Dans la commune de Maka Colibantang située dans la région de Tambacounda, des efforts considérables menés, dans le cadre de la lutte contre le paludisme, ont permis à la zone de sortir du lot. Tout cela, grâce à la mise en place de plusieurs stratégies par les autorités sanitaires de la région avec l’accompagnement de la communauté locale.
Par Idrissa NIASSY
Dans la région de Tambacounda, parmi tous les districts dont la plupart sont au rouge, concernant le paludisme, un seul centre de Santé est sorti du lot. Il s’agit de celui de la commune de Maka Colibantang, situé à près de 80 Km de la région de Tambacounda. Ces résultats ont été obtenus grâce aux efforts colossaux dus aux nombreuses stratégies mises en place par les autorités sanitaires avec l’accompagnement des chefs religieux, les chefs de villages et les acteurs communautaires de la santé. Parmi ces stratégies, il y a le Pecadom, qui est la prise en charge des cas à domicile. Il est géré par des acteurs communautaires qui sont formés en ce sens et qui font la prise en charge à domicile dans le village où ils sont désignés.
Cette Stratégie, selon Malamine Thiam, Superviseur des soins de santé primaire du district de santé de Maka Colibantang, consiste à faire en sorte que le relais se déplace chaque semaine dans chaque ménage pour aller dépister les enfants qui sont fébriles. « Une fois l’enfant dépisté, à lui de voir maintenant, s’il a le paludisme, il le traite directement. Si le cas est négatif, le cas est référé directement au niveau du poste de santé pour une meilleure prise en charge », a-t-il expliqué. À celle-là, s’ajoutent d’autres, comme le Pecadara qui est la même stratégie.
La seule différence est que pour cette stratégie, le traitement se fait au niveau des daaras. Pour le Pecaécole, qui est une de ces stratégies qui ont permis de changer la donne dans la lutte contre cette épidémie qui cause énormément de décès dans le monde, en Afrique et en particulier au Sénégal, dans cette commune la prise en charge se fait au niveau des écoles. « Dans chaque lieu, un acteur a été formé et dédié en ce sens-là pour prendre en charge correctement les cas de paludisme simple », a-t-il dit. Avant de préciser : « une fois, s’il mélange un signe de gravité, le cas est référé directement à la structure rattachée ».
Il y a également la Chimio prévention du paludisme saisonnier (Cps) qui se fait chaque année et qui cible pratiquement les enfants âgés de 3 mois à 120 mois (3 mois à 10 ans). Cette stratégie a également fait ses preuves dans la lutte pour l’élimination de cette maladie. Parce qu’elle a été démarrée au mois de juillet jusqu’au mois de septembre. Pour ce mois de mars, une baisse drastique des cas de paludisme a été constatée sur cette partie de la population, qui est vraiment sensible, vulnérable, en tout cas par rapport aux autres individus de la population. « Cette activité a été couplée également l’année dernière, parce qu’on a vu également beaucoup de réticences, beaucoup de cas de refus déguisés par rapport à la Cps », a souligné M. Thiam. En outre, le dépistage actif du paludisme a été couplé à la Cps pour permettre également aux parents qui disent que leur enfant est malade, de pouvoir les dépister avec le Test de diagnostic rapide (Tdr) du paludisme. « Et si le cas est confirmé, la prise en charge est faite immédiatement », explique-t-il lors de la visite de presse organisée par l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd) en partenariat avec la Fondation Bill et Melinda Gates à travers le Projet Santé en lumière, sous l’égide du Pnlp.
Pour l’année 2025, cette stratégie a également été couplée avec la digitalisation, pour permettre aux responsables du district de se décaler un peu avec la version papier. Ce système permet de collecter tous les éléments enregistrés dans les téléphones Androïdes. Le Traitement préventif intermittent communautaire (Tpi) fait aussi de ces stratégies innovantes. Ce traitement dédié aux agents communautaires et mis en place par les infirmiers-chefs de poste pour le major du centre de santé, est élaboré avec la cartographie des femmes enceintes pour les permettre de prendre régulièrement leur Sp, leur dose d’oxygène pyrimétamine à partir de la deuxième dose.
La cumulation de toutes ces stratégies et les Milda, font la différence
Toutes ces stratégies n’ont pas suffi à elles seules d’obtenir tous ces résultats. Il a fallu y incorporer la distribution à bon usage des Moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda). Parce qu’en 2018, la commune de Maka Colibantang peuplée de plus de 100 00 âmes, était à une incidence qui était un peu élevée à 279 /1 000 en 2018, avant d’arriver en 2019, à 184 / 1 000. Et pour 2022, 2021, 2022, la tendance est fortement en baisse atteignant les 64 / 1 000. Ce qui montre que des efforts colossaux ont été réalisés pour arriver à ce niveau. Le Superviseur de soins de santé primaire a profité de la visite des journalistes membres de l’Ajspd pour plaider au côté du Pnlp de trouver des partenaires pouvant remplacer l’Usaid qui supportait les stratégies, comme la Pecadom. Dans ce district de santé, les postes polarisés sont en nombre de 13, plus le centre de santé, ce qui fait 14 au total. Il a également 14 cases de santé, donc 13 qui sont fonctionnelles, 95 sites hécatombe et 30 sites communautaires. La principale difficulté pour ce district, c’est de mettre en place un comité de gestion des cas de revue composé de l’Icp, du chef de village, de la zone et de quelques membres du Cds. Ce comité est chargé d’aller discuter avec le parent qui a refusé d’administrer les médicaments à son enfant. Pour M. Thiam, 90 % des cas de revue ont été solutionnés.
L’impact de l’influence religieuse
Pour M. Thiam, l’impact de l’influence religieuse est très importante dans la prise de décision. Car, avant chaque stratégie, un Cld où prend part l’ensemble des imams et des chefs de villages est convoqué pour leur parler de la stratégie à mettre en place. « Et ce sont ces mêmes personnes-là qui vont porter maintenant le flambeau pour aller le vulgariser au niveau de leur zone de responsabilité », a-t-il affirmé. C’est le cas du chef de village Mboulédou, qui polarise plus de 10 000 âmes, et qui n’a jamais ménagé un effort, dit-t-il, pour s’imprégner sur la prise en charge de ces cas-là. « Donc, il y a vraiment une bonne intégration, en tout cas, religieuse par rapport à ces stratégies-là », a-t-il indiqué. Pour les cours d’eau, ce dernier de faire savoir que cela pose énormément de problèmes. Parce que, cela rendait compliquer les luttes anti-vectorielles avec la contractualisation de 11 Ocd, qui, chaque semaine, aux alentours de leur zone de responsabilité, essaient de combler ces trous-là qu’ils peuvent.
« Maintenant, pour les grands cours d’eau-là, il n’y avait pas de solution, vraiment, par rapport à ces cours d’eau», a-t-il signalé. Selon lui, des postes de santé sont complètement coupés pendant l’hivernage, rendant extrêmement difficile les réunions de coordination, mais également l’évacuation des femmes enceintes. «Les agents sanitaires sont obligés de les évacuer, d’abord par une pirogue, avant que l’ambulance puisse s’en charger de l’évacuation au niveau du centre», a-t-il fait savoir.
La gestion transfrontalière
Selon M. Thiam, pour la gestion transfrontalière, comme c’est le cas au niveau de Cissécounda où il y a un poste de santé gambien qui se trouve à quelques à quelques encablures, les deux postes de santé sont obligés de se rencontrer de façon périodique pour le partage des résultats. Parce que le flux opératoire est présent. «S’il y a des cas au niveau de ces zones de responsabilité, ils doivent agir ensemble pour essayer de vraiment réduire le maximum la mortalité au niveau de ces zones-là», explique-t-il. Concernant le nombre d’ambulances dont dispose le district de santé de Maka Colibantang, une politique avait été mise en place pour permettre les trois communes qui partagent ce district d’en disposer au moins une, afin de réduire les distances à faire, avec les cas de paludisme. Et c’est chose faite, parce les maires de ces communes ont acheté chacun une ambulance neuve qu’ils ont mis à la disposition des postes de santé de ces communes. Ce qui fait que, le district dispose de trois ambulances (une par commune). Pour lui, tous les cas graves de paludisme ont été référés à Maka Colibantang.
4 décès de neuropalu enregistrés
Pour les cas de neuropalu, Malamine Thiam a fait savoir que l’année dernière, quatre (4) décès ont été enregistrés dont 2 chez les plus de 5 ans. «En 2023 également, les décès étaient comptés au nombre de 4», a-t-il précisé. Pour lui, plus de 50 cas de neuropalu ont été enregistré. Concernant la morbidité palustre, 3 254 cas ont été enregistrés chez les moins de 5 ans. Chez les plus de 5 ans, excluant les femmes enceintes, 14 479 cas ont été enregistrés. Pour les femmes enceintes, 231 cas sont enregistrés en 2018, contre 1 485 pour les moins de 5 ans, 10 029 pour les plus de 5 ans, et 201 femmes enceintes en 2019. Ce qui montre que des efforts ont été consentis dans ce sens.




