Les Mutilations génitales féminines (MGF) exercées sur les filles et les femmes ont des conséquences énormes sur leur vie. Elles sont un obstacle à leur participation au développement économique et social du Sénégal. Pour pousser les communautés à comprendre les dangers de ces pratiques néfastes, des modules sur les MFG seront intégrés dans les curricula de formation.
Par Idrissa NIASSY
Pour pousser la communauté à comprendre les conséquences néfastes des Mutilations génitales féminines (Mgf) engendrées au niveau de la santé de la femme, particulièrement de la fille, et les conséquences psychologiques et économiques, qu’elles peuvent occasionner, notamment en empêchant ces couches de pouvoir participer au développement économique et social du pays, 14 modules seront intégrés dans les curricula de formation.
Selon la Directrice de la Famille et de la Protection des groupes vulnérables, Dr Rokhaya Diakhaté, ces modules vont permettre, non seulement d’élargir les outils didactiques des différents intervenants, mais aussi de faciliter la compréhension de la pratique des mutilations génitales féminines. « Ces modules vont faciliter la compréhension de la pratique des mutilations génitales féminines et ses conséquences néfastes sur les femmes et les filles », a-t-elle fait valoir.
Pour elle, le fait de l’intégrer dans les curricula, dans la formation, « va être quelque chose de très important et de très innovant pour les apprenants et pour les communautés », car respectant les principes éthiques et déontologiques. Cela va également les pousser à savoir, à partir de maintenant, quelle sera la conduite à tenir pour l’abandon, même si ça ne sera pas facile, du fait que les femmes qui les pratique n’ont aucune ressource. « Pour les femmes, ces modules serviront de catalyseurs afin qu’elles puissent jouer un rôle capital dans l’abandon de cette pratique », a déclaré la Directrice de la famille et de la Protection des groupes vulnérables.
Dr Rokhaya Diakhaté présidait hier la rencontre de validation de l’intégration des Mutilations génitales féminines (excision) dans les programmes de formation, en partenariat avec Global Research and Advocacy Group du Sénégal (Grag), avec l’appui de d’Acaf. Cette activité a vu la participation de six ministères (Santé, Famille, Éducation, Intérieur, Justice et Enseignement supérieur). Elle marque une étape clé dans la lutte contre cette pratique au Sénégal. Car, ces femmes, une fois qu’elles abandonnent ces pratiques, bénéficieront non seulement de formation, mais seront formalisées, financées pour avoir des activités génératrices de revenus.
Des pratiques en baisse, mais persistantes dans certaines régions
Au Sénégal, l’enquête démocratique et de santé Continue de 2023 a montré une baisse de la prévalence qui est passée de 25 % en 2019 à 20 % des femmes âgées de 15 à 49 ans. Pour les filles de moins de 15 ans, la prévalence est passée de 16,1 % à 12,9 %. Malgré tous ces résultats obtenus grâce à la mobilisation de tous les acteurs, les sectoriels, les Organisations de la société civile, ces pratiques persistent avec des disparités constatées dans certaines régions, particulièrement celles du Sud du pays. Où des cas d’excision collective ont été signalés dans la région de Sédhiou concernant 11 filles de 6 mois à 5 ans, plus précisément dans le département de Goudomp le samedi 15 février 2025. Ce qui fait dire à la Directrice de la Famille et de la Protection des groupes vulnérables, que « les Mgf nécessitent une approche coordonnée et intégrée de tous les acteurs avec des outils adaptés et consensuels».
Le ministère de la Famille et des Solidarités a élaboré une stratégie nationale pour l’abandon de la pratique dont la vision est de réaliser d’ici 2030 un Sénégal sans injustice pour toutes les femmes et les filles. Qui vient trouver des lois, comme celle de 90-05 adoptée par le parlement en 1999, et qui interdit les Mutilations génitales féminines.
La lutte contre les MGF, une urgence
Amadou Moreau de Global Research and Advocacy Group (Grag), et spécialisé sur les normes sociales, faisant la situation sur l’excision dira que l’urgence est là et pour deux raisons. La première, c’est la persistance des cas d’excision surtout au Sud du pays. « Ce qui veut dire que tous les efforts et investissements qui ont été mobilisés et déployés pendant des décennies n’ont pas encore fait suffisamment d’effets », regrette-t-il. D’où l’intérêt, précise M. Moreau, « de recadrer la manière dont nous intégrons cette problématique qui est une patate chaude dans toutes nos assiettes », afin d’engager la dynamique autrement en se focalisant sur la mobilisation que cela requiert pour embarquer les acteurs au front.
La deuxième consiste à changer de fusil d’épaule afin de définir les axes, les priorités et enfin les cibles pour atteindre les objectifs communautaires. Concernant les familles qui traversent des frontières pour exciser leurs filles, ce dernier de faire savoir que pour mettre fin à ce processus, il faut une concertation en ne mettant personne de côté. « Il suffit de mettre en place des sociogrammes pour savoir dans les foyers la personne qui décide qu’on excise ou qu’on n’excise pas », a-t-il conclu.
