Par Salif Sow
Yassine Fall a reçu ce 28 février le secrétaire aux Affaires étrangères du Qatar, Son Excellence Mohammed Abdulaziz Al Khulaifi. Sauf qu’elle a encore laissé apparaître une confusion et une méconnaissance impardonnables à ce niveau de responsabilité. En effet, Mme Fall affirme avoir reçu le Ministre d’État chargé de la Médiation et de la Résolution des Conflits au Ministère des Affaires Étrangères de l’État du Qatar.
Or, M. Abdulaziz Al Khulaifi n’est pas le titulaire du portefeuille de la diplomatie qatarie, cet honneur revient au Premier ministre, qui est en même temps chef de la diplomatie de l’Émirat, Son altesse Sheikh Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani. A côté de ce dernier, figure un éminent membre du cabinet royal, Son Altesse Soltan bin Saad Al-Muraikhi, ministre d’État aux Affaires étrangères et membre de la Choura, le conseil consultatif du Qatar.
Mme Yassine Fall a, en réalité, rencontré le secrétaire d’État auprès de ces deux personnalités précitées, une sorte de vice-ministre peu élevé dans la hiérarchie protocolaire. Elle lui a néanmoins, et de manière curieuse, conféré un titre qu’il n’a pas. Un diplomate consulté par nos soins affirme d’ailleurs que l’envoyé spécial a dû être confus et mal à l’aise, car il n’est pas dans les usages de recevoir un titre trop honorifique et surélevé par rapport à son réel portefeuille. Les usages qataris et la hiérarchie sur place sont très stricts sur ces sujets protocolaires.
Yassine Fall a ensuite commis une énième bourde diplomatique après l’épisode du pain russe.
En effet, après les salamalecs d’usage et l’entretien bilatéral, la ministre a voulu taper la pose avec le secrétaire d’État qatari dans le hall du ministère, sis Place de l’Indépendance pour, comme d’habitude, inonder les réseaux sociaux. Sauf que derrière les autorités, étaient installés le drapeau du Sénégal et celui du…Bahreïn. La photo a fait le tour des réseaux sociaux et a choqué jusqu’à Doha, sachant en plus la rivalité entre les deux monarchies pétrolières. Il s’y ajoute comme l’ajoute le diplomate contacté « le caractère tatillon des qataris sur l’honneur et le respect qui est dû à leur souveraineté ». Ce petit émirat pétro-gazier occupe une place de choix dans la sphère internationale et tient particulièrement au respect et au sens des mots souveraineté et prestige diplomatique.
À quel moment pareille mésaventure peut se produire dans les locaux phares de la diplomatie sénégalaise jadis tant respectée et estimée ?
Le Sénégal a toujours mis en exergue un sens rare des relations entre États et une rigueur protocolaire totale.
Après le pain russe, les propos alambiqués à la Francophonie, Yassine Fall, rajoute une nouvelle cartouche à son arme de calibre égal à ses anciennes prouesses. Les diplomates de carrière laissés en rade par le régime Pastef, doivent bien sourire devant les mésaventures systémiques de la ministre.
Cette énième bourde de Gros Calibre ridiculise encore notre le Sénégal à l’étranger. En plus de disparaître des radars au plan international, la diplomatie sénégalaise mélange des drapeaux et vexe la souveraineté du peuple qatari.
Que de misères !