Pape Abdourahmane Dabo, actuellement président du Conseil d’Administration de l’Aéroport international Blaise Diagne, se positionne lentement mais sûrement dans le département de Mbour. Cet ingénieur des Travaux Publics option Ponts et chaussées, militant de la première heure du parti Pastef / Les Patriotes, à Mbour, n’est pourtant pas une novice en politique. Très tôt imprégné des arcanes de la politique, car élevé par son père feu Cheikhou Dabo (ancien président de l’association manding de Mbour) qui était un responsable du parti socialiste et qui a longtemps cheminé avec Ousmane Tanor Dieng, Pape Abdourahmane Dabo voit la politique différemment. Il ne suivra pas les pas de son père. Allergique à l’injustice, son premier engagement politique se matérialise avec le parti Rewmi d’Idrissa Seck. Très tôt déçu par ce compagnonnage, il se consacre à sa passion, c’est-à-dire conduire des travaux publics au Sénégal mais aussi dans certains pays africains. Avec la création de Pastef, son goût pour la politique refait surface et cette fois-ci c’est pour conquérir le pouvoir. Une option qui a payé. Aujourd’hui PCA de l’AIBD et membre éminent du Moncap (Mouvement National des Cadres Patriotes), il part à la conquête des suffrages des citoyens pour consolider l’assise de Pastef sur la petite côte.
Entretien…
Par Dieynaba TANDIANG
Lii quotidien : Pouvez-vous revenir sur votre parcours académique et professionnel
Pape Abdourahmane Dabo : J’ai effectué mes études primaires à l’école Cheikh Ahmadou LÖ qui est parmi les trois centres de vote les plus grands de la commune de Mbour. J’ai ensuite fréquenté le CEM Elhadj Thierno Amadou Barro, avant le Lycée Demba Diop de Mbour où je suis sorti major de ma promotion au baccalauréat avec la mention assez bien. Après l’obtention du baccalauréat, j’avais le choix entre l’école militaire de Santé où j’étais arrivé 9ème au concours d’entrée, l’école d’architecture du Maroc et l’école des Travaux Publics en Algérie. Étant donné que j’étais un passionné des ponts, j’avais donc finalement porté mon choix sur l’Algérie pour y effectuer mes études supérieures, sanctionnées d’un diplôme d’ingénieur des Travaux Publics option Ponts et chaussées en 2011.
J’ai eu la chance de faire les trois volets du secteur à savoir : l’étude, la réalisation et la supervision. J’ai démarré ma carrière professionnelle dans les bureaux d’études pour consolider les compétences acquises avant d’aller dans les entreprises de réalisation en tant que conducteur des travaux et ensuite chef de projet et ensuite terminer dans le contrôle, la supervision et le suivi-évaluation. J’ai été acteur dans de grands projets tels que la stabilisation des phares des mamelles, le plan directeur de drainage de la ville de Dakar, l’extension de la troisième ligne des ciments du Sahel, la mise en œuvre du smart code d’Angondjé au Gabon…
Avez-vous hérité de la politique ? Quand on connaît le parcours et l’engagement politique de votre défunt papa?
Sans hésiter, je répondrai par l’affirmatif. En effet, j’ai grandi dans un environnement familial où je voyais de grands hommes politiques du département de Mbour défiler chez mes parents. Je peux citer : André Sonko, feu Ousmane Tanor Dieng, Mame Bounama Sall, Niadiar Sène entre autres, qui venaient souvent rendre visite à feu mon père à la maison. Il était grand responsable socialiste proche de Ousmane Tanor Dieng.
Lorsqu’il recevait la visite des responsables politiques de la commune, il arrivait que je prépare le thé (ataya). Ceci me permettait d’apprendre beaucoup de choses en politique à travers les discussions qui alimentaient leurs rencontres. Donc je peux dire que c’est mon père qui m’a fait aimer la politique. Il était un grand stratège et un grand orateur, donc, j’assistais à certains de ses meetings. En l’écoutant parler en public, je me voyais en lui et me projetais déjà dans le bain. Pour la petite histoire, au collège, j’avais l’habitude de reprendre ses discours devant mes camarades de classe avec la même gestuelle, le même rythme et la même intonation. Pour cette raison, et ils m’appelaient déjà « jeune politicien ».
Parlez-nous de vos premiers pas en politique
J’ai fait mes premiers pas au parti Rewmi de Idrissa Seck après sa séparation avec le Président Wade dans des circonstances que j’avais trouvé injustes à l’époque. Il s’agissait non seulement pour moi de le soutenir car j’ai toujours combattu l’injustice, mais je voyais en lui à cette époque un leadership jeune, qui croit en la compétence et faisait rêver. Malheureusement, mon engagement au sein du Rewmi n’avait pas duré trop longtemps du fait que Idrissa Seck n’était pas du tout proche de ses militants de base. Je n’étais pas à l’aise dans cette situation où je ne pouvais ni m’exprimer ni m’épanouir. J’ai préféré me retirer.
Après mon passage au parti Rewmi, j’ai cheminé avec le M23 au niveau du département de Mbour. Ce cadre nous avait donné l’occasion à l’époque de participer au combat pour la deuxième alternance. Par la suite, je me suis concentré sur ma vie professionnelle d’ingénieur.
Depuis quand avez-vous intégré le Pastef ?
Je peux dire que je suis militant de la première heure. En effet, j’ai intégré le Pastef en 2015. A l’époque, j’étais en mission au Gabon en tant que chef de projet du Smart Code d’Angondjé. C’est à partir de là-bas que j’avais commencé à me renseigner sur le Pastef et sa représentation dans la commune de Mbour. A mon retour au Sénégal en Novembre 2015, j’ai vite pris contact avec le représentant du parti à Mbour pour formaliser mon adhésion. A l’occasion des élections législatives de 2017, j’étais directeur de campagne départemental de la Coalition Ndawi Askan Wi qui avait amené le Président Ousmane Sonko à l’assemblée nationale. Nous avons par la suite travaillé dans la massification du parti au plan communal et départemental avec le frère Ousmane Abdoulaye Barro et d’autres patriotes.
Au plan national, nous avons activement participé à la mise en place du Moncap (Mouvement National des Cadres Patriotes) avec le frère et actuel Président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Faye qui en était le Président et moi-même, le vice-président.
Qu’est ce qui avait à l’époque motivé votre choix de militer au Pastef ?
Deux raisons ont motivé mon choix : la première, le discours du leader du parti, le président Ousmane Sonko et la seconde, la devise du parti (le don de soi pour la patrie). Le discours du Président Ousmane Sonko était clair, accessible, attractif et innovant, rien à voir avec les discours politiques qu’on avait l’habitude d’entendre. Il avait très vite marqué la rupture et c’est cette ligne de démarcation qui m’avait beaucoup attiré et motivé. A l’époque, je me suis dit enfin, du neuf sur la scène politique sénégalaise ! Je me suis approprié la devise qui est conforme à mes convictions profondes, en tant que musulman croyant, parce que Allah nous dit dans la sourate Baqara: « Je vais établir sur la terre un vicaire (khalifah) », ils dirent : « Vas-Tu en désigner un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier ? » aujourd’hui nous sommes tous Adam et devons jouer notre partition pour la sauvegarde et la bonne gestion de tout ce qui nous entoure et ça, seul le don de soi pour la patrie en est le véritable socle.
Après deux semaines de campagne pouvez-vous nous faire le point sur vos activités dans le département de Mbour?
Pastef a toujours eu le sens de l’organisation, de la méthode et de l’animation politique. C’est d’ailleurs l’une des forces du parti. Après avoir mis en place le comité électoral départemental, des comités électoraux communaux ont été créés pour mieux assurer le maillage et toucher au maximum l’électorat.
Chaque comité électoral communal a défini son programme indépendamment du programme du comité électoral départemental. Quatre grands meetings ont été prévus notamment à Mbour, Saly, Diass et Ndiaganiao. Une répartition qui couvre les quatre directions du département de Mbour. Nous avons donc occupé le terrain de façon régulière et assidue de manière à pouvoir mobiliser les militants et sympathisants de parti sur le terrain pour une campagne efficace et productive. Notre seul objectif étant de ne pas faire moins qu’à la présidentielle. Les seize communes du département étaient tombées entre les mains de PASTEF le 24 mars 2024. Et j’en profite pour lancer un appel à tous les mbourois à voter la liste PASTEF pour donner au Président de la République M. Bassirou Diomaye FAYE et à son Premier Ministre M. Ousmane SONKO tous les leviers leur permettant une mise en œuvre efficace et efficiente de l’Agenda 2050.
À votre avis, quelles sont les forces du PASTEF dans le département de Mbour ?
Mbour a connu Pastef très tôt et adopté le projet très tôt. Après le siège national qui était à Yoff, Mbour a été la première commune à disposer de son propre siège et le Président Ousmane Sonko a toujours accordé une place importante à Mbour dans le cadre des activités du parti. C’est à Mbour que le mouvement national des enseignants patriotes (MONEP) fut lancé. Il yavait une époque où le Copil (ancien bureau politique de PASTEF) comptait sept membres issus du département de Mbour à savoir Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Barro, Me Abdoulaye Tall, Aldiouma Sow, Moustapha Faye Doudou Dieng et Moi-même.
La coordination départementale de Mbour a installé plus de cellules que n’importe quelle coordination départementale du Sénégal, donc l’ancrage de PASTEF dans le département de Mbour est solide.
Quelles sont les ambitions du Pastef à Mbour ?
Mbour a été pendant plusieurs décennies un bastion socialiste, mais depuis les élections législatives de 2022 Pastef a fait une percée qui place le parti en première position. Cette tendance a été confirmée à la présidentielle de mars 2024. De manière naturelle, Mbour est en train de devenir un fief des patriotes. Depuis le début, notre ambition a toujours été de faire du Pastef la première force politique du département de Mbour et de le rester le plus longtemps possible. Cette ambition est en marche et nous n’allons pas nous en arrêter là. Nous allons poursuivre la massification du parti à l’échelle départementale. J’en profite d’ailleurs pour lancer un appel à tous les mbourois, particulièrement les cadres, à venir soutenir la dynamique de renouveau que nous sommes en train d’insuffler au niveau du département. Ma conviction est faite que c’est avec les sénégalais qu’on va construire le Sénégal et c’est avec les mbourois sans exclusive que Mbour va jouer sa partition dans la réalisation de l’agenda 2050.
Compte tenu du rôle historique de Mbour (2e siège ect) du poids économique démographique et électoral du département quelle place Mbour devrait il occupé dans la gestion du pays?
Quand on interroge l’histoire, on se rend compte évidemment que Mbour a toujours été un département très politique. Nombreux ont été les fils du département à occuper de très hautes fonctions à travers les différents régimes qui se sont succédés depuis les indépendances. A cela s’ajoute la réalisation de grandes infrastructures hautement stratégiques dans le département de Mbour, comme l’aéroport, le futur port de Ndayanne etc. Cette dynamique soutenue par respectivement les secteurs du tourisme, de la pêche et de l’informel entre autres, positionnement Mbour comme la deuxième économie du pays après Dakar. Donc Mbour occupe déjà une place extrêmement importante dans la gestion et le développement du Sénégal. Je suis persuadé que cette tendance va se poursuivre, car Mbour est le prolongement naturel de Dakar et le département regorge de potentiels énormes et de cadres compétents à tous les niveaux capables d’occuper n’importe quelle fonction. Et à mon avis, la décentralisation des structures étatiques est une nécessité vers un département qui occupe la troisième place en matière de démographie.
A Mbour, existe également un autre défi ; celui du découpage qu’il me paraît impératif de repenser pour un rééquilibrage entre les communes sur le domaine foncier. Je fais allusion aux découpages des communes comme Sindia et Malicounda, qui ceinturent et étouffent des communes comme Nguékhokh et Mbour.




