Le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement dément l’ex directeur général de l’Onas, Cheikh Dieng et fait des révélations explosives sur les deux marchés de curage attribués aux entreprises Tawfekh Taysir pour la région de Dakar et Delgas pour les autres régions.
Par Ousmane THIANE
Le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement apporte des précisions concernant le marché de curage de l’ONAS. Dans un communiqué, il affirme avoir décelé des « défaillances manifestes » dans l’exécution des marchés confiés aux entreprises Tawfekh Taysir et Delgas.
D’emblée, les services de Cheikh Tidiane Dièye révèlent que le montant total des deux marchés attribués est de 1 324 255 000 F CFA TTC pour 720.000.000 FCFA TTC inscrits dans le Plan de passation de passation.
La tutelle relève également un faible niveau d’exécution des travaux. « Près d’un mois après le début des travaux qui devaient durer 45 jours sur la base d’un planning défini de commun accord entre ONAS et les entreprises attributaires, des retards considérables ont été constatés à Dakar et pire une absence de démarrage des opérations dans plusieurs régions.
Cette situation révélant l’incapacité des entreprises chargées des travaux a été mise en exergue par le dispositif de suivi rapproché mis en place par Monsieur le Ministre. En effet, à la date du 26 juillet 2024, soit après consommation de 66% des délais convenus, il a été constaté un faible niveau d’exécution d’à peine 10 % à Dakar et un peu plus 30 % dans les régions », constate-t-il pour s’en désoler.
Une série de défauts, de la sélection des entreprises aux écarts de facturation alarmants
Le ministère liste ainsi une série de défauts, de la sélection des entreprises aux écarts de facturation alarmants dans le cadre des marchés de curage de l’Onas. « Les investigations menées ont révélé que sur les six (6) entreprises consultées, seule DELGAS avait une expérience connue dans le sous-secteur de l’assainissement.
D’ailleurs, les entreprises ayant une expérience et une capacité avérée dans le domaine n’ont pas été consultées. En plus, il a été constaté des écarts de facturation élevés par rapport aux prix moyens des prestations effectuées ces dernières années. A titre illustratif : le curage du bassin de la zone de captage est indexé dans le marché de 2024 à 300 000 000 CFA HTV, alors que le montant global du marché de clientèle 2021 2023 le concernant, était de 83 000 000 CFA TTC.
Le prix unitaire du mètre linéaire « curage des canaux fermés largeur inférieur à 1,5m avec ventilation » du marché des régions qui était à 1500 F CFA dans le marché de clientèle 2021 2023, est indexée 18 000 F CFA. Le prix unitaire du mètre linéaire « curage des canaux fermés largeur supérieur à 1,5 m avec ventilation » qui était de 3000 CFA dans le marché de clientèle 20212023 du marché des régions, est facturé à 23000 FCFA », détaille-t-il.
Ce n’est pas tout car, selon toujours le document dont Lii Quotidien détient copie, « il a été aussi noté que le DAO transmis par la Direction de l’exploitation et de la maintenance (DEM) de ONAS été modifié à son insu ». « Cela a engendré un écart sur le quantitatif de la rubrique « curage des canaux fermés largeur inférieur à 1,5 m » du marché des régions.
En effet, dans le devis attribué, il est à 6000 ml alors que celui transmis par la DEM est de 40 000 ml. Ce qui engendrerait un surplus de travaux de 34 000 ml avec un impact financier de 612 000 000 FCFA, lequel porterait le cout global des travaux à plus de 1 900 000 000 FCFA en 2024 en lieu et place des 1 324 255 000 FCFA TTC attribués », précise-t-on.
L’ex DG Cheikh Dieng n’aurait entrepris aucune mesure pour remédier aux manquements constatés
Face aux risques élevés d’inondations, le ministre Cheikh Tidiane Dièye a demandé à l’ancien directeur de l’ONAS, Cheikh Dieng, de trouver rapidement une solution.
Néanmoins, le désormais ex DG de l’ONAS n’a pris aucune mesure pour remédier aux manquements constatés. « Constatant qu’aucune diligence n’a été entreprise, Monsieur le Ministre a facilité la mise en place d’un groupe de travail technique composé des techniques de l’ONAS désignés par le Dg sortant et des services du département pour accompagnement », fait savoir le ministère. Qui indique que l’évaluation du niveau d’exécution des opérations a permis de constater « la véracité de l’ensemble des défaillances citées ».
Ainsi, à l’issue de ses travaux, ledit groupe, a proposé au Ministre des solutions. « Pour le lot 1 (Dakar) : l’arrêt de la procédure de contractualisation avec Tawfekh qui, visiblement, n’avait pas les capacités requises pour exécuter les travaux et la relance du marché à travers une procédure d’entente directe avec des entreprises dont la capacité est reconnue.
Pour le lot 2 (régions) : la résiliation partielle du marché. Delgas pourrait poursuivre les travaux dans les zones où les activités ont démarré et avancent. Par contre, pour Mbour, Joal, Diourbel, Touba Mbacké, Matam, Podor, une procédure d’entente directe est préconisée avec des entreprises dont la capacité est reconnue », renseigne le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement.
A l’en croire, « les analyses ultérieures des projets de contrats ont révélé l’ampleur des écarts de prix par rapport aux coûts moyens en cours. Ce qui appelle une remise en cause desdits projets de contrats pour des raisons d’intérêt général et de bonne utilisation des deniers publics ».
La tutelle de préciser que c’est sur la base de ces éléments que le ministre Cheikh Tidiane Dièye a demandé au Dg de l’ONAS (Cheikh Dieng, ndlr), par lettre en date du 29 juillet 2024, « d’arrêter la procédure avec les deux entreprises concernées et de ne surtout pas signer les projets de contrats ».
Aussi, Cheikh Tidiane Dièye a-t-il saisi la DCMP le même jour pour solliciter l’autorisation de faire passer les marchés par une procédure dérogatoire prévue par le code des marchés publics avec les entreprises ayant la capacité requise et qui ont été proposées unanimement par les membres du groupe de travail.