PROJET, DPG, SORTIE DE DIOMAYE, SES RAPPORTS AVEC SONKO, LEGISLATIVES, FONCIER A MBOUR 4 …Le maire de Kaffrine Abdoulaye Saydou Sow sans filtre !

Invité du plateau spécial sur « Lii Tv », le maire de Kaffrine Abdoulaye Saydou Sow s’est épanché sur l’actualité nationale. L’ex ministre a évoqué le fameux « Projet» du régime de Diomaye Faye, la dernière sortie du Chef de l’Etat, ses rapports avec son premier ministre, la Déclaration de politique générale (Dpg) mais également les prochaines élections législatives et l’affaire du foncier de Mbour 4.

Propos rassemblés par Ousmane THIANE

« Le pouvoir n’a pas de vision claire. On a vendu de l’illusion aux sénégalais »

On ne peut pas y avoir une vision claire. Même eux n’ont pas encore une vision claire. Ils indiquent que le projet sera bâti au mois de décembre. Donc ils sont en train de se chercher. La vérité. C’est qu’on a vendu de l’illusion aux sénégalais. Le fameux projet n’était qu’un slogan politique. Avec les réalités du pouvoir, vous avez avec le FMI. Lors de leur première rencontre avec le FMI, l’institution leur a demandé de poursuivre le PSE et ils se sont
engagés dans ce document. Ce qu’ils devaient y avoir, c’est que le projet politique devait être porté dès leur arrivée au gouvernement. Comme le projet politique n’existe pas, il faut se référer à des contributions des ministres. En fait, le projet n’existe pas.

« Ousmane Sonko a trouvé un subterfuge pour alimenter la question politique pour décaler sa DPG »

Le petit jeu entre Sonko et l’Assemblée nationale sur la déclaration de politique générale. Je pense que Ousmane Sonko n’était pas prêt. Lors du conseil des ministres du 10 juin, ils avaient dit dans les jours à venir. Dans les jours à venir ce n’est pas dans les semaines à venir. Donc c’était attendu vers fin juin. Et ça a coïncidé avec la clôture de la session. Il a trouvé un subterfuge pour alimenter la question politique afin d’avoir un peu de temps. C’était un jeu politique. Le plus important c’est qu’au lieu que le président de la République ait cette vision de  l’Assemblée nationale, cette perception.

« Le président Bassirou Diomaye doit se ressaisir sur son appréciation sur les institutions »

Le président de la République ne doit pas être dans les habits de politicien. C’est lui le garant de la stabilité des institutions. Si lui­-même n’accorde pas de crédit aux institutions, on ne demandera pas aux citoyens de donner du crédit à ces institutions. Le président doit se ressaisir sur son appréciation sur les institutions. La DPG est déclinée à partir d’une vision et cette vision-là, ils sont en train de la formater. Donc, il fallait se donner un peu de temps, une semaine, trois semaines pour être prêts. Et Ousmane Sonko a eu l’intelligence d’avoir ce subterfuge pour pouvoir décaler un peu. Les jurys populaires, c’est des histoires Je me suis étonné d’ailleurs d’entendre le Président dire que le jury populaire. Ce n’est pas exact. L’Assemblée nationale, c’est une institution, c’est l’incarnation de la volonté populaire. C’est différent d’un jury populaire. Ça c’est manquer de respect à notre Assemblée, à notre peuple.

J’ai entendu le président dire que l’assemblée nationale a accepté de changer le règlement intérieur. Si j’étais député ou président de l’Assemblée nationale, je n’aurai rien modifié parce que le règlement intérieur régit les députés. Il ne régit pas le premier ministre. Le premier ministre est régit par la constitution, il n’est pas lié par le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. C’est lorsqu’il mettra les pieds à l’Assemblée nationale que le règlement le régira. L’histoire a montré qu’il y a eu des premiers ministres qui sont allés à l’Assemblée nationale sans se référer à ce règlement parce qu’il y a la constitution. L’article 55 de la constitution ne renvoie pas à une loi organique. On doit d’abord suivre la constitution après les lois. Les députés ne devaient pas bouger de leur position, Ousmane Sonko est tenu par la constitution de se présenter à l’Assemblée nationale. S’il ne se présente pas à l’Assemblée nationale, il aura violé la constitution.

« Pourquoi Ousmane Sonko refuse de se présenter à l’AN pour sa DPG »

Je ne crois pas qu’il ait peur de se présenter à l’Assemblée nationale. Peut-être qu’il y a une volonté qui était affiché de motion de censure. Peut-être que politiquement il peut penser que c’est un acte qui pourrait être. On est dans le jeu politique ou chacun est en train de poser ses pions.

« Bassirou Diomaye Faye a insulté tous les premiers ministres de l’histoire du Sénégal »

L’État n’a pas d’amitié. Un président de la République n’a pas d’amis, de frères ni de cousins. Il est le garant du fonctionnement régulier des institutions. Je crois que l’État est en train d’être désacralisé. C’est un coup dur contre l’État. A ce niveau où le président s’adresse à la nation, où les sénégalais sont là en train d’écouter, ce n’est pas leurs enfants ou leurs familles qui nous concernent. Ce qui nous concerne ce sont les actes qu’ils posent. Même ses relations avec le premier ministre sont régies par la constitution et par les textes. Ce n’était plus le président qui parle, on est dans l’émotion et le sentimental. Or l’État ça s’incarne, ce ne sont pas ces détails-­là. C’est au-delà de ces questions. Habib Thiam et Abdoulaye Wade étaient de très grands amis (…) mais on ne le voyait jamais transparaître dans les relations d’États. J’ai été surpris d’entendre le président dire qu’il a le meilleur premier ministre de l’histoire du Sénégal. Bassirou Diomaye Faye a insulté tous les premiers ministres de l’histoire du Sénégal. Peut-­il juger en seulement trois mois ? Abdou Diouf a été Pm de 1970 à 1980. Il veut nous dire que les 3 mois de Sonko où aucun acte n’a été posé ont mieux que les 10 ans d’Abdou Diouf (…) Je pense que Abdou Diouf s’est senti insulté.

« Je ne vais pas bâtir ma stratégie à travers une éventuelle brouille entre Sonko et Diomaye »

Il faut être honnête dans l’analyse. La vérité est que Ousmane Sonko a été essentiel dans l’élection de Bassirou Diomaye Faye. Je n’ai aucune analyse à faire entre Sonko et Diomaye. Je ne vais pas bâtir ma stratégie à travers une éventuelle brouille entre Sonko et Diomaye. J’estime que l’opposition a intérêt à bâtir sa stratégie sur les problèmes des sénégalais et l’analyse pointue de ce qui se passe au Sénégal. Et non pas ce qui se passe entre deux personnes. En élisant Diomaye le 24 mars, on savait bien qu’on est dans un régime présidentiel où il y a la primauté du président de la République. S’il vient avec un d’équilibrer les pouvoirs, il est en train de détourner le vote des sénégalais. Les sénégalais n’ont pas voté pour le premier ministre ; ils ont voté pour le président. Notre rôle en tant qu’opposant, ce n’est pas de toujours regarder ses actes. Il faut que nous posions nous mêmes nos actes, que nous soyons ce rouage essentiel de la démocratie que nous confère la constitution.

« Je m’attendais que Diomaye reçoive l’opposition et discute avec elle comme il l’a fait avec le l’Assemblée nationale »

Abdou Diouf et Senghor ont été les bâtisseurs de l’Etat. Nous leur devons cet Etat solide. Mais l’approfondissement de la démocratie, c’est Wade et Macky Sall. Tous ces quatre premiers présidents n’ont jamais pu réguler les rapports entre le pouvoir et l’opposition. Le pouvoir et l’opposition ont toujours été des rapports conflictuels. Les conflits peuvent être électoraux ou politiques mais dans l’aspect du développement, nous devons être complémentaires. C’est là que j’attendais Bassirou Diomaye Faye. Je m’attendais à ce qu’il reçoive l’opposition et discute avec elle comme il le fait avec le l’Assemblée nationale et autres. On aura préservé l’intérêt du Sénégal.

« L’affaire Fulbert Sambou n’est pas couverte par la loi d’amnistie»

J’étais personnellement contre cette loi d’amnistie. S’il n’y avait pas cette loi d’amnistie, peut-­être que Sonko ne serait pas aujourd’hui premier ministre. Peut-être qu’il y aurait encore beaucoup de tensions. L’affaire Fulbert Sambou n’est pas couverte par la loi d’amnistie. S’ils ont des preuves, des éléments nouveaux, c’est leur rôle d’aller enquêter et de dire la vérité aux sénégalais. On n’a pas besoin de faire des déclarations à gauche et à droite. Vous êtes au pouvoir, le pouvoir doit agir. Quand vous estimez qu’il y a une violation grave des lois ; qu’il y a des gens qui ont été assassinés, mais il faut chercher les assassins et les chantiers parce que les assassins n’ont pas de place dans la rue. On a reçu des menaces de mort, on a vu des gens incendier un bus causant des morts. Pour moi, ces gens on devait les juger. Ils ont raison, ils n’ont pas raison ? Je ne sais pas. Ce que je crois c’est qu’on donne à chacun ses droits. Qu’on garantisse les droits de la défense mais, au moins qu’on les juge… On a eu des élections que tout le monde a saluées. Peut être aussi que le président Macky Sall a eu raison sur nous…

« On ne peut pas attribuer notre défaite aux seules relations entre Macky Sall et Amadou Ba »

J’ai la chance d’avoir été très proche du président mais aussi un des soutiens les plus fermes à Amadou Ba parce que le président Macky Sall me l’avait demandé. Il ne m’a jamais demandé de faire autre chose. Moi je suis un camarade fidèle et loyal au président Macky Sall mais cela ne m’empêche pas de dire les choses telles qu’elles se sont passées. Mais on ne peut pas attribuer notre défaite aux seules relations entre le président et Amadou Ba. Chacun d’entre nous doit se remettre en cause. Si j’ai été battu à Kaffrine, ce n’est pas forcément le président. Aujourd’hui je suis en train d’analyser les raisons de la défaite à Kaffrine. Je refuse de dire que c’est Amadou Ba ou Macky Sall. La défaite c’est moi parce qu’on a fait à Kaffrine des choses importantes mais il y a eu un moment où un problème de communication. Le report des élections a eu des effets ; les sénégalais étaient mécontents de manière générale. Nous-­mêmes on n’a pas communiqué avec nos bases pour expliquer. On est reste à Dakar. Certains sont allés à la base pour dire que Macky Sall n’est plus avec Amadou Ba. Nous aussi nous ne sommes pas allés à la base pour déconstruire ce qui été dit. Les sénégalais ont estimé qu’il y avait de l’arrogance dans nos camps.

« J’entends diriger la liste à Kaffrine lors des prochaines élections législatives »

J’entends aller aux élections législatives. J’entends diriger la liste à Kaffrine. Quoi qu’on puisse me reprocher, ce n’est pas le travail. On a fait là-­bas ce qu’aucun maire n’a réalisé. On a créé beaucoup d’emplois à Kaffrine. C’est plus de 2000 emplois qui ont été mis dans la région alors qu’aucun régime n’a jamais dépassé 100 empois…Il y a
eu beaucoup de choses qui ont été faites. Il y a la perception que nous avons duré au pouvoir. Nous n’avons pas bien communiqué avec nos concitoyens.

Elections Législatives : APR, Taxawu et PDS face au pouvoir ?

Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko sont dans la préparation des élections législatives. Diomaye est en train de préparer minutieusement les législatives. Les principales forces tourneront autour de l’APR, de Khalifa Sall et probablement du PDS. Si ces forces s’unissent ça leur fera mal. C’est pourquoi ils vont nous diaboliser.

Le cas Amadou Ba…

La nouvelle responsabilité ne dit pas une nouvelle ligne électorale. On peut ne peut être ensemble dans un parti mais pour les élections qu’on soit ensemble. Si nous sommes éclatés ce sera l’avantage du pouvoir.

Sonko et Diomaye sont complémentaires dans leur tempérament et leur façon de faire et ils analysent les comportements. Ils regardent la structure politique du Sénégal. Ils posent des actes l’un après l’autre par rapport à la perception de la chose. Je refuse d’être emballé dans ce qu’ils sont en train de faire.

« Si on estime mon patrimoine, ce que Bassirou Diomaye Faye a déclaré dans son patrimoine est supérieur »

Je peux défier Wally Diouf Bodian. Je n’ai eu qu’une seule banque. Je suis entre dans la fonction publique en 1993… J’ai eu plusieurs fonctions… Aujourd’hui si on estime mon patrimoine, ce que Bassirou Diomaye Faye a déclaré dans son patrimoine est supérieur…

Foncier à Mbour 4

A Mbour 4, c’était une forêt. Lors du déclassement en 2022, certains parlaient de spoliation foncière. Ce n’est pas vrai. C’était une forêt. Le ministre de l’environnement avait proposé un décret au président de la République pour le déclassement. En 2023, le président a autorisé qu’on établit le plan d’urbanisme de détails. Seule une partie me concerne dans ce plan d’urbanisme de détails. Une autre partie concernait le ministère des Finances, direction  impôts et domaines. Des hippodromes, sphères administratives, zones économiques spéciales sont prévues dans ce PUD.

A côté, il doit y avoir des zones d’habitats. Dans toutes les nouvelles villes du monde, si l’Etat veut créer une nouvelle ville, il fait appel aux entreprises de venir construire parce que ce sont ces constructions qui accélèrent le modèle. Il y a des Maliens qui disposent de 100 hectares dans ce PUD. Des Dubaïotes, des Anglais y étaient prévus. Des terrains ont été offerts à des sénégalais qui avaient fait des demandes dans les gouvernances…