Le FMI ne prévoit pas de reprendre un nouveau programme avec le Sénégal qu’après la résolution des données « erronées » relevées par le Rapport d’audit de la Cour des comptes sur les finances publiques et peu après l’examen du dossier par son Conseil d’administration.
Par Ousmane THIANE
Le Fonds monétaire international (FMI) a bouclé, mercredi 26 mars 2025, sa mission d’analyse de la situation des comptes publics après la publication du rapport de la Cour des comptes, le 12 février 2025. Selon Edward Gemayel et son équipe, les conclusions de cet audit des finances publiques mettent en lumière « de graves lacunes dans le contrôle budgétaire et la reddition des comptes, soulignant l’urgence de mettre en œuvre des réformes structurelles ».
Des échanges avec les autorités sénégalaises ont eu lieu en vue de discuter des mesures correctrices à mettre en place pour éviter que de tels « écarts » ne se reproduisent. « La mission a cherché à mieux cerner l’ampleur des écarts et les insuffisances juridiques, institutionnelles et procédurales qui les ont rendus possibles. Les discussions ont également porté sur l’identification de mesures correctrices pour améliorer la transparence budgétaire, renforcer le contrôle des finances publiques et la récurrence de telles pratiques », explique M. Gemayel. Avant de poursuivre : « L’activité économique du Sénégal est restée résiliente en 2024.
Les premières estimations indiquent une croissance du PIB réel d’environ 6,0 %, soutenue par une solide performance du secteur des hydrocarbures. L’inflation est restée faible, avec une moyenne de 0,8 %, contribuant à un environnement de prix stable. Le déficit budgétaire s’est établi à 11,7 % du PIB, tandis que la dette de l’administration centrale est estimée à 105,7 % du PIB à fin 2024. Les conditions de financement se sont nettement resserrées, reflétant des tensions sur les marchés régionaux, des retards dans le soutien des partenaires techniques et financiers, et un recours accru à des emprunts extérieurs de court terme à coût élevé. Ces tensions soulignent l’importance d’une stratégie crédible d’assainissement budgétaire ».
Pas d’éventuel nouveau programme avant…
Le FMI dégage ainsi des perspectives de réformes. « Des réformes audacieuses et crédibles seront essentielles afin de permettre un retour rapide à l’objectif de déficit budgétaire fixé par l’UEMOA et de placer la dette publique sur une trajectoire durablement décroissante. Les mesures prioritaires incluent la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques coûteuses et non ciblées. Ces réformes permettront de reconstituer les marges de manœuvre budgétaires, indispensables pour faire face à de futurs chocs, soutenir les priorités de développement, et réduire les vulnérabilités macroéconomiques », souligne le chef de la mission, Edward Gemayel.
A l’en croire, le Sénégal a exprimé son intention de solliciter un nouveau programme appuyé par le FMI. L’institution financière reste cependant inflexible. « Le Fonds se tient prêt à accompagner le Sénégal dans la conception d’un programme de réformes ambitieux, tirant les enseignements de l’audit et conforme à la stratégie nationale de développement. Les discussions sur un éventuel nouveau programme débuteront dès que des mesures correctrices auront été engagées pour remédier aux déclarations erronées, et peu après l’examen du dossier par le Conseil d’administration du FMI », déclare M. Gemayel.