Mohammad Javad Zarif, professeur associé d’études mondiales à l’Université de Téhéran dissèque la nouvelle politique étrangère de l’Iran.
Par Ousmane THIANE
L’avènement de Masoud Pezechkian à la tête de la République islamique d’Iran a reposé le débat sur la politique étrangère dudit pays. Dans une tribune intitulée « Comment l’Iran voit le chemin vers la paix », l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, se penche sur ce sujet.
« La République islamique est ouverte aux négociations, y compris avec les États-Unis (…) Pezeshkian souhaite la stabilité et le développement économique au Moyen-Orient. Il souhaite collaborer avec les pays arabes voisins et renforcer les relations avec les alliés de l’Iran. Mais il souhaite également s’engager de manière constructive avec l’Occident.
Son gouvernement est prêt à gérer les tensions avec les États-Unis, qui viennent également d’élire un nouveau président. Pezeshkian espère des négociations sur un pied d’égalité concernant l’accord nucléaire – et peut-être plus encore », fait-il valoir.
A l’en croire, le successeur d’Ebrahim Raissy « est bien préparé à gérer toutes les difficultés qui surgiront au cours des prochaines années ». Mieux, souligne-t-il, il reconnaît que « le monde est en train de passer à une ère post-polaire où les acteurs mondiaux peuvent simultanément coopérer et rivaliser dans différents domaines ». « Il a adopté une politique étrangère flexible, privilégiant l’engagement diplomatique et le dialogue constructif plutôt que de s’appuyer sur des paradigmes dépassés.
Sa vision de la sécurité de l’Iran est holistique, englobant à la fois les capacités de défense traditionnelles et le renforcement de la sécurité humaine par des améliorations dans les secteurs économique, social et environnemental », déclare celui qui fut négociateur en chef du pays sur le dossier nucléaire de 2013 à 2015 et ambassadeur auprès des Nations unies de 2002 à 2007. Toutefois, Mohammad Javad Zarif estime que l’Iran adoptera une position ferme. « Comme l’a clairement indiqué Pezeshkian, l’Iran ne capitulera pas devant des exigences déraisonnables.
Le pays résistera toujours à l’agression israélienne. Et il ne se laissera pas décourager de protéger ses intérêts nationaux », assure-t-il. Le professeur associé d’études mondiales à l’Université de Téhéran de lancer dans la foulée un message à l’occident. « Au lieu d’accroître la pression sur l’Iran, l’Occident devrait rechercher des solutions à somme positive », argue-t-il.
Avant d’ajouter : « l’accord sur le nucléaire est un exemple unique et l’Occident devrait chercher à le relancer. Mais pour ce faire, il doit prendre des mesures concrètes et pratiques, notamment des mesures politiques, législatives et d’investissement mutuellement bénéfiques pour s’assurer que l’Iran puisse bénéficier économiquement de l’accord, comme promis. Si Trump décide de prendre de telles mesures, alors l’Iran est prêt à engager un dialogue qui profiterait à la fois à Téhéran et à Washington ».




