Par Salif SOW
Le Projet « Victor » dit de la transformation systémique s’avère être un coup d’épée dans l’eau. Depuis 2014, Ousmane Sonko alors opposant et actuellement Premier ministre appelait les jeunes à descendre dans la rue à chaque fois qu’il était convoqué par la justice pour défendre le « Projet ». Arrivé au pouvoir, surprise : le fameux Projet n’existe pas. C’est une Arlésienne.
Sonko assailli par la demande sociale et par une conjoncture très difficile a dû faire appel à Victor Ndiaye, PDG du Cabinet Performances, pour lui écrire un programme de gouvernement. L’homme qui avait déjà co-écrit le programme de campagne d’Amadou Ba, a dû juste changer les logos pour adapter son document à la sauce souverainiste. A grand renfort de communication et de propagande, le Projet se révèle être une pâle copie du PSE, avec seulement des ajouts de références pastefiennes «souverainisme», « transformation systémique » et «endogénéisation» de l’économie. Pour le reste, le document reprend les piliers du PSE : Transformation de l’économie, Capital humain et Bonne gouvernance. Victor a juste rajouté un pilier « Aménagement du territoire ».
Le Projet de Victor Ndiaye est aussi un cinglant camouflet pour Ousmane Sonko. Car durantsa conférence de presse du mois dernier, il avait annoncé que l’État maquillait les chiffres et que ces derniers étaient plus graves que ce qui était avancé. Selon lui, la dette dépassait le volume de 13 000 milliards et le déficit s’élevait à 10,5%.
Victor dément Sonko
Le cadrage économique de Victor dément les affirmations de Sonko, qui ont, il faut le rappeler, dégradé la note du Sénégal avec une chute à B1, selon le très sérieux Moody’s. En effet, dans les documents dont Pastef fait l’éloge, le déficit est exposé à 4,9% du PIB au lieu des 10,5% de Sonko. Ceci se comprend car ils annoncent comme objectif un retour à 3% du déficit en l’espace d’une année. « Passer de 10,5% à 3% de déficit en un an est impossible. Cela ne s’est vu nulle part » nous dit un économiste interrogé à ce sujet.
L’autre démenti apporté par Victor Ndiaye et les fonctionnaires du Ministère des Finances concerne, en effet, dans le « Projet Victor » comme dans la Stratégie nationale de Développement 2024-2029 publiée par le gouvernement il y a trois semaines, la dette est évaluée à 13 773 mds de F CFA, correspondant à un ratio d’endettement public de 73,4% du PIB en 2023.
Victor donne raison à Macky Sall
Mieux, selon le bulletin de la Dette du Trésor Public, dont les chiffres ne souffrent d’aucune contestation, la dette sénégalaise a été aggravée par le régime actuel, qui l’a haussé à un niveau de 15 000 mds de F CFA au 2eme trimestre 2024. Les eurobonds et les émissions sur le marché sont passés par là… Malgré les annonces de rupture et toute la propagande autour du « Projet », deux évidences s’imposent et ont déçu tous ceux qui attendaient du neuf. La première concerne la paternité du « Projet ». Finalement Victor Ndiaye en est le géniteur. L’autre est que le document est le PSE réchauffé et moins ambitieux.