En prélude à la Journée mondiale de la population célébrée ce vendredi 11 juillet 2025 dans la région de Kédougou, un panel scientifique a été organisé hier pour discuter, échanger et partager des expériences sur le dividende démographique. Mais, cette région bien qu’étant riche en potentiel minier, peine non seulement à se développer, mais à des problèmes d’accès aux services essentiels.
Par Idrissa NIASSY
Avec un grand potentiel sur le plan minier, avec des ressources précieuses telles que l’or (376 tonnes estimées), le fer (800 millions de tonnes), le marbre (1 415 500 tonnes), l’uranium (2000) et d’autres roches ornementales (Ansd 2015), la région de Kédougou située dans la partie Sud-Est du Sénégal, fait face à des techniques spécifiques en matière de développement et d’accès aux services essentiels, malgré les concessions industrielles (Sabodala, Massawa, Petowol Mining Company, Fer de la Falémé), et autres exploitations traditionnelles de ressources minières recensées. Cette région peuplée de 252 000 âmes en 2024, fait face également à une pauvreté extrême et un taux de chômage assez élevé des jeunes par rapport à celui national.
À part les édifices étatiques qui y sont construits, rien ne nous montre qu’on est dans une capitale administrative régionale, malgré toutes ces nombreuses richesses. L’immigration cause aussi énormément de difficultés aux services de base de cette partie du Sénégal. Selon Saturnin Kinson Kodjo, coordonnateur du Projet Fass émergent, Représentant de l’Unfpa, seule l’autonomisation des jeunes peut sauver la face. « Si nous parvenons à autonomiser notre jeunesse, à lui offrir les moyens de s’épanouir pleinement, alors nous verrons notre économie se renforcer, l’innovation progresser et notre indice de développement durable développé », a-t-il déclaré. Cette jeunesse continue aujourd’hui, de faire face à de nombreux défis, qu’il s’agisse de l’accès à une éducation de qualité, à un emploi décent ou encore à des services de santé reproductifs adaptés à leurs besoins. Pour lui, les projections démographiques faites dans ce pays montrent qu’en investissant chez les jeunes, « le Sénégal peut espérer une croissance économique durable et une nette réduction de la pauvreté dans les années à venir».
Il s’exprimait hier lors du panel scientifique organisé en prélude à la Journée mondiale de la population qui sera célébrée ce vendredi 11 juillet 2025, sous le thème «Autonomiser les jeunes en vue d’avoir des ménages favorables à la capture du dividende démographique, pour un Sénégal équitable et prospère ». Ce panel scientifique vise à approfondir les analyses des acteurs, au partage d’expérience et à proposer des approches innovantes en phase avec les réalités et les besoins du Sénégal. C’est pourquoi, il invite à relever ces défis à travers ces trois résultats transformateurs : zéro décès maternel, zéro besoin non satisfait en matière de planification familiale, mais également zéro violence basée sur le genre. « Ces résultats sont essentiels pour que chaque jeune, chaque fille et chaque garçon puissent grandir, développer, contribuer pleinement à sa famille et à sa communauté, et ainsi transformer nos ménages en véritables modèles de développement », a-t-il conclu.
Le mariage précoce, une réalité à Kédougou
Dans cette partie du Sénégal, le mariage précoce reste une réalité, avec 1 202 cas de grossesses chez des filles âgées de 12 à 19 ans, recensés en 2024, contre 166 cas (13,8%) à Fatick, 157 cas (13 %) à Ziguinchor. Selon Mme Ndiaye qui faisait une présentation sur la fécondité, ces grossesses précoces sont souvent associées à une pression à procréer dès le plus jeune âge, renforcée par l’entourage et les conventions familiales. Ce qui fait que le taux de fécondité reste élevé dans cette région entraînant des grossesses rapprochées, précoces ou multiples, augmentant les risques pour la santé des mères et des enfants. Pour elle, les enfants issus de grossesses rapprochées sont plus vulnérables à la malnutrition et à la mortalité néonatale. « La santé reproductive en pâtit lourdement », a-t-elle fait valoir.
«Cette fécondité élevée a des conséquences énormes sur la santé infantile, mais aussi au niveau éducationnel », ajoute Mme Ndiaye. Concernant le taux de prévalence contraceptive, cette dernière de faire savoir qu’elle est crescendo. « Le taux de prévalence contraceptive atteint aujourd’hui environ 25,6 %, avec un usage marqué des méthodes modernes », renseigne-t-elle. À Dakar, il est à 36,4 %, contre 8 % à Tambacounda (Eds 2023).
Malgré ce progrès, elle a indiqué que le besoin non satisfait en planification familiale reste élevé aux alentours de 19,1 %. Cela entraîne un écart persistant entre fécondité désirée (4,6) et réelle (4,2) (Rgph-5 2023), principalement dû à un manque d’offre de contraception, surtout dans les zones rurales et chez les femmes défavorisées.
La responsabilité collective face aux défis
Prenant la parole à cet atelier scientifique, le Gouverneur de la région de Kédougou, Mariama Traoré, est revenue sur l’importance du thème de la Journée mondiale de la population qui permet de trouver des solutions aux nombreux problèmes soulevés dans cette partie du pays. « Il interpelle notre responsabilité collective face aux défis, mais aussi aux opportunités pour notre population jeune, dynamique et pleine de potentiel », a-t-elle déclaré.
Pour elle, cette région qui accueille pour la première fois cette Journée, se distingue par sa jeunesse, sa diversité culturelle et ses ressources naturelles. « Elle est ainsi un symbole vivant du lien entre autonomisation, équité territoriale et prospérité partagée », a-t-elle fait valoir. Elle est revenue également sur la gouvernance démographique qui est l’un des leviers indispensables pour transformer notre vie en un véritable moteur de développement durable.
Abondant dans le même sens, le Représentant du maire de la commune de Kédougou, Koliba Samoura, a fait savoir que les jeunes de cette région sont victimes des conditions sociales qui font face aux catastrophes environnementales liées aux activités économiques mais aussi liées aux questions de changement climatique. « Les jeunes faisant partie des populations les plus pauvres, n’ont pas les moyens pour s’adapter et pour atténuer les effets de changement climatique », a-t-il déclaré.
