Le Ministère des Finances et du Budget a annoncé, dans un communiqué publié ce lundi 16 juin, le report de la publication des Rapports Trimestriels d’Exécution Budgétaire (RTEB) pour le 4e trimestre 2024 et le 1er trimestre 2025. Selon la note, cette décision, motivée par un souci de « sincérité et de fiabilisation des données budgétaires », fait suite à un rapport de la Cour des Comptes pointant des manquements dans la gestion budgétaire passée.
Par Ibrahima DIOP
D’après le communiqué, les services du ministère ont lancé un exercice de recensement précis des dépenses extrabudgétaires, notamment pour le 1er trimestre 2024, afin de les intégrer correctement dans le Tableau des Opérations financières de l’État (TOFE) et les RTEB. Ce travail, nécessitant un délai supplémentaire, vise à garantir une information fiable pour les citoyens, parlementaires et partenaires techniques et financiers.
Le ministère a, par ailleurs, dévoilé une réforme majeure en matière de gestion budgétaire : les dépenses extrabudgétaires des années antérieures ne seront plus reportées sur les budgets futurs, mais comptabilisées dans l’année de leur exécution. Cette mesure, alignée sur les normes internationales de transparence, reflète « l’engagement du gouvernement à rétablir une orthodoxie budgétaire et la sincérité des finances publiques ». Ce processus s’inscrit dans une stratégie d’assainissement progressif des finances publiques, de régularisation des engagements passés et de soutien au secteur privé pour relancer l’économie nationale. Le ministère assure que les RTEB seront publiés le lundi 23 juin 2025. Le communiqué réaffirme que « la transparence budgétaire est un choix politique fort du gouvernement ». Le ministère s’engage à maintenir une dynamique de rigueur et de clarté pour fournir des informations fiables à toutes les parties prenantes.
Selon Thierno Bocoum, cette décision soulève une question centrale à savoir : à quelle période appartiennent ces dépenses non budgétisées ? « Si elles concernent exclusivement la période antérieure à avril 2024, donc sous l’ancien régime, pourquoi la Loi de Finances Rectificative de décembre 2024, élaborée et votée par l’actuelle équipe gouvernementale, n’a-t-elle pas intégré cette réforme ? », se demande-t-il. M. Bocoum poursuit : « pourquoi attendre juin 2025 pour annoncer ce reclassement si les irrégularités dataient d’avant leur arrivée ? Cela n’a aucun sens si l’on prétend corriger un passif hérité ».
Selon lui, cette contradiction majeure renforce une autre hypothèse selon laquelle les dépenses extrabudgétaires visées ont été engagées après avril 2024, sous leur propre gestion. « Recrutements, exonérations, subventions ou engagements financiers pris sans inscription formelle dans la Loi de Finances Initiale 2024, autant d’éléments susceptibles d’exister sans couverture budgétaire, faute de LFR complémentaire. Dès lors, cette réforme n’est pas un acte de transparence mais un aveu déguisé. Elle traduit une volonté de régulariser a posteriori des pratiques budgétaires discutables en les fondant dans une généralité vague pour éviter d’avoir à désigner des responsabilités claires », analyse-t-il.