Comme à chaque élection, Dakar, la capitale sénégalaise a toujours été la ville la plus convoitée. Le département de Dakar est au centre de toutes les attentions. Au delà du nombre de sièges à pourvoir (sept) et de la bataille à distance entre Ousmane Sonko, tête de la liste Pastef et Barthélémy Dias, tête de liste Samm Sa Kaddu.
Par Ibrahima DIOP
Entre le Premier ministre et le maire de Dakar, les hostilités ont démarré depuis 2023. Ce duel générationnel s’est joué jusque-là, à travers les médias interposés. C’est la première fois que les deux hommes vont se jauger à travers l’électorat. Le score obtenu à Dakar par les deux Coalitions au soir du 17 novembre prochain présage une autre bataille psychologique en perspective de la prochaine élection présidentielle de 2029.
Barthélémy Dias a l’avantage d’être le Maire de la ville de Dakar. Cette position stratégique lui permet d’être en contact permanent avec les populations par le biais de plusieurs interactions dans le domaine social, culturel et sanitaire qui épousent les contours des compétences transférées par la loi portant transfert de compétence de l’Etat vers les Collectivités territoriales. Il s’y ajoute qu’avant d’être maire de Dakar, Barthélémy Dias a été maire de Mermoz Sacré Cœur sur une durée de plus de 9 ans. Ces stations importantes de proximité lui ont certainement permis de tisser des relations sociales qui peuvent se transformer en force électorale lors des prochaines joutes.
Barthélémy Dias qui a été par la suite élu Maire de Dakar lors des dernières élections locales de 2022 dans le cadre de la Coalition Yewwi Askan Wi doit montrer qu’il peut voler de ses propres ailes et qu’il n’a plus besoin d’une figure tutélaire. Ce saut d’obstacle est important s’il veut être un candidat valablement légitime à la présidentielle de 2029. C’est pourquoi, les élections législatives sont importantes à juste titre. Autant dire que Barthélémy Dias joue une partie de son avenir politique dans ce scrutin. Pour réussir son pari, le maire de Dakar a fait le choix d’investir sur la liste départementale de Dakar trois maires : Babacar Mbengue, Jean Baptiste Diouf et Bamba Fall. Ils disposent d’une implantation et d’une légitimité locale fortes pour avoir été continuellement réélus depuis 2009. La tête de liste de Samm Sa Kaddu a déjà gagné des points en décidant de s’allier avec la Coalition Takku Wallu formée de l’APR et du PDS et avec la Coalition Jamm Ak Njarin de Amadou Ba qui a décidé de ne pas compétir dans le département, même si elle avait déjà déposé ses listes. Elles sont, désormais, toutes en inter-coalition à Dakar.
Même s’ils partent seuls à ces élections sans Coalition ni inter-coalition, les candidats du Pastef à Dakar ont l’avantage de symboliser le nouveau pouvoir. Pastef peut donc compter sur des moyens financiers substantiels et la logistique qui sont importants dans un pays où la corruption des électeurs est un fait réel et vérifiable.
Tout compte fait, Dakar est parti pour être le théâtre d’un duel fratricide entre Barthélémy Dias et Ousmane Sonko. La victoire de l’un est partie pour fragiliser l’autre dans une longue bataille psychologique dont les élections locales et l’élection présidentielle seront les points culminants.



