changement, le nouveau régime qui n’est, ni de près, ni de loin, mêlé à la tragédie du « Joola » ne doit pas être comptable de ce bilan. Je pense qu’ils n’accepteront pas aujourd’hui devant l’histoire de devenir complice donc en quoi faisant en continuant les mêmes choses. Nous pensons qu’aujourd’hui, il y a un changement qui est favorable à la résolution de l’ensemble des points du dossier du « Joola ».
Lors de votre récente sortie médiatique, vous avez évoqué la question de justice sociale qu’attendez-vous de la justice sénégalaise ?
Oui, on parle de justice sociale, on parle de justice d’une manière générale. C’est pour cela que pour la commémoration de cette année, nous avons pris comme thème : « Le Joola une question de justice » et on a tenu à préciser que lorsqu’on parle de justice c’était sur le plan large d’abord par rapport au cours et tribunaux.
Nous attendons que des responsabilités soient situées, nous attendons que des mesures soit prises des sanctions contre les responsables de ce drame et à tous les niveaux. Parce que nous pensons que l’Etat n’a pas suffisamment pris ses responsabilités mais, également les composants de l’Etat et toute la chaîne administrative que ça soit civile ou militaire. Aujourd’hui y a des questions qui ont été posées, des rapports qui ont été faits sur la base de ces questions, sur la base de ces rapports, je pense que nous méritons une réponse et cette réponse c’est la justice, les tribunaux qui peux nous la donner.
Aujourd’hui, c’est à eux de faire la lumière sur ce qui s’est passé réellement avant, pendant et après ce naufrage, donc c’est ça qu’on attend aujourd’hui de la part des cours et tribunaux. Maintenant, il y a les autres points qui demeurent également comme la justice sociale.
Si l’Etat ne veut pas assumer sa responsabilité il faut qu’il y ait quelque chose qui puisse le contraindre. Tout ça fait partie du processus de justice et nous avons vraiment espoir. Avec ce nouveau régime, c’est des choses qui seront pris en compte et enfin justice sera faite pour les 2000 naufragés du Joola.
