La situation de la tuberculose au niveau de la banlieue dakaroise, notamment à Guédiawaye et Pikine, est alarmante. Dans ces zones de forte densité, la maladie gagne du terrain à cause non seulement de la promiscuité, du manque d’aération de certaines maisons, mais aussi du dépistage tardif de certains patients et d’autres facteurs.
Par Idrissa NIASSY
Bien que le Sénégal maintienne une amélioration progressive de ses indicateurs en matière de prise en charge de la tuberculose, pour atteindre l’élimination de la maladie en 2035, la maladie continue de faire des ravages. Dans la banlieue dakaroise, notamment à Guédiawaye et Pikine, malgré ces indicateurs en matière de prise en charge de la tuberculose qui sont les meilleurs en Afrique de l’Ouest, la tuberculose est confrontée à des facteurs favorisants tels que le dépistage tardif, la promiscuité, et surtout le manque d’aération de certaines maisons, où il est parfois difficile de voir la lumière du jour.
À Guédiawaye, selon Hélène Dacko Dia, Responsable Programme national de lutte contre la tuberculose au niveau du district sanitaire de Wakhinane-Nimzatt, de janvier 2025, jusqu’à aujourd’hui, 320 cas de tuberculose de toute forme sont enregistrés. Parmi ces cas, 45 sont extra-pulmonaires et non contagieux, 28 malades qui ont rechuté et 12 enfants atteints. Bien que le taux de dépistage chez les enfants reste faible, il est temps de le booster aujourd’hui pour mieux gérer la prophylaxie.
Dans cette zone de forte densité, de tension sur la tuberculose où il est attendu 780 cas pour l’année, la maladie sévit et demeure un fléau. « Nous devons la combattre par tous les moyens », a déclaré pour sa part, Abdoulaye Diouf, Superviseur communautaire du Programme de lutte contre la tuberculose au niveau du district sanitaire de Guédiawaye lors de la visite de presse organisée hier par l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd) en partenariat avec la Fondation Bill et Melinda Gates sur la tuberculose dans les zones de Pikine et Guédiawaye.
Pour lui, des stratégies sont développées à travers la sensibilisation au niveau communautaire dans cette localité pour pouvoir rechercher de cas présumés de tuberculose.
Concernant la tuberculose de l’enfant, ce dernier de faire savoir qu’elle constitue un défi majeur, du fait qu’ils ont du mal à la dépister. « Il y a des efforts à faire dans ce sens pour sauver non seulement les enfants, mais les personnes vulnérables », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter : « le dépistage tardif des cas contacts de malades tuberculeux, reste également un goulotd’étranglement».
Toutefois, il a fait part que le dépistage n’est pas décentralisé. « Seule la prise en charge est décentralisée au niveau des postes », note-t-il. Abondant dans le même sens, Dr Guy Ngom, médecin de prise en charge au niveau du district sanitaire de Guédiawaye, est revenu sur les cas de tuberculose multirésistance qui sont intégralement pris en charge au niveau du district. « S’il y a des complications qu’on ne peut pas prendre en charge ici, on les réfère au niveau du service de pneumologie de Fann », explique-t-il. La durée de traitement de la maladie, selon lui, varie de 9 à 20 mois. «Pour la tuberculose simple, c’est 6 mois de traitement», a-t-il dit.
Plus de 200 malades sous traitement au centre de santé Dominique
Selon Ndeye Marie Diagne, infirmière au centre de santé Dominique, Point focal chargé de traitement de la tuberculose, 200 malades sont sous traitement dans cet établissement de santé, même si au premier trimestre 2025, 125 malades ont été enregistrés, contre 514 cas l’année dernière. Comme à Guédiawaye, dans la zone de Pikine la promiscuité est le principal obstacle, suiviedu manque d’aération. Les relais ont également des visites à domicile. « On souhaite avoir plus de cas pour pouvoir les mettre sous traitement. A termes, on n’arrivera à éradiquer la tuberculose », a-t-il déclaré.
Avant d’ajouter : « l’humidité est un facteur favorisant. C’est pourquoi, nous leur demandons d’aérer les maisons, car l’ensoleillement permet de tuer le bacille de Koch ». Dans cette localité, des caravanes de sensibilisation sont également organisées au niveau des garages, Baux maraîchers. Des visites à domicile sont aussi organisées pour sensibiliser les enfants contre cette maladie.
Le stress et la cigarette étant des facteurs favorisants, elle invite les usagers à faire preuve de résilience. Concernant les perdus de vu, deux numéros sont utilisés pour la recherche du patient. Des cas d’échec sont aussi enregistrés à Pikine où le nombre d’enfants atteints par la tuberculose est très minime. «Nous avons dénombré trois pour le moment», a-t-elle conclu.




