Par Babacar DIONE
L’ancien procureur de la CREI met mal à l’aise le parquet financier. Alioune Ndao juge inconcevable que Farba Ngom puisse sortir de sa première convocation sans être auditionné. L’ancien procureur est convaincu que le pool judiciaire financier devrait au moins auditionner le maire des Agnam lors de la première comparution de ce dernier. Pour Alioune Ndao, Farba pouvait être inculpé, mis sous mandat de dépôt ou sous contrôle judiciaire simple ou avec bracelet électronique en attendant sa deuxième convocation.
Et le néo député de marquer sa surprise face à la décision des magistrats du parquet financier de laisser Farba Ngom rentrer chez lui librement avec le dossier d’accusation. « Je n’ai jamais vu ça tout au long de ma carrière », a-t-il précisé.
On n’attendait pas d’Alioune Ndao qu’il jette une pierre dans le jardin du PJF pour la bonne et simple raison qu’il se doit au moins d’être solidaire avec les magistrats du parquet financier avec lesquels il partageait la même profession.
Aujourd’hui qu’il est devenu politicien et militant de Pastef, sa soif de vengeance contre les responsables du régime de Macky Sall ne doit pas le pousser à s’attaquer à ses anciens collègues de la justice. A-t-il d’ailleurs des leçons à leur donner, lui qui avait accepté d’être le procureur de la CREI, une juridiction aux antipodes des lois les plus élémentaires des libertés individuelles.
La Cour de répression de l’enrichissement illicite a été décriée, tout autant que son procureur Aliou Ndao. On avait du mal à comprendre, en son temps, sa volonté de mettre en prison des pontes de l’ancien régime du président Abdoulaye Wade, malgré le défaut de preuves formelles de l’accusation. Il se raconte même que sa défenestration précipitée par le président Macky Sall en pleine audience, serait liée à sa volonté de mettre en prison plusieurs responsables libéraux dont pas moins de quatre ministres. Vrai ou faux ? Tout porte, en tout cas, à croire qu’Alioune Ndao veut prendre sa revanche sur l’ancien régime. D’où son entrée en politique en militant dans un parti d’opposition radicale, Pastef.
Pour le moment, il devrait éviter de donner à ses détracteurs l’occasion de penser qu’il montre des signes de frustration pour ne pas avoir été nommé procureur.
Les propos qu’il a tenus à l’endroit du parquet financier sont loin de rendre service au régime dont il fait partie. Ils pourraient faire braquer les magistrats du pool judiciaire qui veulent convaincre l’opinion qu’ils n’ont pas une « commande politique » à exécuter.